L’installation de nouveaux actifs dans le Diois, comme dans d’autres zones rurales, est l’un des principaux enjeux du développement local. De leur implantation dépendent le maintien des services publics, la revitalisation des communes les plus isolées, mais aussi la lutte contre l’appropriation secondaire de la zone qui entretient le phénomène de saisonnalité de l’activité. Mais la politique d’installation, que le District entend favoriser en faisant du Diois un ’territoire d’accueil’, se heurte à deux problèmes. Premièrement, les comportements défensifs ou conservateurs constituent des freins, notamment pour l’accès au foncier et au bâti. Deuxièmement, l’hétérogénéité sociale des flux de migrants ne garantit pas d’emblée l’adéquation de leur projets éventuels avec les besoins locaux et peut alimenter la méfiance locale. D’où la nécessité de ’passeurs de frontières’ qui jouent un rôle de médiation mais aussi de sélection.
La création d’entreprise : normes et accords sur un marché local
Sur une zone où l’emploi est rare, où l’activité est orientée principalement vers l’exploitation de ressources fixes (Guérin, 1999) et où la clientèle locale est limitée, l’installation de nouveaux actifs suppose la mise en confiance des acteurs locaux concernés, qu’il s’agisse des élus ou des entrepreneurs existants. L’installation, véritable marché pour les territoires d’accueil, a fait l’objet dans le Diois d’une régulation, avec ses normes et ses accords, le plus souvent tacites. Le site de proximité tient un rôle essentiel dans cette régulation, outil de médiation entre acteurs locaux et nouveaux arrivant. Il assure également une fonction de sélection et de mise en forme des projets des uns par rapport aux besoins ou attentes des autres.
Présentons déjà la mesure et sa mise en oeuvre locale, avant de revenir sur les normes de ce marché de l’installation.
Les sites de proximité (six au total) ont été crées en 1995 à titre expérimental par la Région Rhône-Alpes dans le cadre du Plan de Développement des Zones Rurales (1994-1998) concernant les espaces classées comme ’zones rurales fragiles’. A l’origine de leur création, se trouve l’hypothèse d’une ’nouvelle donne’ (liée à l’inversion des flux démographiques) susceptible d’enrayer la dévitalisation de ces zones, à condition de mettre en place les outils favorisant l’accès à l’emploi, l’accueil des porteurs de projets et le développement de l’offre d’activités – qui sont les trois objectifs assignés à ces sites. Toits uniques regroupant l’ensemble des services concernés, leur mise en place se fonde en partie sur la théorie du développement endogène (Guérin, 1999, p. 283), qui se traduit par ’‘la promotion de l’entrepreneuriat par la formation ou l’immigration, et la recherche de valorisation des ressources locales grâce à une intensification des relations de proximité’ ’.
De tous les sites mis en place, c’est celui du Diois qui est le plus enraciné dans le milieu local, puisqu’il s’est greffé sur le District (Guérin, 1999). La prise en charge de cet outil par cette structure montre, là encore, sa volonté de maîtriser l’ensemble des leviers du développement local et de contrôle territorial. La convention signée avec le préfet de la Drôme (instaurant sa mise en place) débutait en effet par le rappel des objectifs du projet de territoire, auxquels devait répondre ce dispositif413, soit :
’le développement économique, au travers du maintien des activités existantes (agriculture, tourisme, artisanat...) et de l’introduction d’activités nouvelles ;
la solidarité au travers d’une mise en commun de moyens au service de l’ensemble du territoire, et plus particulièrement des petites communes ;
la qualité de la vie, au travers de la préservation de l’environnement (mise en valeur des espaces naturels) et l’amélioration du cadre de vie ’.
Ainsi, le directeur du District en est-il devenu le responsable, et Madame Trémini, agent de développement local du district depuis 1992, l’animatrice chargée de la détection et du suivi des projets d’entreprises artisanales, industrielles et commerciales. Par ailleurs, le recrutement (à 70%) d’une personne chargée des projets mono-personnels ’agriruraux’ montre la volonté d’inscrire les actions de ce site dans la lignée du projet de territoire. Enfin, une troisième personne est chargée de l’accueil du public.
Outre ces trois salariés, le site accueille également de nombreux organismes qui y assurent des permanences : l’ANPE, la DDTEFP, l’URSSAF414, les Douanes, le Comité d’Aide pour le Logement de la Drôme (CALD) et les services sociaux agricoles. Il faut noter également la mise à disposition (à mi-temps) de Monsieur Stéphane, employé à la Mission locale Jeunes, chargé d’assurer des permanences décentralisées et de détecter les porteurs de projets potentiels. Enfin, des collaborations sont développées avec deux organismes de formation pour adultes : le GRETA et le CFPPA415.
L’accompagnement et le suivi de la création d’entreprises s’avère le champ d’intervention le plus important, au regard des relevés statistiques établis entre 1996 et 1998.
Type d’intervention du site de proximité | Année | |||
1996 | 1997 | 1998 | Total | |
Conseil auprès des entreprises existantes | 25 | 0 | 56 | 81 |
Aide à la création d’entreprises | 65 | 102 | 97 | 264 |
Aide à la diversification, au développement, à la délocalisation | 10 | 46 | 9 | 65 |
Aide pour l’offre d’activité | 0 | 5 | 1 | 6 |
Aide à l’offre d’emploi | 0 | 13 | 28 | 41 |
Aide à la recherche d’emploi | 12 | 25 | 28 | 65 |
Aide à la reprise d’entreprise | 24 | 21 | 17 | 62 |
Total | 136 | 212 | 236 | 584 |
Source : Site de proximité du Diois |
L’analyse du mode d’appropriation locale de cet outil régional montre l’importance des transactions dans la mise en place de dispositifs institutionnels. Elle éclaire sur la manière dont le biographique traverse les institutions et inversement (Dubar, 1996). En effet, l’orientation de ce site vers l’aide à la création d’activités n’est pas indépendante du parcours biographique et du mode d’appartenance de Madame Trémini qui en a la charge. Sa formation économique et son expérience antérieure dans une chambre consulaire l’ont préparée davantage à ce type d’action qu’à celle de l’accompagnement du public en difficulté ou à la recherche d’emploi. Pièce unique du territoire, son appartenance s’est construite sur l’entretien des frontières territoriales par une fonction de médiation entre l’extérieur et l’intérieur. Et dans cette fonction, l’aide à la création d’entreprises par des porteurs de projet pour la plupart extérieurs au territoire, en constitue la voie de concrétisation par excellence.
Madame Trémini – ’pièce unique du territoire’ et ’passeur de frontières’
’Ah oui, y’en a qui créent des entreprises ici, qui délocalisent des entreprises ici, mais c’est un choix de vie. Par contre, une des choses qui est importante aussi, moi ce que j’ai remarqué, et j’me suis pas mal battue pour ça, la mission économique elle a démarré ici en 91 et y avait pas mal d’élus qui disaient : ’faudrait que cette mission soit pourvue d’une personne qui va chercher des entreprises à l’extérieur’. Moi je m’étais toujours battue en disant que la pertinence du territoire du Diois n’était pas tel qu’on puisse se permettre d’avoir quelqu’un qui fasse ça et par contre qu’il fallait beaucoup plus être là pour accueillir les entreprises. Parce que d’aller chercher quelqu’un quand y’a personne après pour l’accueillir quand elle a fait le choix de s’installer ici : c’est complément idiot ! Et je me suis toujours battue depuis 91 pour dire c’est au Département à faire ça et de valoriser ses différents territoires en fonction des caractéristiques de chacun de ses territoires. Ça j’suis quand même contente par ce que j’ai la preuve maintenant que ce raisonnement est finalement réaliste. Quand le département de la Drôme donc fait la promotion de son territoire, on est vraiment considéré au niveau de notre zone, comme le territoire d’accueil pour les gens qui font le choix de venir dans le rural’.
