812. Divergences des échelles de référence spatiales et temporelles

L’analyse des entretiens révèle la diversité des échelles spatiale et temporelle de référence des usagers du Diois - diversité qui traduit aussi des formes d’appartenance différentes. Il n’y a pas ici de société locale préexistante mais des groupes vivant dans des espaces-temps différents. Pour autant, comme nous allons le voir, cette coexistence n’est pas étrangère ou contraire à la dynamique locale qui se met en place, pas plus qu’elle n’est synonyme d’indifférence entre ces usagers. Emblématique des processus territoriaux actuels, la spatialisation du social relève ici d’un ordre du ’commun’ plutôt que du collectif ou du communautaire. L’usage en commun d’un même espace peut, en effet, comme nous le verrons ensuite, donner lieu à la constitution d’un ’collectif’ se revendiquant d’un même territoire, et s’identifiant aux mêmes enjeux. Ce territoire et ces enjeux ne sont pas pour autant objet de consensus. Mais comme nous l’avons précédemment évoqué (I. Mauz, 1997), les conflits permettent la mise en relation entre acteurs, les amenant à construire ou consolider leur discours et à légitimer leur propre rôle et place sur cet espace.