Section 62. L’engagement dans des liens qui font lieux

Autre forme d’engagement inversé par rapport au premier cas de figure, ce sont ici les ’liens qui font lieux’. Qu’entend-on par cette expression singulière ? L’appartenance se construit à partir d’une configuration de liens en quelque sorte ’déterritorialisée’. L’important n’est pas la localisation géographique précise des liens et des activités, mais l’organisation des réseaux et des rituels temporels qui les rendent possible. Ce sont ces liens qui font lieux, c’est-à-dire qui permettent aux personnes d’établir des ponts entre elles et d’avoir le sentiment d’appartenir à la même configuration, par delà la distance qui les sépare dans le quotidien. Il n’y a pas ici, contrairement aux cas des nomades ruraux, de point d’origine à partir duquel se développerait un rhizome de lieux d’ancrage, mais une structure horizontale à géométrie variable où tous les points sont situés au même niveau. Ainsi cette structure souple permet de maintenir les liens, et pour certains, une culture identitaire, malgré la distance, tout en s’adaptant à leur environnement quotidien.