Inversement, cette personnalisation du dispositif n’aurait pas été possible si l’orientation à laquelle elle aboutit n’avait pas été en résonance avec le contexte environnant et certaines attentes locales. Elle correspond en effet aux orientations du projet de territoire et de la Charte du Pays Diois. La priorité accordée à l’aide à la création d’entreprise de la part d’entrepreneurs ’ayant fait le choix du Diois’, offre certaines garanties sur leur volonté d’ancrage et de respect de l’environnement et du cadre de vie local. L’accompagnement des porteurs de projets constitue également un levier de contrôle sur les types d’activités créées. La réalisation de bâtiments industriels et commerciaux pour le compte des communes, compétence détenue par le District, complète ce dispositif. Les porteurs de projets peuvent ainsi être mis en contact avec les communes désireuses d’installer un artisan ou un commerçant sur leur sol. L’analyse des créations d’entreprises, suivies par le site416 entre 1996 et 1998, montre la prédominance des activités de services, liées à l’entretien de l’espace, au tourisme ou destinées à la population locale.
Dans une région où la tradition industrielle fait défaut et où le principal employeur de main d’oeuvre salariée est le secteur public, trouver un emploi, notamment pour les nouveaux arrivants, suppose généralement de créer sa propre activité. La faiblesse du tissu industriel, s’il est une donnée de contexte, est aussi pour les acteurs du District, un élément de la qualité de vie à préserver.
La création d’entreprise, notamment par des personnes d’origine extérieure au milieu, suppose néanmoins la mise en confiance des différents protagonistes (élus, entreprises existantes, porteurs de projets) qui ne va pas de soi. Dans ce cadre, le site de proximité assure un rôle de médiation et de filtre de première importance.
L’installation trop rapide des intéressés, n’ayant pour la plupart aucune attache locale et ayant choisi la zone pour son cadre de vie, sans mesurer la distance existante entre l’image idéalisée de la campagne et la réalité de la vie rurale locale417, pose parfois des problèmes d’intégration qui peuvent mettre en péril l’activité et le maintien de la personne localement.
Dans le suivi, la dimension d’accompagnement du porteur de projet s’avère essentielle. La réorientation du projet initial est parfois nécessaire du fait de son décalage avec les potentialités locales (en termes de bâti, de foncier, mais aussi de clientèle locale), les attentes et normes locales (respect de l’environnement, respect de la non-concurrence entre entreprises) et les ressources dont dispose le porteur de projet.
Madame Trémini
’Parce que toute manière si dans les zones rurales y’a des structures d’accompagnement à la création d’entreprise, qu’y ont des taux de réussite meilleurs c’est parce qu’on prend les gens les plus en amont possible, on réfléchit avec eux. [...]
Y’a pas mal de porteur de projets qui se basent uniquement sur leurs besoins à eux et à ceux de leur proches. Ils ont aucune notion de rien, c’est à dire ils sont persuadés qu’ils vont bien se trouver un garage à louer, ... que les charges ils en paieront pas, que ...Vous avez des aberrations, c’est des gens ils n’ont aucune notion. Alors c’est vrai que ces gens-là on les reçoit, on fait peut-être quelque chose qu’y est un peu vache, mais on essaye de leur en mettre plein la tronche, en leur parlant de toutes les obligations, de toutes les contraintes, pour leur ouvrir les yeux, pis on les revoit pas, pis y créent pas. Bon quelque part, c’est un peu malheureux aussi mais bon j’crois que de toute manière c’est quelque chose qu’ils savent pas faire. Et j’crois qu’au contraire si on les revoit c’est que là on a vraiment gagné, parce qu’après ils demandent un accompagnement pis ils reprennent tout. Mais c’est vrai que ce filtrage là il n’a pas lieu en ville, c’est pour ça qu’il y a un taux d’échec énorme.
Ce filtrage et cet accompagnement personnalisé expliquent sans doute en grande partie la pérennité des entreprises installées et leur faible mortalité418.
Mais les agents du site de proximité et les élus du District ne sont pas seuls à fixer ces normes locales. Si dès sa création, le site de proximité a été associé au projet de territoire, la volonté des élus et des agents du site d’impliquer également les entreprises locales s’est concrétisée en 1997 avec la mise en place de la plate-forme de développement local.
Cet outil a été élaboré et mis en place par une association nationale (France initiative Réseau) et a bénéficié du soutien financier de la Région. Il a pour objectif l’aide à la reprise ou à la création d’entreprise par l’octroi de prêts d’honneur (sans intérêt), avec le parrainage de certains entrepreneurs locaux. Les montants de l’avance remboursable se situent entre 20 000 à 150 000 francs par projet. Le fond est financé par le Conseil régional à hauteur de 50% (avec un plafond de 800 000 francs), par l’Etat (FNADT419) à hauteur de 200 000 francs, par les structures intercommunales (156 125 francs), le reste étant constitué de fonds privés apportés par les entreprises participant à la plate-forme.
Lors du premier comité de coordination420, la discussion qui a suivi sa présentation par le président du District a conduit à mettre en avant la nécessité ’de trouver un juste équilibre entre la préservation des entreprises existantes et la création ou la reprise d’activité’. Equilibre qui ne pouvait être atteint que par une ’bonne implication des entreprises locales dans les structures de décision’.
D’où l’enjeu de contourner l’obligation faite par la Région de constituer cette plate–forme à l’échelle de la vallée de la Drôme421. La mise en place de Comités d’agrément locaux a permis à chaque entité (Diois, Crétois et Loriolais422) de préserver son autonomie. En effet, ces Comités d’agrément sont les véritables organes de pouvoir de la plate-forme puisque ce sont leurs membres qui accordent ou refusent les demandes de financement.
Une association ’Val de Drôme – Diois Initiative’ a été créée en décembre 1997, regroupant les acteurs économiques, politiques et institutionnels de l’ensemble de la vallée423. Une phase de rodage a été nécessaire à la reconnaissance des pouvoirs et fonctions de chacun : élus, chefs d’entreprises et animateurs du site de proximité (la plate-forme ayant été pensée comme un complément de celui-ci). Madame Trémini, qui a été le moteur de sa constitution, a trouvé sa place, la première, dans l’animation de la plate-forme. L’échelle élargie de cette fonction lui a permis à la fois de sortir du territoire (recherche d’ouverture et de promotion sociale) et de conforter sa place de ’pièce unique du territoire’ (en tant que représentante du Diois à l’extérieur).
La composition de chaque Comité d’agrément n’étant pas fixée de manière rigide, sa constitution s’est faite par cooptation en tenant compte des obligations émises dans les statuts. Le Comité d’agrément devait comprendre en effet 5 chefs d’entreprises, un expert-comptable, un notaire et deux banquiers. Il regroupe 14 personnes sur le Diois, avec 7 chefs d’entreprises dont Monsieur Molpa (président du Comité d’agrément), Monsieur Rougeot et Monsieur Vinnier. La forte implication financière des chefs d’entreprises dioises dans cette plate-forme témoigne de l’enjeu important que représente un tel outil dans cet arrière-pays, par rapport aux deux autres secteurs géographique de Crest et de Loriol , (28 000 francs pour le Diois, 16 500 francs au total pour les deux autres). Mais les élus s’en sont trouvés exclus par interdiction légale (gestion de fait) et ont vu leur échapper un des leviers de contrôle du développement économique. Ceci a occasionné certaines tensions, comme nous allons le voir plus bas.
