2.1.3.1 Le contrôle de la diffusion

Les externalités technologiques sont des informations utilisables par la concurrence dans la production d’applications semblables ou différentes. Elles résultent de l’étude des demandes de brevet par les concurrents, de publications, de l’embauche de chercheurs ou par reconstitution du produit ou procédé de fabrication (reverse engeneering). Néanmoins, l’innovateur peut avoir intérêt à divulguer ses connaissances technologiques.

DeFraja [1993] intègre, dans un modèle de course au brevet sans mémoire, l’appropriation imparfaite des bénéfices de R&D afin de montrer que l’innovateur peut avoir intérêt à divulguer ses connaissances technologiques en l’absence même de compensations directes. Le cadre d’analyse retenu est le suivant. Deux firmes identiques i = {1,2}, engagées dans une course, choisissent un montant d’effort de R&D noté Xi = xi + βixi-1 où βi correspond au degré d’externalités technologiques de la firme message URL FORM53.gif. La divulgation des connaissances technologiques profite directement aux firmes concurrentes, d’une part, en augmentant leur probabilité de découverte et, d’autre part, en diminuant leurs coûts de production de R&D. La probabilité qu’en t, aucune firme n’ait innové, est donnée par message URL FORM54.gif.
Les gains du monopole, s’il remporte la course, se composent d’un profit direct lié à la détention du brevet V auquel s’ajoute un profit indirect découlant des externalités technologiques en provenance de la concurrence (βiW). En revanche, s’il y a dépassement, le monopole en place perçoit un profit W (gains du perdant) et un profit indirect dû aux externalités technologiques. Les fonctions de coûts supposées quadratiques sont données par message URL FORM55.gif. L’expression de la fonction de paiements du joueur i est :
message URL FORM56.gif

Les conditions d’équilibre sont résumées dans la proposition suivante.

Proposition de DeFraja [1993] : Si :

  • message URL FORM57.gif, alors en l’absence de diffusion des connaissances il existe deux équilibres de Nash symétriques en stratégies pures,
  • message URL FORM58.gif, il existe deux équilibres de Nash asymétriques en stratégies pures message URL FORM59.gif et message URL FORM60.gif avec message URL FORM61.gif. L’équilibre message URL FORM62.gif est tel que le monopole (resp. l’entrant) ne diffuse pas (resp. diffuse) ses connaissances,
  • message URL FORM63.gif, alors il existe trois équilibres de Nash en stratégies pures : les deux équilibres asymétriques décrits précédemment et celui de diffusion totale,
  • message URL FORM64.gif, il existe un équilibre de Nash en stratégies pures caractérisant la diffusion totale.

Si le monopole en place décide de désinformer ses concurrents (βi<0), les résultats de la proposition de DeFraja [1993] demeurent valides. Ainsi, pour une valeur de c suffisamment grande, les firmes ont toujours intérêt à diffuser leurs connaissances. Une des raisons invoquées pour justifier la désinformation du(es) concurrent(s) tient dans la volonté d’orienter les concurrents sur des pistes non rentables.