La valeur des opportunités de croissance dépend de la valeur des revendications définies lors de la demande, à savoir la spécification de la largeur et de la hauteur. Les opportunités de croissance induites par la définition de la hauteur constituent la rétribution liée à l’exploitation des applications et/ou améliorations découlant de l’innovation. L’hypothèse selon laquelle l’innovateur développe et introduit une application et/ou amélioration par unité de temps est formulée. Aussi, la hauteur est évaluée par le décideur au nombre d’applications pouvant être introduites au cours :
de la course au brevet soit T applications,
Ces applications peuvent être introduites en totalité avant la date de déchéance du brevet si l’innovateur surestime son innovation, ou après, si l’innovation est sous-estimée. Dans ce dernier cas, la divulgation des informations technologiques permet aux (N-1) concurrents de développer une application par unité de temps. Le temps d’apprentissage nécessaire à la capacité d’absorption88 des informations technologiques est supposé nul. Aussi, T +D applications ultérieures découlant de l’innovation pourront être introduites par l’innovateur et (N-1)D applications seront développées par les concurrents pendant la durée de la détention du brevet. Ces erreurs d’estimation auront pour conséquence de modifier la valeur privée du brevet.
Le nombre d d’applications réelles découlant de l’innovation est supposé exogène. Plusieurs configurations peuvent être distinguées89 :
si l’innovation est surestimée, la durée de la course au brevet et de la protection industrielle suffisent à introduire toutes les applications potentielles (T+D>d),
le nombre d’applications introduites par les N concurrents à la déchéance du brevet excède le nombre d’applications potentielles de l’innovation (T+ND>d),
si à la déchéance du brevet, toutes les innovations ont été mises au point, alors l’innovateur développe T+D applications et ses concurrents se partagent les (d-T-D) restantes,
Chaque application découlant de l’innovation est à l’origine de recettes d’exploitation définies comme une fraction α des recettes d’exploitation courantes de l’innovation Rt avec α>0. En revanche, les coûts liés à la définition de l’étendue des revendications sont nuls puisque ces applications appartiennent à l’ensemble des applications réservées et protégées par l’innovateur. Dans la mesure où le temps d’apprentissage nécessaire à la capacité d’absorption est supposé nul, la valeur opportunités liées à la définition de la hauteur admet pour expression :
Dans la mesure où les innovateurs protègent prioritairement leurs innovations sur le marché domestique90 (François-Lehoucq [1998], Ramphft [1998]), l’hypothèse selon laquelle le nombre de pays désignés par le brevet est unitaire (n=1) est formulée. Outre les opportunités de croissance, le breveté dispose d’opportunités d’exploitation qu’il convient d’évaluer.
La capacité d’absorption est celle mise en évidence par Cohen-Levinthal [1989].
Ce cadre d’analyse a été initialement développé par Matutes et al [1996]. Leur objet est alors de déterminer l’impact des régimes de protection par la longueur et par l’étendue à la fois sur la durée d’attente avant l’introduction des premières applications et sur le développement des innovations ultérieures.
Ce comportement se justifie par le fait que les firmes connaissent mieux les concurrents et les procédures judiciaires sur le marché intérieur.