Madame Trémini joue un rôle de filtre et de médiateur. C’est elle qui sélectionne et prépare les dossiers, ayant transité par le site de proximité, qui seront présentés au Comité d’agrément. Les critères de sélection appliqués en amont (par le site) et en aval (par le Comité d’agrément) sont ceux de la viabilité économique du projet, de la pertinence de l’activité par rapport au contexte et aux besoins locaux et enfin de la complémentarité de l’activité proposée par rapport à celles existantes (c’est-à-dire la non-concurrence). L’édification de telles normes tient à la recherche d’une ouverture négociée avec l’extérieur, permettant d’apporter du ’sang neuf’ sans engendrer de déséquilibre avec l’existant, et par voie de conséquence, de réactions défensives ou conservatrices. Autant de critères qui correspondent aussi aux objectifs du projet de territoire, c’est-à-dire un développement équilibré entre la préservation des ressources locales et l’apport de populations et d’activités nouvelles.
En 1998, quatre projets ont été financés pour une valeur totale de 210 000 francs sur le secteur du Diois (deux l’ont été à Crest, et quatre à Loriol). Les différences de secteurs d’activités selon les zones géographiques montrent le renforcement de la spécificité territoriale auquel concourt la gestion localisée de ce type d’outil (qui permet aussi une forte adéquation entre les vocations ou les attentes locales, et les projets réalisés). On note aussi que la reprise d’activité semble privilégiée sur le Diois, zone d’arrière-pays où le développement économique passe déjà par le maintien de l’existant.
Le discours de Monsieur Molpa, dont la position de ’notable non originaire du Diois’ nous exposant d’un oeil critique sa vision des relations entre les entreprises locales, nous permet de mieux comprendre l’importance et le sens de la mise en place de ces outils.
On assiste en effet à un début de régulation du marché de l’installation avec pour passage obligé, le site de proximité, et son aboutissement au Comité d’agrément.
Monsieur Molpa – président du Comité d’agrément
’Moi j’suis porteur de projet : qui je vais voir? Y’a la chambre des métiers, y’a tout ça, et c’est vrai que le passage un peu obligé c’est le DRDD à un moment donné y’a toujours quelqu’un qui va dire : ’va voir le DRDD’. Et c’est vrai que la personne qui s’occupe de tous les porteurs de projet, c’est [Madame Trémini], donc [Madame Trémini] elle les reçoit, et à partir de là, selon les critères que nous on a défini, bon elle parle toujours de la plate-forme, elle peut dire : ’là ça sera un projet pour la plate-forme’, bien qu’elle n’ait pas à sélectionner, c’est pas elle le juge, et le porteur de projet vient ici’.
Cette régulation permet d’organiser en amont le respect de certains ’prés carrés’ (par les porteurs de projets) en évitant ainsi les échecs assurés d’avance.
Monsieur Molpa – président du Comité d’agrément
Donc au niveau du Comité, c’est vrai que toutes les activités sont représentés, avec un échantillon représentatif. [...] Par contre, on en a un qui représente un petit peu les agriculteurs en viticulture. Mais le projet de la plate-forme n’est pas tellement dirigé pour l’agriculture. Parce qu’en fait les agriculteurs sont aidés par bien d’autres choses. Mais si je regarde de l’extérieur, tout ce qui est de la vigne est tenu par les Diois, par contre tout ce qui est autre y’a les deux. Et tout ce qui est vraiment local : le plombier, le carreleur est diois. Tout ce qui est entreprise qui exporte c’est d’ailleurs.
Il s’agit aussi d’institutionnaliser certains rites de passages où les critères de sélection visent, in fine, à évaluer la confiance que l’on peut accorder au porteur de projet en fonction de son degré d’ancrage local et de sa loyauté par rapport aux entreprises existantes.
Monsieur Molpa – président du Comité d’agrément
Relance : Vous parliez de critères : quels critères ?
’On a défini des critères entre guillemets parce qu’on les remet en cause de jour en jour, mais ils sont très difficiles à définir. Le premier critère c’est de dire - j’sais pas si vous connaissez un peu les gens qui veulent créer - mais on trouve vraiment de tous les cas et des gens ! Donc si le projet n’est pas sérieux c’est même pas la peine de nous le présenter. C’est comme celui qui voulait créer un restaurant avec 10 000 francs en tête et sans connaître le métier. Donc savoir si le projet est viable ou pas. La 2ème chose, j’en reviens à ma concurrence, prenez la menuiserie [son secteur d’activité premier] y’a une telle industrialisation aujourd’hui y’en a plus. Or avant sur Die c’était le bois. Des menuisiers y’en a encore 5 sur Die, donc c’est pas la peine, on va pas recréer une sélection en plus pour les autres qui vont souffrir, donc la sélection elle se fait là. Mais les autres critères, c’est qu’on voit que c’est quand même quelqu’un qui ait les pieds sur terre, que c’est pas un projet comme ça’.
Relance : L’ancrage territorial peut jouer aussi ?
’Peut-être pas au départ, peut-être que [Madame Trémini] elle peut... pas au moment, après.. une fois que [Madame Trémini] elle dit : ’il passe à la plate-forme’. Elle sait pas si ça va être accepté ou pas bon. On a une espèce de formulaire, qu’il remplit et en fonction de ça on demande qu’il présente un dossier et on demande en tant que personne du comité d’avoir le dossier 15 jours avant la plate-forme et on étudie le dossier et on demande à le voir. On veut un peu dialoguer avec lui, voir comment il pense, si on a vu des points plus ou moins bons. Et à partir de là on prend une décision ou on redemande à le voir...Et là il va y avoir d’autres critères : par rapport à la concurrence; par rapport à ce qu’il peut faire; par rapport à la bonne moralité, parce que c’est vrai, parce que il faut pas croire, autant y’a des gens qui veulent venir s’installer qui veulent bien faire, que y’a des gens qui vont toujours essayer quelque part d’en buter un ou deux’.
Nous l’avons vu plus haut, la maîtrise locale des critères de sélection est un enjeu important. La spécificité dioise de ces critères est bien celle d’un rite de passage vers un pays préservé qui se mérite. Attractivité et sélectivité s’entretiennent alors dans l’équilibre subtil entre fermeture et ouverture que maintiennent ces artisans des frontières sociales du territoire.
Monsieur Molpa
Relance : Et sur les autres comités, les critères sont les mêmes ou c’est spécifique au Diois?
’C’est spécifique au Diois. Les critères sont pas du tout les mêmes. Moi je pense que les critères sont un petit peu spécifiques, parce que ici nous sommes un peu spécifiques. C’est uniquement par rapport à notre mentalité, et quelque part on se protège, on se protège en disant ...’.
Relance : C’est-à-dire on veut pas de trop grosses entreprises, on veut pas n’importe qui ?
’C’est plutôt ’on veut pas n’importe qui’ que de dire ’on veut pas de trop grosses entreprises’, parce que la grosse entreprise nous fait pas peur. Puis on rêve ici, on rêve on voudrait la grosse entreprise qui amène de l’argent et que tout se passe bien et qui amène du bon, mais qu’elle pollue pas mais euh.. d’un autre côté on se dit... on veut pas trop de... au niveau.. comment dire, ouais, on a notre petit marché, il fonctionne bien, il faudrait quand même qu’on se développe un peu ailleurs, mais il faudrait quand même pas trop près de chez nous ...On veut le beurre et l’argent du beurre’.
Relance : Confort pour vous c’est quoi : cadre de vie, interconnaissance ?
