612. Migrants enracinés : les artisans de la mise en réseau du territoire

Provenant de vagues de migration très différentes, d’horizons géographiques et de milieux divers, ces cinq migrants ont fait de ce lieu d’ancrage un point de rayonnement vers l’extérieur. Et c’est à partir de ce rayonnement qu’ils ont fait du Diois, le lieu de leur engagement. Ils participent en effet, en cultivant cette ouverture, au dynamisme du pays diois. Ils ne sont pas arrivés avec l’intention de s’y fixer, mais au fil des années, ils ont fini par s’enraciner, tout en maintenant, comme les notables locaux, des branches ouvertes sur l’extérieur. Ce faisant, ils participent, à partir de leur propre itinéraire migratoire et du maintien du contact avec l’extérieur, à la mise en réseau du territoire.

Provenant de milieux modestes ou de couches moyennes, ils ont tous fait des études et eu une expérience professionnelle avant d’arriver sur la zone. Leur bagage universitaire et leur expérience de la vie active ont facilité leur adaptation au milieu local. Si la plupart d’entre eux sont arrivés avec des projets qu’ils jugent à présent utopiques, ils ont su tenir compte des normes locales qui prévalaient, en amendant ou en abandonnant leur projet initial sans toutefois tirer un trait sur certains idéaux. Ce qui en fait des réformateurs et des médiateurs entre le milieu local et l’extérieur (nouveaux arrivants, résidents secondaires, touristes...). La réussite de leur intégration locale tient aussi à leur culture des réseaux. Qu’ils soient locaux ou extérieurs, les réseaux qu’ils ont construits et maintenus leur permettent d’établir une continuité à travers leur itinéraire migratoire. Ils ont fait le lien entre leur expérience passée et leur vie actuelle, en se servant des relations et compétences acquises auparavant et ailleurs. Cette expérience réinvestie localement a permis leur épanouissement social et professionnel, et elle a servi les intérêts de la localité (ici le Diois). Réussite sociale et reconnaissance locale ont donc là aussi coïncidé. L’enracinement ici n’est pas le signe d’une rupture avec leur vie antérieure ou d’un repli sur la zone, mais celui de l’aboutissement et de la réussite de leur recherche d’ancrage.

Leurs itinéraires migratoires montrent la diversité des populations qui coexistent localement et la dimension ’focale’ de ce lieu qui reflète, à travers ses différentes strates de migrations, des morceaux d’Histoire. Leur parcours d’intégration locale montre aussi que l’engagement sur un lieu de vie peut engendrer des ’effets de milieux’ (J. Rémy, 1998) entre personnes provenant d’horizons très divers.

D’un bout à l’autre : les réseaux de migration vers le Diois

Monsieur Grilet, aujourd’hui en retraite, est arrivé dans les années 1950, dans la mouvance de l’éducation populaire et des communautés éducatives qui ont fleuri en milieu rural au sortir de la guerre.

Fils du directeur d’une usine de textile en Haute Loire (50 emplois), il fait des études de philosophie à Lyon, avant d’en reprendre la direction dès 20 ans lors du décès de son père. Il y restera 10 ans. Il rencontre quelques années plus tard sa femme, professeur d’enseignement ménager agricole, investie dans un projet de communauté pédagogique dans la Drôme (sur la zone d’étude). Il s’intéresse alors à ce projet et peu après son mariage en 1954, avec son épouse, ils vont ’chercher leurs quatre premiers gamins à Belleville’(Paris). Il décide d’ouvrir un foyer d’accueil pour enfants des quartiers défavorisés de Paris, tout en continuant son activité de directeur d’usine. Ce foyer dépendait de l’association de Vercheny (commune du Diois) qui était alors en train d’y construire une ’collectivité pédagogique’. Il fait le pas définitif, et en 1959, vient s’installer avec sa famille à Vercheny, dans une maison à peine achevée. Le projet prendra forme avec une école d’éducateurs et un centre d’accueil pour enfants en difficulté. Il en sera le responsable pendant 35 ans et restera maire de la commune pendant 20 ans. Il fait donc souche à Vercheny où il devient également président d’une association de viticulteurs, avant que son gendre (originaire du Diois) ne lui succède. A la retraite, il décide de s’installer à Die (à 20 km) pour se désengager de toutes ses responsabilités. Mais, ’‘Je me suis pas méfié quand je suis arrivé, parce que évidemment j’étais à la retraite, et les gens en ont profité et j’ai pas su dire non à chaque fois, donc je me suis un peu engagé dans pas mal de choses’’. Outre ses responsabilités dans diverses associations culturelles et sociales, il est devenu médiateur pénal. Il intervient principalement sur des conflits de générations et sur des conflits de voisinage entre résidents permanents et résidents secondaires.

