Section 81. D’un espace de convergence géographique entre groupes aux appartenances divergentes ...

Introduction

Pour comprendre l’institutionnalisation territoriale de cet espace, il faut déjà répondre à la question suivante : comment un espace du ’rural isolé’, classé par la Région comme ’zone fragile à risque de dévitalisation’, peut-il être réinvesti par de multiples groupes après avoir perdu 60 % de sa population en un siècle ? Cette question nous amène à traiter deux autres points annoncés plus haut.

La ruralité, en tant que catégorie de la pratique, fait aujourd’hui l’objet d’usages divers et souvent conflictuels. Se pose alors la question des modes d’institutionnalisation territoriale des espaces que se ’disputent’ des usagers multiples et, pour une bonne partie d’entre eux, ’en transit’ ou ’de passage’. Nous verrons que ces divergences, loin d’être contraires à ce processus, en sont en partie à l’origine.

La géographie, en tant que support matériel d’appropriation et d’identification, est une donnée essentielle avec laquelle doivent compter les acteurs investis dans la reconnaissance de leur ’pays’. On pourrait penser alors que l’enclavement de la zone est plutôt un frein à son développement, à son attractivité et, au final, à l’émergence d’une dynamique territoriale. Or l’enclavement, ici, a été à l’origine d’une revalorisation (symbolique, économique, foncière) de l’espace étudié.

Emblématique des dynamiques rurales et territoriales contemporaines, celle du Diois prend sa source dans les flux de migration et de mobilité qui la traversent. Loin de rassembler une ’communauté’ qui se reconnaîtrait d’emblée appartenir au même territoire, le Diois est avant tout un lieu de convergence entre groupes vivant dans des espaces-temps multiples et conflictuels.