’Voilà, globalement ça se passe bien. Vous voyez comme tout à l’heure, l’autre [client] il veut ça, je l’aurais que demain : il repasse demain. Parce qu’il veut pas aller chez mon concurrent, le gars il vient là, il veut me faire travailler. Donc y’a une ambiance qui est, on va pas dire conviviale, mais qui est sympa. [... ] On prend ce qu’on peut faire, on en prend toujours un peu trop et on préfère faire attendre, mais tout ce qui est gros on le prend pas, ils restent petits sur toute la ligne’.
Relance : Et par rapport à ça, comment vous expliquez que c’est un territoire qui a été, depuis assez longtemps, assez attractif ?
’Parce que je crois que quelque part, ils cherchent une qualité de vie et ils savent qu’ils l’ont ici, et ce qui est bête : tout a une valeur. Mais attendez, si vous avez 10 boutons comme ça, si y’en a 10 à la demande, ils valent 1 franc mais si vous en avez 1000 à la demande, ils valent 10 francs, si c’est pas 100 francs. Ici entre guillemet par rapport au pays, les places sont chères. Ce qui est cher a de la valeur, donc on dit : ’je préfère attendre un peu parce que je veux cette qualité de vie’, et on sait que c’est bien ici parce que les gens payent cher pour l’avoir, et d’un autre côté : il faut pas se leurrer. ç a fait toujours plaisir de se dire, par rapport à une sélection, j’ai été sélectionné quelque part, c’est valorisant alors que si on prend le tout-venant. C’est valorisant de se dire j’ai été accepté, reconnu tout ça’.
Mais la mise en oeuvre de ces critères peut faire l’objet d’interprétations différentes entres les membres de ce comité d’une part, entre ceux-ci et les élus et agents du District d’autre part. Ainsi, chacune des trois figures évoquées plus haut énonce ses propres raisons d’y participer. Monsieur Rougeot explique sa participation au comité, en tant que garde-fou afin de limiter les abus de sélection. Monsieur Molpa s’y est investi afin de faire respecter les règles locales de non-concurrence et d’attachement territorial. Tandis que Monsieur Vinnier (figure de l’extériorité) estime que l’échelle pertinente d’action reste celle de la vallée de la Drôme, et que la scission en trois comités de bassin tient à certaines rivalités anciennes. Ses critères de sélection sont tournés avant tout sur la rentabilité et la viabilité économiques du projet.
Mais il arrive que les normes de filtrage appliquées par Madame Trémini, au service du District, ne correspondent pas tout à fait à celles du Comité d’agrément. Un conflit s’est ouvert ainsi en 1998 entre le District, qui a amorcé la construction d’un bâtiment pour accueillir une entreprise de cinq salariés, et les membres du Comité qui ont refusé d’accorder l’aide financière demandée après le début des travaux. Les choses se sont un peu compliquées quand Madame Trémini, convaincue de l’intérêt économique du projet malgré le premier refus, l’a présenté de nouveau au Comité d’agrément. Voici les différents points de vue qui ont été exprimés sur cette délicate affaire, chacun ayant ses bonnes raisons de défendre ou refuser le projet.
Madame Trémini, passeur de frontière, (avant le refus du comité d’agrément)
’Moi, ce que je peux vous dire là-dessus, c’est que l’idée qu’on a au niveau économique, c’est d’arriver à un juste équilibre entre le développement des entreprises locales et l’intégration de nouvelles entreprises qui souhaitent s’installer dans le Diois, mais en faisant très attention à qui on installe, et pas forcément des grosses structures bien au contraire et pis que ça soit des gens qui ne fassent pas que passer, dont on est sûr de l’attache sur le pays. Donc par exemple on est en train de construire un bâtiment pour une entreprise qui est en train de s’installer qui fabrique des sandales et des chaussures et qui est attachée au pays par le fait que ils étaient propriétaires du moule de fabrication mais ils sous-traitaient la fabrication dans une usine d’Anonay, dans laquelle travaillait un gars de Die. Et donc c’est ce gars de Die qui les fait installer ici, et donc c’est cette attache qu’il y a sur le pays c’est toujours ce qu’on veut vérifier’.
Monsieur Rougeot, garde fou (après le refus)
Relance : L’entreprise [de chaussure], vous en avez entendu parler ?
’Oui, moi je vais vous dire ce que j’ai dit: je ne me sens pas capable de juger si ce monsieur était venu nous vendre des salades, et si ma mission c’est d’accorder des prêts et bien je lui accorde. On était 3 sur 14 à dire ça. On a mis en porte-à-faux le District, qui avait construit un bâtiment, et la mairie. On a eu une attitude inadmissible par rapport aux techniciens du District. Ces gens là sont en train de se monter la tête et de se prendre pour dieu. On a peut-être raison mais posons-nous la question : pourquoi le District a senti le besoin de lui construire un bâtiment ? Et pourquoi nous, on aurait raison, parce qu’on l’a vu deux fois et qu’ils n’apprécient pas sa manière de se présenter. J’ai pas été suivi, y’a l’effet boule de neige, c’est comme la rumeur : le premier dit ’non’ et les autres suivent. Moi j’trouve qu’on n’a pas fait notre travail parce qu’on n’a pas de méthode de travail, on n’est pas pragmatique, on est un club de gens sympas’.
Monsieur Vinnier, figure de l’extériorité (après le refus)
Relance : Quel est le rôle des élus dans la plate-forme ?
’Les élus participent au conseil d’administration de cette plate-forme, donc ils participent à la définition des grands axes de la plate-forme : quels sont les actions prioritaires, les secteurs à développer, les grandes orientations politiques du terrain. Mais ils ne sont pas, et nous y avons tenu et moi le premier, ils ne sont pas dans les Comités d’agrément. Ne font partie de ce Comité que les gens ayant une compétence économique : chefs d’entreprises, banquiers, experts-comptables’.
Relance : Pourquoi?
’Parce que les élus font de la politique et il faut qu’ils fassent de la politique et qu’ils en fassent bien, et qu’il faut pas mélanger la politique avec les décisions économiques, ça serait pas sain, ça pourrait biaiser les décisions’.
Relance : Et le projet de l’usine de chaussure, comment ça c’est passé ?
’...Oui... là il faut préciser une chose, c’est le caractère très récent de la plate-forme. Quand on sera plus rodé, l’idée c’est pas d’attendre que les gens viennent vers nous mais d’aller vers eux, en faisant de la communication, en allant chercher des entreprises à l’extérieur, et en proposant les atouts que l’on a ici’.
Et, comme bien souvent, ce conflit a été l’occasion de transactions et de clarification des rôles. Le directeur du District en jouant son rôle d’agitateur ’engagé’, a permis l’expression des divergences, préalable à leur résolution par voie de convention. Adoptant un point de vue distancié, il relate les différentes transactions qui ont conduit à cette résolution. Au fil de son discours apparaissent les différents protagonistes de l’histoire tous attachés, mais selon des modes différents, au même territoire. D’où leurs conflits, leurs querelles de pouvoir.
Le directeur du district – figure d’un militant du local au global
Relance : Et par rapport au refus d’attribution au dossier de l’usine de chaussure ?