C’est dans cette même collectivité pédagogique que Monsieur Sandhall, professeur de sport puis psychomotricien en Hollande, arrive en 1974, avec un projet d’accueil des jeunes des cités. Son expérience en milieu urbain l’ayant amené à côtoyer les problèmes de drogue et de délinquance, la campagne lui semble ouvrir des solutions. C’est sur la zone qu’il rencontre Monsieur Arthéna. Lui-même ancien bibliothécaire après des études de philologie en Hollande, il est arrivé en 1972 avec un projet de ferme communautaire à plusieurs familles, dans la grande vague du ’retour à la terre’. Les premiers couples s’étant séparés, Monsieur Arthéna lui propose en 1979 de s’installer avec lui, et commence alors un élevage de chèvres. A partir d’une réflexion sur le potentiel existant dans la culture des plantes aromatiques, traditionnelle mais délaissée, ils lancent un GAEC tourné vers cette activité. Ils mobilisent alors l’ensemble de leurs compétences et réseaux pour développer cette filière. ’‘Quand tu es fonctionnaire à la bibliothèque, tu dois savoir comment acheter les livres. Là j’ai pris des livres et je me suis documenté pour savoir où les vendre (les plantes). ça on l’a fait en France mais aussi en Hollande où on avait plus de connaissances.’’ (Monsieur Arthéna). Chacun s’occupe de sa partie, l’un au niveau de la commercialisation, l’autre de l’élargissement de la gamme. Ils se séparent dans les années 1980 pour développer, chacun de leur côté, leur propre structure de production avec une spécialisation non concurrente l’une de l’autre. L’un monte une coopérative, avec ’‘des paysans du cru, quelques néo-ruraux et des jeunes installés’’ au début, et regroupant aujourd’hui 40 coopérateurs. Il se spécialise dans la transformation des plantes en huiles essentielles, avec vente en gros uniquement auprès de réseaux de distribution internationaux. L’autre crée une SARL (avec trois employés permanents, et des saisonniers) de production de plantes médicinales avec une commercialisation dans tout l’hémisphère nord.

Chacun développe par ailleurs des activités associatives qui prennent de l’ampleur. L’un, poursuivant son engagement agricole, sera à l’origine d’un réseau d’accueil et d’entraide à l’installation pour les personnes extérieures au milieu, et de rencontres européennes sur les questions agricoles et rurales. L’autre, à partir de son expérience dans le milieu sportif et social, organise une compétition sportive, qui s’élargit au fil des ans pour devenir un festival, associant un salon du livre, des manifestations culturelles et artistiques, le tout étant fondé sur des échanges entre familles locales d’accueil -dont celle de Monsieur Grilet- et les participants venus des pays de l’Est. Et les deux mondes se retrouveront de nouveau puisque les rencontres européennes s’inscrivent dans le cadre de ce festival...

L’itinéraire qui a mené Monsieur Stéphane jusqu’au Diois est symptomatique des vagues plus récentes (années 1990) qui ont drainé vers les campagnes des ’porteurs de projets’ et des ’exclus de la ville’ (parfois les mêmes). Il quitte l’école en échec à 17 ans et, le plein emploi aidant, il devient rapidement employé de banque à Marseille. Après trois ans, il quitte son emploi pour devenir agent commercial aux Antilles grâce aux réseaux de son frère, installé là bas. Au bout de 5 ans il rentre à Marseille où il reste durant 20 ans sur le même emploi commercial. Après un premier échec d’installation à son compte sur la région marseillaise, il récidive ailleurs. Fatigué de la ville et attiré par la campagne, il décide de s’installer dans la Drôme pour y créer une activité de vente publicitaire. Il a connu le département par l’intermédiaire d’un ami installé dans le Diois. Bien que celui-ci l’attire plus particulièrement, il opte pour Crest, plus proche de Valence et de l’axe rhodanien. Il subit alors un second échec et se réfugie chez son ami dans le Diois (début 1990). Sans ressources, il finit au bout de plusieurs mois par ’accepter l’assistance’ et demande le RMI. Il est suivi par une antenne dioise d’une structure départementale d’insertion. Après un bilan de compétences sur Valence, il suit une formation à Lyon pour devenir ’formateur éducateur’. Il trouve un premier emploi de contractuel dans la structure où il avait été suivi lui-même en tant que bénéficiaire du RMI. Il passe alors de l’autre côté de la barrière et y est embauché définitivement comme accompagnateur auprès de bénéficiaires du RMI, (1994). Depuis, il participe à diverses commissions locales orientées vers l’insertion, où il côtoie Monsieur Grilet.

