Section 53. Attachés aux liens : figures contemporaines de la tribu

Deux figures sont ’attachées’ à des lieux situés en dehors de la zone. Elles relèvent l’une et l’autre d’une forme tribale. Mafessoli269 a évoqué la résurgence de ’tribus’ et le déclin de l’individualisme dans les sociétés de masse, annonçant également le passage à des liens sociaux fondés sur des ’communautés affectuelles’, et non plus sur des groupements contractuels. Force est de constater qu’aucune des tribus, mise à jour ici, ne s’inscrit dans la temporalité linéaire de la modernité. L’ère des tribus est celle de l’incertitude, celle du repli frileux sur soi. Nous n’irons pas jusqu’à dire que tout est tribu, et que les anciens cadres sociaux collectifs sont en voie de dépassement. Le tribalisme concerne des groupes fragilisés par leur situation socioprofessionnelle ou évoluant dans un environnement menaçant leur unité. La constitution d’une tribu permet d’ériger des frontières contre l’imprévu, l’étranger, le changement. Au sein d’une tribu, on se préserve également de la solitude et de l’envahissement, auxquels sont soumis les ’fragiles en errance’. Nous les distinguons des ’nomades’ dont les déplacements sont davantage maîtrisés (D. Rétaillé, 1998). Enfin, tous n’ont pas les mêmes ressources dans cette édification tribale, et tous ne sont pas exposés aux même dangers. Certaines tribus ’installées dans la vie’ ont des frontières relativement efficaces, face à l’imprévu ou l’étranger, d’autres, au devenir incertain, sont exposées au risque de l’éclatement.

Rapport au temps
Rapport à l’espace Immersion circulaire linéaire digital Attachement Forme d’appar-
tenance
Pas d’ailleurs souhaitable Tribu installée dans la vie (7) Tribu incertaine
(2)
Aux liens
communautaire collectif Commun
Qualités des liens
Notes
269.

MAFFESOLI M., 1988 –Le temps des tribus – Le déclin de l’individualisme dans les sociétés de masse. Coll. Sociologies au quotidien, Ed. Méridiens Klincksieck, 226p.