’Y’a eu une discussion politique au sein du DRDD avec les 4 présidents de commissions, vice- président et directeur. Et moi j’avoue que j’étais dans une position franche de désaccord avec la plate-forme, qu’il fallait exprimer. Les élus [notables du pays], qui d’après moi ont eu raison, ont été plus transigeants et finalement plus fins politiques : ils ont décidé de leur laisser leur champ de compétence qui est celui de la plate-forme, et nous de notre côté continuer dans nos projets, en discutant à droite à gauche pour essayer de trouver des solutions. Un vice-président [Monsieur Barnabé – garde fou néo-rural] est allé voir le président du Comité d’agrément [Monsieur Molpa – néo-notabilisé] et il s’avère que les chefs d’entreprise sentent des pressions fortes du District pour faire passer ce dossier ce qui ne leur plaît pas, alors que le District n’a pas représenté trois fois ce dossier comme le dit Monsieur Molpa. Il s’avère donc que c’est [Madame Trémini – pièce unique du territoire] qui en a pris l’initiative. La réaction du District, ça a été de mettre en place une convention entre la plate-forme et le District, convention que [Monsieur Terrot - néo-notabilisé] appelle le face-à-face: s’ils prennent une décision contraire à notre avis, ils l’assument et vice-versa, et si on peut prendre une décision en commun tant mieux. Finalement c’est plutôt positif, c’est l’histoire d’un chemin qui se fait : on part d’une situation de prédominance du District en matière économique, avec un retour de balancier immédiat dès qu’ils ont un outil. Et après toute l’histoire c’est de retrouver un équilibre entre tout ça, pour le mettre au service du territoire. C’est le rôle de chef d’orchestre qu’entend jouer le District, rôle qui est un peu ambitieux mais qui a son sens dans un pays comme celui là, qui est d’essayer de mettre en face les acteurs par rapport à un projet qu’a le pays, et pas de neutraliser toutes les énergies, ce qui est souvent le cas dans ce type de territoire.’
L’installation en agriculture : la lutte pour la réappropriation de la terre
L’installation en agriculture constitue un enjeu fort dans le Diois. Nous l’avons vu, cette activité constitue l’un des marqueurs territoriaux du Diois. Or, les installations dans le cadre familial ne compensent plus, ici comme ailleurs, les départs à la retraite (selon la Charte du Pays Dois). Le renouvellement des structures passe donc par l’installation hors cadre familial. Mais ceci suppose un accès au foncier bâti et non bâti, qui est loin d’être aisé424 sur une zone où la concurrence territoriale est forte entre les types d’usage du sol. Si les résidents secondaires et les sociétés des chasses extérieures à la zone sont nombreux, ils ne sont pas seuls en cause. Les auteurs de la Charte du Pays Diois, reprenant les résultats de l’étude de l’Institut de l’élevage (1998), évoquent également les stratégies d’agrandissement des producteurs spécialisés en céréales. La plaine voit s’intensifier et s’agrandir les parcelles de production, tandis que les zones de montagne continuent à s’embroussailler (11 communes n’ont plus qu’un seul agriculteur). On retrouve ici le partage territorial que nous avons décrit à partir de la figure de lieu de la commune de B. Les néo-ruraux, Monsieur Terrot en est une des figures, ont investi les zones de montagne, délaissées les premières lors de l’exode des enfants du pays. Ils y ont repris les productions typiques de ces zones de montagnes telles que l’élevage (ovins, caprins), les plantes aromatiques, en s’engageant avant l’heure dans l’agriculture biologique et en y apportant certaines innovations. Ceux du pays, installés dans la plaine ont conforté leurs assises dans les productions viticoles, plus rémunératrices ou se sont engagés dans la voie de la spécialisation et de la modernisation. Avec l’accès au pouvoir des néo-ruraux, et la remise en question du modèle productiviste, les rapports de force ont évolué. Les axes stratégiques de développement agricole proposés dans la Charte du Pays Diois concernent l’aide à l’installation hors cadre familial, le développement de la diversification et de la pluri-activité, ainsi qu’une orientation vers les productions respectueuses de l’environnement.
Pour autant, le partage du territoire se maintient et se transmet, surtout en ce qui concerne les structures les plus rentables situées dans la vallée et les zones viticoles.
L’analyse de trois promotions de stagiaires du CFPPA de Die se destinant à l’installation (formation BP–REA425, de 1995 à 1998) montre que l’origine géographique (dioise, drômoise, hors Drôme) joue sur les résultats à l’installation, en faveur des autochtones. On peut faire l’hypothèse que le choix de l’établissement de formation n’est pas indépendant du lieu d’installation visé (le CFPPA de Die n’offrant pas de formation spécifique sur ce type de diplôme) - hypothèse que nous avons pu vérifier en partie auprès d’une promotion de stagiaires et des formateurs de cet établissement. Dans ce contexte, l’importance des stagiaires venus de l’extérieur montre l’attractivité de ce territoire, attractivité qui se conjugue là encore avec une certaine sélectivité quant au devenir de ces candidats426. Si on analyse attentivement le devenir des stagiaires après la formation, on constate que les installations agricoles sur la zone proviennent en grande partie de personnes extérieures à la profession et à la région. Mais il n’en demeure pas moins que les chances de réussite sont corrélées à l’origine locale et agricole des candidats et que les échecs se comptent principalement parmi les prétendants extérieurs au milieu local et à la profession.
Face à ces barrières à l’entrée et à ce partage territorial, certains outils sont mis en place, pour permettre de passer ces frontières tout en respectant d’une part le partage territorial entre gens du cru et gens d’ailleurs et, d’autre part, les objectifs du projet de territoire.
Le premier de ces outils est constitué par le contrôle de l’accès à la terre. Dans ce cadre, six communes ont mis en place des Associations Foncières Pastorales (AFP). Les maires de ces communes, sont soit eux-mêmes des néo-ruraux, soit des notables du pays activement investis dans le DRDD. Il s’agit de la mise en commun de terres entre propriétaires au sein d’une association formée dans le but de les louer à un exploitant agricole. Plusieurs AFP ont été mises en place dans le Diois, sous l’impulsion des élus, soucieux de voir s’installer de nouvelles familles et de lutter contre l’enfrichement et la dévitalisation.
L’AFP de Tréchenu–Creyer (Haut Diois) commune de Monsieur Monfavet (notable du pays) est à cet égard exemplaire. Il s’agit bien là d’un projet engageant le devenir de la commune tout entière, peuplée de 2 habitants au Km² (104 au total), dont l’école a fermé, et où l’espace cultivé par les trois derniers agriculteurs (qui représente 4 % de la surface communale) ne constituait plus une barrière à l’avancée irrémédiable de la forêt. Le projet d’AFP, lancé par les élus (en 1995), devait répondre à trois objectifs :
entretenir les zones proches du village en voie d’enfrichement ;
accueillir une famille dans un objectif de revitalisation ;
conforter la collecte laitière sur la commune.
Sa mise en place (de 1995 à 1999) a suscité une mobilisation élargie (auprès des propriétaires du village). Elle a en outre reçu le soutien du DRDD, et l’appui de l’ADASEA427, pour la recherche et le choix du porteur de projet (grâce au répertoire à l’installation). L’investissement de la commune a dépassé le cadre foncier, puisqu’elle a pris en charge la construction du logement destiné à accueillir la future famille. La procédure de recherche du candidat et de sélection des porteurs de projet a été élaborée par la commune avec le souci de maîtriser ce choix tout en s’appuyant sur les conseils de spécialistes agricoles.
Il s’agissait non seulement de recruter un actif (salarié et chef d’exploitation) mais aussi de choisir une famille, amenée à devenir membre de la commune. Quatre étapes de sélection ont été mises en oeuvre pour répondre à ces exigences.
