Conclusion

Les différentes vagues de migration (d’exode, de retour, d’arrivée) et les mobilités qui traversent la zone ont marqué les lieux et engendré certains effets de milieu. C’est bien dans cette succession de départs et d’arrivées que se construit progressivement une ’communauté de destin’ pour ceux qui se sont ancrés ici.

La construction sociale de la confiance et l’institutionnalisation du territoire s’appuient sur le partage d’un même espace. La première repose sur des représentations territoriales communes. Celles-ci prennent corps dans l’expérience de la migration et de l’ancrage sur une ’enclave rurale’ associant une tradition à la fois de réclusion et d’ouverture. Autant d’éléments qui scellent l’alliance entre ces acteurs dans le cadre d’une confiance que l’on qualifiera de ’localisante’.

Ce qui nous semble également important dans ce processus d’institutionnalisation territoriale, c’est le rôle particulier qu’y ont joué aussi ceux qui n’y ont pas pris part directement, et ceux qui n’en étaient pas directement destinataires. Qu’il s’agisse des résidents secondaires, des touristes, de ceux déjà partis (les jeunes notamment) ou de ceux susceptibles de venir (les candidats à l’installation, les porteurs de projets), chacun de ces groupes joue, à sa manière, un rôle ’d’instituant’ dans ce processus. Instituant d’une prise de conscience de l’attractivité potentielle et effective de ce territoire, mais aussi de sa fragilité démographique (départ des jeunes, vieillissement). Instituant d’une force de réaction (minorité active) face au risque de perdre la maîtrise de l’espace, dévitalisé puis réapproprié par de nouvelles populations. Instituant d’une démarche de participation et de mobilisation qui vise autant la prise de conscience des enjeux locaux, la hiérarchisation des objectifs (ce qui signifie aussi la hiérarchisation des usages légitimes de l’espace) que la construction progressive d’une identité territoriale. Instituant enfin d’un modèle de développement orienté vers la conciliation d’objectifs apparemment contradictoires : développer et préserver. On peut donc dire que les flux de mobilité (résidence secondaire, tourisme, migration résidentielle...) et le croisement conflictuel des échelles de référence des différents usagers de ce lieu, ont participé à son institutionnalisation territoriale.

Reste à analyser la mise en place de ces frontières et les modèles d’intégration et d’exclusion qu’elles sous-tendent.