L’ancrage local de Madame Casati s’est fait au terme de deux expériences migratoires, où rien, d’après elle, ne la prédestinait à s’installer définitivement ici. Chacune de ces expériences nous parle d’Histoire, l’une avec son rapatriement en France depuis l’Algérie où elle était née 20 ans plus tôt, et l’autre avec sa mutation, comme tant d’autres fonctionnaires en début de carrière, dans une zone rurale qu’elle espérait quitter au plus tôt. Son arrivée en France avec ses parents s’est faite à travers les réseaux de son père. Sans famille en métropole, décide de s’installer dans le Jura où, étant agriculteur en Algérie, il avait tissé des réseaux de commercialisation. Ils y sont accueillis et hébergés par des négociants de bestiaux. Elle-même enseignante (un an à Alger) elle obtient un poste d’institutrice dans un petit village près de Besançon. Elle y rencontre son futur époux, qui, ayant réussi le concours d’inspecteur du trésor public, est en attente de prise de fonction. En 1972 c’est l’année faste, ils se marient et obtiennent tous deux leur mutation pour la Drôme, dans un petit bourg du Diois. ’‘Il avait le choix entre Châtillon [Diois], Cederon ou Buis-les-Baronnies. On a choisi à la carte, ne connaissant pas du tout la région’ .’ Arrivés dans l’idée de n’y rester que quelques années en début de carrière, au bout de 27 ans ils sont toujours là : ’‘nous nous y sommes fixés, attachés, enracinés ; nos enfants sont nés, ont grandi, ont été amoureux de la région’’. Emblématique des effets émergents d’appartenance, leur ancrage local s’est construit à partir d’une situation de double extériorité au milieu. Non originaires de la zone et, se considérant au départ comme des fonctionnaires de passage, ils se sentent aujourd’hui partie prenante de l’avenir du Diois, et s’impliquent aux premières loges dans la défense locale pour le maintien des services publics. Devenue conseillère municipale, elle prend part également à l’animation culturelle de sa commune et devient présidente d’un festival orienté vers le patrimoine local et les arts. Son fils aîné (25 ans) après un BTS dans le tourisme, y est embauché en emploi jeune. Pour autant, enracinement ne veut pas dire ici fermeture. Ils gardent chacun leurs réseaux d’amis qu’ils reçoivent et visitent (elle, ses réseaux jurassiens et lui, ses amis de fac à Dijon). Ils gardent également, chacun selon leur histoire familiale, un goût prononcé pour les voyages et l’étranger qu’ils ont transmis à l’un de leur fils (22 ans, moniteur moyenne montagne dans diverses régions françaises et à l’étranger ).

Ils partagent avec les notables locaux la même recherche d’équilibre entre l’ancrage et la mobilité. L’espace vécu est ’le Diois’ (l’arbre) mais il se prolonge par de vastes réseaux (les branches).

Leur besoin d’ouverture s’explique en partie par la volonté de ne pas perdre ce qu’ils ont connu en ville avant de s’installer ici. Leur expérience d’un ailleurs les rend plus distanciés vis-à-vis de ce qu’ils considèrent comme un ’territoire-piège’. Ayant été séduits eux-mêmes par la beauté du lieu, ayant pu mesurer la facilité de s’y laisser vivre, ils restent très vigilants à l’égard des risques d’un attachement local.

Madame Casati

Monsieur Grilet

Et la nécessité ’d’en sortir’ recouvre aussi l’enjeu d’une possibilité de promotion sociale à partir d’un ancrage local, aussi bien pour soi, que pour ceux que l’on voit s’installer ou s’enraciner ici.

Monsieur Stéphane

Ce territoire-piège devient alors support d’engagement. L’enjeu n’est pas d’attirer ou de maintenir ici à tout prix, mais plutôt d’aider à l’insertion des personnes en difficulté, ici ou ailleurs, en les incitant, comme eux-mêmes l’ont fait, à la mobilité avant de s’ancrer quelque part.

Monsieur Grilet

D’origine extérieure, s’étant enracinés localement tout en restant ouverts sur l’extérieur, ils sont les ’passeurs du territoire’. Passeurs ne veut pas dire contrebandiers des frontières. Nous l’avons dit plus haut, leur rapport particulier à l’ancrage et à la mobilité en fait aussi des passeurs sélectifs, pour lesquels l’enjeu n’est pas de franchir les frontières, mais de trouver son ’pays d’adoption’. Les normes locales permettant d’éviter que la proximité ne devienne incestueuse sont ici réappropriées en fonction de l’expérience migratoire de chacun.

Ainsi, certains articulent dans leurs pratiques professionnelles ou militantes, l’aide à l’installation de populations extérieures tout en les incitant à réfléchir leur choix d’ancrage, et de même incitent-ils ceux qu’ils estiment ’trop attachés’ au lieu à partir ailleurs.

Témoin, Monsieur Arthéna, qui a fait l’expérience du retour à la terre communautaire, a développé un projet de ’ferme relais’, servant de médiateur entre les candidats à l’installation et les agriculteurs locaux en cessation d’activité.