Dans un premier temps, un appel d’offre (avec le descriptif du projet et l’étude d’installation à remplir par le candidat) a été diffusé largement auprès de différents organismes de formation et de la profession agricole à l’échelle départementale, régionale et nationale. Dans un second temps, les 350 candidats ayant répondu ont été invités à se rendre sur le site avec les ’acteurs locaux pour prendre conscience des difficultés du pays’ et à assister à deux journées ’portes ouvertes’ organisées à cette occasion. Enfin, une dernière étape a permis de départager ceux ayant fait le déplacement. Un comité de sélection, selon le modèle du Comité d’agrément, a été constitué à cet effet, réunissant le maire, le directeur de l’AFP, les propriétaires fonciers, les agriculteurs en place, un membre d’une AFP voisine, un représentant de la CDOA428 et les techniciens de l’ADASEA intervenant sur le dossier. Le conseil municipal a ensuite validé le choix du comité de sélection en faveur d’un éleveur (et de sa famille) possédant déjà un troupeau de chèvres et ayant pour projet la production de fromages. Le financement de l’ensemble du projet (dont la construction d’une bergerie, le terrassement et le plan paysager) a été assumé par l’AFP, d’une part, et par la commune, d’autre part. Fort de ce premier résultat, l’AFP (regroupant 30 propriétaires pour 468 ha) s’est agrandie sur une zone en friche pour la louer à un groupement pastoral, composé de cinq éleveurs de chèvres.
L’accès à la terre, on le voit, est essentiel mais ne saurait suffire pour réussir un projet. L’adéquation de l’activité avec les conditions du milieu, l’appropriation de certains savoir-faire locaux, le respect d’un certain parcours ritualisé de l’installation (au-delà des démarches administratives) sont autant de facteurs de réussite.
A cet égard, il existe un dispositif de médiation, hébergé par le site de proximité. Le JAD (Jeunes Agriculteurs du Diois), dont les instigateurs sont Messieurs Terrot et Gauthier, s’est constitué à l’occasion du Plan Local d’Installation (1987-1990). Son objectif est l’aide à l’installation d’agriculteurs non originaires du milieu agricole429. Il s’est positionné, comme nous l’avons vu avec Monsieur Gauthier, en dehors des organisations professionnelles agricoles et en opposition au mode de régulation sectoriel de l’agriculture. Tombé en sommeil à la fin de ce programme, il a été réactivé par les animateurs du site de proximité et certains élus du District, avec le recrutement de Madame Valériale pour en assurer l’animation. Sur le modèle de la plate-forme de développement local, une ’plate-forme locale d’installation’ a été mise en place en 1997, structure qui permet de territorialiser l’accueil, le suivi des candidats à l’installation agricole ainsi que leur mise en contact avec les cédants - ensemble de prérogatives détenues habituellement par les Organismes Professionnels Agricoles au niveau départemental. Les efforts locaux ont permis de réunir dans cette plate-forme, outre le DRDD et le JAD, l’ADASEA, la Chambre d’agriculture et le CFPPA. Cette initiative a été possible par l’organisation préalable du partage du pouvoir et la signature d’une convention avec la Chambre d’agriculture reconnaissant les compétences du District en la matière. Voici un extrait de la convention datant de 1996 : ’‘à travers le projet de territoire [...] l’agriculture participe à son développement. De ce fait l’espace est reconnu comme capital collectif, son entretien devient au travers des commissions locales [du District] une préoccupation commune’ ’.
En outre, un réseau de parrainage de 56 exploitants a été mis en place et son animation est assurée par Madame Valériale. Celle-ci a pour fonction l’accueil, l’accompagnement et l’orientation des porteurs de projets au sein de ce réseau. Un répertoire indiquant les domaines d’activités, les coordonnées des parrains agriculteurs et le temps qu’ils sont disposés à investir (de la simple rencontre au stage d’une semaine) est remis au candidat. En retour, celui-ci doit remplir une fiche de présentation, diffusée par l’animatrice auprès des membres du réseau. Les réunions mensuelles du réseau permettent ainsi de faire circuler les fiches. Celles-ci sont évaluées et les porteurs de projets sont mis en contact avec les agriculteurs intéressés ou compétents sur l’activité proposée. Ces réunions permettent également l’échange d’informations pouvant faciliter l’installation du candidat, ces informations concernant les terres disponibles, les exploitations à reprendre, etc. Il s’agit d’une première étape importante, car elle permet la construction du réseau du candidat et la mise en confiance avec ceux qui l’accueillent.
Madame Valériale – animatrice du JAD
’Les agriculteurs ils disent euh.. bon ce qu’ils pensent du projet euh.. y’en a certains qui aimeraient rencontrer le porteur de projet, donc je les mets en relation avec eux. Euh.. on va se dire : ’ tiens, oui lui il cherche des terres à tel endroit, ben moi je sais que y’a Monsieur Untel qui va peut-être s’arrêter dans pas longtemps, donc bon qui a des terres par là, qui pourraient peut-être faire l’affaire, euh, tiens ça serait bien que tu le mettes en contact avec Untel’. Et pis en fait voilà on trouve des réponses, bon immédiates, rapides à certaines demandes et puis les fiches sont distribuées à tout le monde, ce qui fait que par le bouche à oreille en parlant de la personne à droite à gauche et tout, ben on arrive à lui monter un petit réseau. Ça sera le réseau du porteur de projet quoi finalement. Voilà’.
La mise en place de ces fiches a bénéficié du conseil des autres agents du site ayant une pratique en la matière. Les fiches circulent ainsi entre les différents agents du site et les dossiers peuvent être réorientés selon les domaines dont ils relèvent (agriculture, artisanat- commerce et industrie, ’agriruralité’).
L’accompagnement s’avère là encore essentiel, car les projets et les moyens sont souvent en décalage avec les conditions locales de l’installation. Dans cet accompagnement, Madame Valériale (figure de ’militant du local au global’) joue le rôle de l’orientation pédagogique plutôt que celui du filtrage préalable. N’étant pas elle-même issue du milieu, elle ne s’estime pas en droit de déconseiller à d’autres migrants de s’installer ici ou de poursuivre leur projet, même lorsque celui-ci s’avère difficilement réalisable. Elle utilise alors le réseau des parrains agriculteurs comme outil pédagogique et socialise ainsi le savoir-faire de l’installation acquise par les anciens néo-ruraux qui ont ’tenu le coup’, au profit des nouveaux. En 1997, 39 créateurs d’activités ont été ainsi mis en contact avec le réseau.
Madame Valériale – engagement distancié et orientation pédagogique
’Jamais! Non je ne déconseille à quelqu’un de venir s’installer ici parce que, euh, j’vois pas de quel droit d’abord (rire) et puis moi-même j’veux dire j’suis pas d’ici quoi. Mais en fait quand même y faut pas non plus jouer les bons samaritains quoi. Euh, y’a des fois, euh, y’a des gens qui rêvent un peu quoi et donc moi au début c’est vrai j’osais pas trop leur dire : ’ben attendez, là c’est pas du tout facile, c’est même quasiment impossible de trouver quelque chose, et en plus y’a des gens qui ont déjà expérimenté ça, et euh ça ne pourra pas marcher’. Faut pas non plus croire que tout est réalisable quoi. Donc en fait là je leur dis: ’Allez voir, j’ai pas la science infuse hein, allez voir un tel un tel, euh, ces gens là ils ont essayé de monter quelque chose dans ce domaine, bon ils se sont arrêtés’. Je leur dis même pas des fois pourquoi en fait, Je leur dis qu’au travers de la personne ils trouveront les réponses à l’arrêt de l’activité ou pourquoi ils ont arrêté, pour telle raison. Et je leur dis d’aller voir ces gens là quoi, et comme ça ben au moins c’est pas, c’est pas une déception, euh, comment dire, comme ça, à froid, brutale quoi. Ça va se faire petit à petit en rencontrant des gens ici, et puis à la limite moi je dis que, bon j’sais pas si c’est la meilleure solution, mais je crois que comme ça ils découvrent aussi les gens qui se sont déjà essayés dans certains domaines. Ils vont rencontrer des gens qui vont leur dire : ’ouais c’est peut-être pas mal comment tu orientes ton projet’ et petit à petit ben leur projet évolue en fait ou ils vont changer, changer d’orientation quoi. Et voilà j’fais comme ça quoi’.
