Section 72. Les figures de l’extériorité : individualisme, recherche d’épanouissement personnel et désenchantement

Si l’attachement se traduit par l’absence d’ailleurs, l’extériorité exprime au contraire l’absence ’d’ici’. Les lieux et les liens sont, dans une certaine mesure, substituables. Mais ils ne sont pas équivalents, contrairement à certaines figures de l’engagement (militants du local au global). Les lieux et les liens sont choisis en fonction d’une rationalité instrumentale. Ce sont, en l’état actuel des choses, les ’meilleurs’ qui soient. Ils sont maintenus selon une logique poppérienne, c’est-à-dire qu’ils ’tiennent’ comme des hypothèses falsifiables.

Ces quelques traits, à partir desquels nous brossons un premier tableau d’ensemble de ces figures, très hétérogènes, sont en partie ’forcés’. Nous n’avons pas rencontré d’Homo economicus animés par une rationalité ’froide’, évoluant tels des atomes dans un espace géométrique.

Les personnes que nous avons rencontrées évoluent, à première vue, dans des mondes sociaux distincts : elles ont des âges, des professions, des niveaux de vie, des origines et des milieux de vie quotidienne, très disparates. Sur le site d’étude où nous les avons interviewées, elles sont, pour certaines résidentes permanentes, en activité ou à la retraite, pour d’autres, touristes de passage, ou bien encore squatters ou chefs d’entreprise.

Mais, au-delà de ces différences, elles sont toutes marquées par une certaine extériorité aux milieux qui les entourent. Leurs liens sont plus ou moins labiles, leurs lieux sont substituables.

Plus précisément, deux ’catégories’ peuvent être distinguées : ceux qui associent à un fort ancrage aux lieux, une certaine labilité des liens (premier point) ; ceux dont les liens sont labiles et les lieux substituables (second point).

Une précision s’impose ici : labilité et substituabilité ne correspondent pas forcément à des pratiques effectives mais potentielles.

Avant de les présenter, rappelons-en les figures.