2.2.2.2. Les activités de recherche interne : l’accumulation de connaissances

Mener aujourd’hui des activités de recherche offre à la firme la possibilité d’innover, soit aujourd’hui, soit ultérieurement. L’aboutissement des activités de recherche peut être assimilé à des sauts technologiques.

Les modèles de course technologique (Fudenberg et al [1983] §3, Lippman-MacCardle [1988]83) aborde ce problème du point de vue de l’entrant en étudiant sa capacité en accumulant suffisamment d’expérience, soit de rattraper le monopole en place (situation de step-by-step), soit de le dépasser (situation de leapfrogging)84. Ces modèles considèrent deux firmes i = {1,2} engagées dans une course au brevet. Les possibilités de dépassements sont à l’origine d’accroissements discontinus et discrets de la probabilité instantanée de découverte au cours de l’intervalle de temps dt. Afin d’expliciter les enjeux liés aux sauts technologiques, le modèle de Fudenberg et al [1983] §3 sera présenté.

Ces probabilités de première et seconde étape, notées respectivement μ(.) et θ(.)85, dépendent de l’accumulation de connaissances message URL FORM73.gif de la firme i à la période j. La firme, la première engagée dans la course, dispose d’une avance en terme d’expérience ( message URL FORM74.gif). Toutefois, l’entrant peut, en découvrant l’innovation préliminaire avec une probabilité μ2(t), dépasser la firme en place. Etant donné que les probabilités de succès de seconde période suivent un processus de Poisson à sauts discrets, la probabilité de l’entrant de remporter la seconde étape est notée θ(0)86. L’innovation, à la seconde étape, dépend de l’accumulation de première période d’un niveau d’expérience minimal noté ϖ1 au coût cj i.e. coût de recherche de la firme i à la période j. En désignant par ϖ1 la date où le monopole franchit l’étape préliminaire et t2 celle où l’entrant s’engage dans la course, les conditions d’équilibre sont résumées par la proposition suivante.

Proposition de Fudenberg et al [1983] : à l’équilibre de Nash, le monopole en place poursuit ses activités de recherche à moins que son concurrent ne franchisse l’étape préliminaire avant ϖ1. La stratégie de l’entrant consiste, soit à abandonner la course au départ, soit à poursuivre ses activités de R&D jusqu’en ϖ1, soit à continuer ses activités de R&D à moins que le monopole innove avant ϖ1+t2.

Toutefois, dans la mesure où le processus d’innovation du monopole en place est également un processus à sauts discrets, il est possible de transposer cette étude au cas de la firme en place. Deux configurations peuvent survenir :

En innovant, la firme en place :

  1. accélère le rythme de diffusion des innovations,

  2. augmente le retard technologique de son concurrent.

L’accumulation des connaissances par recherche interne permet aux firmes de décourager les rivaux dans la mesure où :

  1. le rythme de diffusion des innovations se trouve accéléré,

  2. le retard technologique de son concurrent s’est accru.

Ainsi, l’analogie entre l’option d’exécution différée et l’investissement en protection privée est inexacte. En effet, les innovateurs sont incités à breveter leur(s) découverte le plus tôt possible.

Notes
83.

Ces derniers aboutissent en considérant le caractère aléatoire de l’accumulation des connaissances aux mêmes résultats que Fudenberg et al [1983] § 3.

84.

Sachant que l’innovateur acquiert une connaissance tacite qui ne peut être dupliquée sans un engagement préalable dans un programme de recherche, la condition préalable au dépassement est le rattrapage technologique (Aghion-Howitt [1998]).

85.

La probabilité (resp. ) est une fonction croissante (resp. constante) du taux d’accumulation de connaissance.

86.

Modéliser l’acquisition des connaissance à partir d’un processus de poisson à sauts discrets permet de prendre en compte le caractère discontinu du processus d’innovation.