Le changement de nom du JAD, devenu ’Jeunes Acteurs ruraux du Diois’, s’inscrit dans l’évolution générale d’une ruralité qui n’est plus principalement agricole. Localement, cela reflète également la volonté d’affirmer la spécificité du territoire, dont l’agriculture n’a pas suivi le modèle classique, mais a très tôt emprunté les chemins de la pluriactivité et plus récemment de ’l’agriruralité’, comme voie d’ouverture à l’accueil de candidats à l’installation, extérieurs au milieu local et agricole.
Madame Valériale
’Oui en fait ça a changé de nom on s’appelle Jeunes Acteurs ruraux du Diois depuis quelques mois. Pour moi, je trouvais que c’était important par rapport aux gens qu’on recevait, par rapport aux idées qu’on avait envie de faire passer euh... que c’était bien de prendre ce nom-là. Et c’est une question d’ouverture aussi c’est à dire de pas euh... on n’est pas une association d’agriculteurs voyez. J’veux dire on n’est pas une association que d’agriculteurs. Le territoire il ne va pas vivre que d’agriculture de toutes façons. Donc on s’ouvre à d’autres personnes, on s’ouvre à des gens aussi qui n’ont pas forcément aussi l’occasion de se retrouver à discuter d’installation ou autres : les artisans, les gens qui font de l’éco-construction, des gens comme ça. Et c’était une occasion de s’ouvrir aux gens qui sont déjà installés et qui peuvent apporter quelque chose aux porteurs de projets agriruraux et, euh, c’était aussi une occasion de s’ouvrir à des porteurs de projets qui sont de plus en plus ... agriruraux aussi quoi’.
Mais faute de moyens financiers pour pérenniser l’emploi de l’animatrice, le JAD est de nouveau entré en sommeil.
L’accueil des porteurs de projets agriruraux est assuré maintenant par un agent du site avec un financement dans le cadre du Contrat de Plan Etat-Région. Cette action s’inscrit dans le dispositif régional (monté par la DRAF – Rhône Alpes) ’Osez la campagne’430. Celui-ci est destiné à favoriser la création d’activités en zone rurale, au travers de deux mesures : les Entreprises Rurales Innovantes (ERI) et les Projets Innovants Collectifs. La première prévoit des financements pour la création d’entreprises agrirurales, définies ainsi dans le Contrat de Plan431 : ’Une entité économique regroupant plusieurs activités dont un socle agricole faible (revenu brut tiré de la production agricole au sens strict inférieur à la moitié du revenu disponible minimum d’installation). Les autres revenus proviendraient d’activités relevant d’autres statuts, ou bien des activités en prolongement de la production agricole (accueil, transformation, commercialisation, ...) dans la mesure où ces dernières sont innovantes là où elles s’exercent’.
Reflétant la représentation régionale des relations villes-campagnes et du monde rural, la définition du public visé est la suivante : ’Ruraux, notamment fils d’agriculteurs ou citadins porteurs d’un projet d’insertion en milieu rural’. L’appropriation de la mesure par le site de proximité avec le recrutement d’un agent (à 70%) s’inscrit dans la logique générale du projet de territoire. Permettant l’installation d’actifs sur des entreprises mono-personnelles et sur des activités associant l’agriculture à d’autres activités innovantes, la mesure correspond au modèle recherché.
Une étude sur les profils des ’agriruraux’ et sur le déroulement de leur installation sur deux zones rurales dont celle du Diois432, montre l’importance de relais locaux à deux niveaux : premièrement, dans l’émergence des projets ; deuxièmement, dans la reconnaissance des ’agriruraux’ auprès des acteurs locaux et professionnels.
Concernant le premier niveau, le fait que les départements de la Drôme et l’Ardèche totalisent à eux seuls plus de la moitié des projets ERI sur Rhône Alpes n’est pas sans lien avec l’existence sur chaque zone d’un site de proximité et d’une dynamique de développement orientée vers l’installation de nouveaux actifs.
Concernant le second niveau, le rôle d’accompagnement des porteurs de projets joué par les sites de proximité s’avère déterminant compte tenu de la dimension innovante des projets. Ces nouveaux actifs, à la croisée de plusieurs champs professionnels, sont souvent marginalisés parce qu’ils questionnent les normes des acteurs institutionnels et professionnels. Dans le monde agricole, ’l’agriruralité’ passe encore pour une pratique peu professionnelle. Elle est parfois perçue comme une voie hasardeuse de développement local associée à la volonté de ’faire du social’ (Deconinck, 1998, p. 64). L’analyse des profils des créateurs d’activités agrirurales montre qu’une bonne partie d’entre eux ont fait ’le choix de la campagne’ après avoir vécu une certaine instabilité professionnelle ou familiale. La création de ce type d’activité intervient comme solution au chômage et comme moyen d’accéder à un mode de vie permettant de limiter ses déplacements et de devenir ’son propre patron’. Avec de faibles moyens financiers au départ et une formation agricole minime, sans beaucoup d’expérience, ’‘l’élaboration de leur projet répond à une cohérence au sein du couple, et non à une cohérence professionnelle au niveau des combinaisons d’activités ou des secteurs exploités’ .’ (Deconinck, 1998, p. 63).
Dans ce cadre, l’agent du site intervient là encore comme médiateur. Mais le développement des activités agrirurales reste encore limité, du fait de plusieurs difficultés. La difficulté d’accès au foncier constitue une barrière à l’entrée. De plus, l’absence de structure–relais et de statut permettant une progressivité de la création arrête bien des porteurs de projets en cours de route.
C’est en partie pour répondre à ces difficultés qu’un projet de ferme-relais et de Groupement Foncier Agricole territorial a été élaboré par les acteurs de la plate-forme de développement local. Hautement symbolique, il constitue une voie privilégiée dans la ’reprise du contrôle du territoire’ et dans l’édification de frontières sélectives.
La ferme-relais doit permettre de tester en grandeur réelle un projet de création d’activité. Elle donnerait ainsi aux acteurs locaux certaines garanties sur la viabilité économique et les compétences du créateur. En retour, elle faciliterait l’intégration de ce dernier dans des réseaux locaux et professionnels433.
La sélection des candidats serait assurée par un comité d’admission rassemblant les membres de la plate-forme d’installation. Les critères porteraient sur des aspects commerciaux (pérennité économique du projet), techniques (analyse du savoir-faire du candidat) et sociaux (intégration du projet sur le territoire). Outre de solides compétences agricoles, le candidat devra ’avoir clairement exprimé le souhait de s’installer dans le Diois’. Il serait accueilli et accompagné par un permanent, considéré comme le ’chef d’exploitation’ et ayant sa propre activité. Au terme de cette période (d’une durée de 3 ans) jugée suffisante pour trouver des terres et des bâtiments, le candidat pourrait alors s’installer.
La mise en oeuvre d’un tel projet pose néanmoins encore quelques problèmes :
l’acquisition d’une exploitation et de terres sur un lieu central (proche de Die) facilitant l’accès aux services, ainsi que le contact avec les professionnels et la population ;
la définition du statut du créateur accueilli dans la ferme-relais ;
l’articulation de ses activités avec celles du permanent de la structure.
