Le poids des résidents secondaires est très important localement, comme le montre le tableau suivant. Leur part en augmentation dans les cantons d’arrière-pays montre que la dévitalisation se poursuit, avec à terme, le risque de voir une bonne partie du Diois transformée en zone résidentielle. Le décalage entre le canton de Die, qui continue à attirer habitants permanents et activités, et les autres cantons, où se multiplient les résidences secondaires, alimente en outre les réticences et la méfiance, anciennes, des élus de l’arrière-pays vis-à-vis de la dynamique intercommunale, que certains estiment au service du bourg-centre.
Part des résidences secondaires dans le parc total par canton (en %)
Année | Die | Châtillon en Diois | Luc en Diois | La Motte Chalencon |
1982 | 24,1 | 50 | 42,6 | 42,9 |
1990 | 23,4 | 51,4 | 44,9 | 43,8 |
1999 | 20,9 | 53,9 | 49,9 | 53,1 |
Sources : INSEE, RP 1982, 1990, 1999 |
De plus, l’ancrage des résidents secondaires représente un enjeu multiple :
enjeu démographique tout d’abord, puisqu’ils permettraient de doubler la population.
enjeu économique d’autre part, puisqu’ils constituent des actifs et des consommateurs potentiels.
enjeu symbolique enfin, puisqu’ils constituent des habitants extérieurs ou ’distants’ de l’avenir du pays.
Autant de raisons qui expliquent l’initiative du District destinée à faire de la résidence secondaire le vestibule de l’ancrage au pays.
Une étude approfondie du District a permis leur recensement (auprès des maires). En 1998, une enquête par questionnaire a été menée afin de mieux connaître les profils des résidents secondaires, leurs pratiques sportives et associatives, ainsi que leurs attentes. Une fiche contact a été établie avec les 552 résidents qui ont répondu (sur les 2131 recensés) afin de les tenir informés des manifestations et de les associer à la vie locale. Il leur était également proposé des aides pour la réhabilitation de leur logement, en échange de la location annuelle ou saisonnière de leur résidence, proposition qu’aucun n’a acceptée. Si 64% d’entre eux ont répondu438 qu’ils ne souhaitent pas s’impliquer localement, cela veut dire aussi que les 36 % restant ne sont pas ’fermés’ à cette idée. Néanmoins 14 % seulement votent dans la commune, bien que 55 % en soit originaires. Enfin pour 63%, la résidence sera toujours une résidence secondaire dans 10 ans. Le souhait du District d’en faire un vestibule de l’ancrage aura-t-il une chance d’aboutir ?
Au regard de nos investigations (seconde partie), la ’secondarité rurale’ semble répondre avant tout à des logiques familiales ou ludiques, et l’échelle de référence est rarement celle du Diois. En outre, si la résidence secondaire peut être un ’vestibule de l’ancrage’, on peut penser que celui-ci intervient rarement avant la retraite. Ceux qui viennent ici en résidence secondaire ont, pour la plupart, construit leurs engagements ailleurs. Qu’ils soient originaires du lieu ou non, l’accès à la résidence secondaire est conditionné par l’appropriation d’un autre lieu. Pour certains, la secondarité permet de maintenir la mémoire et les racines d’un lieu d’origine, dont le départ a été une condition nécessaire à la promotion sociale. Pour d’autres, elle vient sanctionner la réussite acquise ailleurs, dans ce lieu choisi au hasard des réseaux migratoires ou pour la qualité de son environnement.
Ces pourcentages sont imparfaitement représentatifs, puisqu’ils correspondent aux résidents ayant répondu, et l’on peut faire l’hypothèse que ceux-ci se sentent plus impliqués que ceux qui n’ont pas donné suite à l’enquête.