D’autres tentent à travers leurs engagements professionnels et associatifs, d’assouplir les frontières entre ’gens d’ici et gens d’ailleurs’ et de tisser des ponts entre ceux qui se considéraient comme ennemis ou n’appartenant pas au même monde.

Témoin, Madame Casatis, qui a elle-même été une ’fonctionnaire de passage’, considérée par certains locaux (voir Monsieur Molpa, figure attachée) comme des ’non locaux’, s’est investie dans deux directions, amenant à assouplir certaines frontières. Elle participe en tant qu’enseignante à l’accueil d’enfants des banlieues dans des classes vertes. En outre, elle a pris la direction d’un festival, associant des groupes jusque là opposés : les vignerons de la commune, et les résidents secondaires habitant la partie ancienne du village. Durant le festival, ces derniers ’ouvrent leurs caves’ pour accueillir des artistes (venant de la France entière) qui y exposent leurs oeuvres, tandis que les vignerons ouvrent leur cave pour y faire déguster leur produit aux touristes ainsi attirés.

Leur rapport à l’ancrage et à la mobilité peut sembler, à certains égards, ambivalent. A première vue, on est tenté de voir un décalage entre leur enracinement sur la zone et leur incitation auprès des autres à migrer ailleurs. Ce décalage n’est qu’apparent. Il reflète la distance qu’ils établissent entre leur propre temporalité biographique, d’êtres enracinés au terme d’une recherche d’ancrage, et celle des autres, encore instables et qu’ils ont à guider vers d’autres lieux d’ancrage.

En posant un jour leur valise ici, ils ont franchi un seuil, ils ont trouvé leur ’lieu’. Mais ceci ne les empêche ni de faire le lien avec leur passé (se servir de leur expérience pour ici et maintenant), ni de se projeter au dehors de ce lieu en tissant des liens avec l’extérieur. Ils s’inscrivent donc dans une temporalité ’en escalier’, chaque seuil franchi permettant de s’enraciner davantage. Ce lieu d’enracinement est pour eux un pôle d’engagement vers le local, mais aussi depuis le local vers l’extérieur. C’est un lieu dont on se sent partie prenante, mais cet engagement ne prend sens à leurs yeux qu’en l’ouvrant sur l’extérieur, c’est-à-dire en ouvrant les frontières à ceux d’ailleurs, et en incitant ceux d’ici à aller ’voir ailleurs’.

Artisan d’un modèle d’intégration : la migration pour s’enraciner, la mobilité pour rester ouvert

Monsieur Stéphane

Monsieur Arthéna

Et, dans cet engagement entre l’aide à l’ancrage et à la migration, une frontière fait sens à leurs yeux : celle qui divise le monde urbain et rural qui, selon eux, s’ignorent ou se comprennent mal. Ayant par leur expérience et leurs réseaux un pied sur chaque rivage, ils tentent de combler le fossé qui les sépare. La frontière ainsi ressentie les met en devoir de médiation. Le monde urbain a besoin de la campagne pour se ressourcer, comme les habitants des campagnes ont besoin de garder le contact avec les lumières de la ville (culturel, artistique). Mais, que l’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas de proposer aux urbains de venir ’consommer de la nature vierge’, ni aux ruraux de s’abreuver aux sources du seul savoir légitime de la ville. Les frontières du territoire ont un sens, dans la mesure où elles délimitent une collectivité, ayant son histoire et ses traditions, et où elles permettent de développer des échanges complémentaires avec d’autres collectivités ayant, elles aussi, leur spécificité.

L’expérience de la migration et de l’enracinement à l’origine d’un modèle de relation ville–campagne

Monsieur Arthéna

Monsieur Sandhall

On retrouve, dans les discours et les pratiques d’engagement de ces figures locales, les trois pôles de justification mis en lumière par M. Mormont (1996, pp. 58-59) : le pôle d’investissement du patrimoine, c’est-à-dire ce qui en appelle au passé, et ce qu’il faut en préserver ; le pôle d’investissement dans la vie sociale et collective locale tournée vers le présent, et enfin le pôle de la promotion sociale, tourné vers l’avenir, où l’on permet aux individus d’aller acquérir d’autres valeurs, d’autres ressources à l’extérieur, y compris par la migration. Ces trois pôles, issus de leur expérience biographique et migratoire, les inscrit dans un temps linéaire, et en font des artisans d’une localité emblématique de l’époque contemporaine. Ils sont les médiateurs d’une part, entre ceux qui sont attachés ici et ne peuvent (ou ne veulent) en partir, et ceux qui cherchent à retenir ou à attirer de la population locale à tout prix (notables locaux) ; ils sont les médiateurs d’autre part, entre ceux qui tentent à tout prix de s’y installer ou de s’y réfugier (en errance) et ceux qui cherchent à se préserver des flux extérieurs (migrants attachés).