La constitution d’un Groupement Foncier Agricole territorial doit permettre de résoudre une partie de ces problèmes. Lors d’une ’journée434 consacrée à l’installation’ organisée par le DRDD, le projet a été présenté. L’idée était de ’faire appel à l’épargne de tous les habitants du Diois’ pour la constitution d’un fonds permettant l’achat des terres et de l’exploitation agricole. D’où la volonté d’y associer des porteurs de projets, des jeunes déjà installés, des cédants, des acteurs agricoles (agriculteurs, syndicats), des élus et des acteurs institutionnels tels que le Sous-préfet.
Les débats ont reflété en quelques heures toute la problématique de l’installation et de l’accueil dans le Diois : celle d’une ouverture nécessaire pour la préservation de la qualité de vie (lutte contre la dévitalisation, maintien des services) associée à la volonté de négocier et de maîtriser cette ouverture.
Dans un premier temps, les témoignages des jeunes installés, non issus du milieu, ont montré l’existence de certaines normes locales favorisant l’intégration et conditionnant en grande partie la réussite de l’installation.
Le parcours modèle d’une installation réussie peut être présenté ainsi :
l’arrivée du candidat à l’installation par des réseaux de migrants déjà installés ;
le choix de la bonne commune où existent une certaine tradition d’accueil et un noyau de migrants implantés ;
le passage du candidat par une période de salariat sur diverses exploitations pour acquérir les compétences et les savoir-faire locaux ;
l’adoption d’un ’profil bas’ et la prise en compte des normes existantes ;
le témoignage de sa volonté d’ancrage au pays ;
l’élargissement de ses réseaux permettant l’acquisition du foncier.
Dans un second temps, la présentation des données sur l’agriculture par le District, a visé à montrer la nécessité d’installer des jeunes non issus du milieu agricole. La mobilisation de recherches et d’études réalisées par des institutions extérieures (INRA, 1997 ; Institut de l’élevage, 1998) vient appuyer cette démonstration. Celle-ci débouche ensuite sur l’inventaire des freins à l’installation (parmi lesquels la tendance à l’agrandissement et la rente territoriale en viticulture) et enfin sur la présentation du projet de ferme-relais. Celle-ci est évoquée comme une instance de médiation susceptible de favoriser la confiance entre ceux qui sont accueillis et les cédants potentiels. Le Groupement Foncier Agricole territorial apparaît ensuite comme solution foncière et financière, nécessitant la participation et la mobilisation de tous.
Les trois figures qui en sont à l’origine jouent chacune sur un registre différent, le compromis final étant orienté vers une ouverture négociée.
Monsieur Arthéna y voit un moyen d’installer et d’enraciner durablement de nouveaux habitants, tandis que Monsieur Terrot insiste sur l’outil de mobilisation locale et de réappropriation locale de l’espace que constituerait ce dispositif : ’‘le GFA territorial peut être un embryon d’un démarrage d’une appropriation commune au niveau du foncier, par les gens localement. Vous savez qu’il y a beaucoup d’épargne locale qui va s’investir à l’extérieur et ça serait peut-être symbolique d’un territoire d’accueil que de mettre en place un GFA territorial.’’ Enfin, Madame Valériale y voit une possibilité d’ouverture sur l’extérieur et un outil d’aide à l’installation hors cadre familial dont dépend le renouvellement des structures locales.
On voit se construire un espace de négociation et de transaction dont l’enjeu est l’adhésion et la mobilisation autour du projet de territoire et d’un bien commun, le Diois.
Voici donc l’ensemble des frontières qui participent à l’attraction sélective et à la médiation dans les parcours d’installation. Nous avons vu que ces frontières ne sont ni des barrières totalement fermées, ni des ponts totalement ouverts. Elles sont des filtres qui impliquent, pour ceux qui viennent d’ailleurs, la capacité de les franchir et les savoirs et ressources permettant de s’intégrer en respectant certaines normes locales.
Ces normes s’élaborent au fil des transactions entre ceux qui se montrent les plus ouverts et ceux qui sont sur des positions défensives ou conservatrices. Elles aboutissent à la mise en place d’instances et d’outils favorisant l’accueil par la socialisation des candidats à l’installation agricole et des porteurs de projet, ainsi que leur intégration dans les réseaux locaux et professionnels.
Mais d’autres frontières existent. Elles concernent ceux qui sont déjà sur le territoire et dont l’insertion est incertaine ou précaire.
DRDD, 1997 – Objectif 5b de la réforme des fonds structurels européens – Sous mesure n° 11-4 – Sites de proximité : Un projet au service du développement économique d’une zone rurale fragile, p. 2.
Respectivement : Agence Nationale pour l’Emploi ; Direction Départementale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle ; l’Union de Recouvrement des Cotisations de Sécurité Sociale et d’Allocations Familiales
Respectivement : GRoupement d’ETAblissements de l’éducation nationale et Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole.
Voir en annexe n° 9 du chapitre 9 : les indices du site de proximité du Diois
Par exemple, l’isolement, la difficulté d’accès à certains services et équipements, l’interconnaissance renforçant le poids du contrôle social, les problèmes de voisinage entre usagers très divers...
D’après M. Guérin (1999, p.294 ), 26,5 % des entreprises disparaissent 5 ans après leur création dans le Diois, ce qui est inférieur aux données recueillies par le site de proximité de la vallée de l’Eyrieux (28,5%), situé également dans une zone rurale isolée, et bénéficiant en outre d’un tissu industriel beaucoup plus dense et ancien que le Diois.
Fonds National d’Aménagement et de Développement du Territoire.
Compte-rendu de la Réunion du 27 juin 1997 sur la mise en place de la plate-forme de développement local. Cette réunion a réuni des élus, des chefs d’entreprises locales, les représentants de l’Etat, du Conseil régional, des chambres consulaires, des banques et organismes financiers, ainsi que les responsables et techniciens des structures de développement local.
On retrouve les arguments évoqués plus haut pour la mise en place du Contrat global de développement.
La zone correspondant à la ville de Loriol.
Voir en annexe n° 12 du chapitre 9, le Dossier de présentation de la plate-forme de développement local.
Voir en annexe n° 5 du chapitre 9, les notifications de la SAFER.
BP-REA : Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole.
Voir en annexe n° 11 du chapitre 9 : les parcours des stagiaires, selon leur origine géographique et professionnelle.
Association départementale d’Aménagement des Structures d’Exploitations Agricoles.
Commission Départementale d’Orientation Agricole.
Il a permis durant cette période, l’installation de 16 néo-ruraux.
Ce dispositif est né du constat, et de l’espoir qu’il a fait naître, d’un renouveau démographique et économique en milieu rural, avec l’hypothèse qu’il provenait de personnes (urbaines) désireuses de vivre et de créer leur activité à la campagne, qu’il s’agissait d’accompagner et d’aider.
Contrat de Plan Préfecture de la Région Rhône-Alpes, DRAF, Région Rhône-Alpes, juin 1998 – Article 14-1, PDZR 5b, Sous mesures régionalisées 1.8 et 11.1.
DECONINCK J., 1998 – Création d’activités agrirurales : analyse de la situation et proposition d’actions sur les sites de proximité des Boutières et du Diois – Mémoire de fin d’études de l’ISARA, dir. A. Mitard, Lyon, 89 p. + annexes et synthèse.
Nous reprenons les éléments proposés le stagiaire de l’ISARA, J. Deconinck à qui il était également demandé de proposer des actions de développement des projets agriruraux. L’élaboration du projet du Groupement Foncier Agricole (GFA) s’est faite en lien étroit avec les membres de la plate-forme. Les membres du DRDD l’ont ensuite repris.
Voir en annexe n° 12 du chapitre 9 : le compte-rendu retranscrit des moments forts de cette journée.