Conclusion

Une fois l’innovation brevetée, pour maintenir son titre de propriété en vigueur, l’innovateur s’acquitte d’une taxe de renouvellement. Dans la mesure où la décision de renouvellement reflète, plus la valeur des possibilités ouvertes par la détention du brevet, que la simple comparaison des avantages et des coûts, le paiement de cette taxe correspond à un investissement en vue d’une protection industrielle. Cet investissement est doté des caractéristiques d’irréversibilité, d’incertitude et doit être chaque année reconduit. La valeur des opportunités de croissance (étendue des revendications), d’exploitation (licence de brevet) ou stratégiques doit être intégrée dans le modèle de renouvellement. Dans ce cadre, la valeur privée des brevets dépend des profits courants d’exploitation et des profits liés aux opportunités. Aussi, un brevet non rentable à la période courante peut le devenir à la période suivante.

La prise en compte des opportunités incite les innovateurs à breveter leurs innovations à une étape prématurée du processus d’innovation et pour une durée plus longue. Il devenait alors indispensable de justifier ces tendances. Ainsi, la tendance des innovateurs à breveter leurs innovations à une étape prématurée semble provenir de la volonté d’utiliser les asymétries informationnelles à des fins stratégiques. En revanche, l’allongement de la durée de vie émane de la volonté des décideurs de rentabiliser les fonds investis en R&D.

Toutefois, ces modèles se particularisent pour trois raisons : la non considération du portefeuille de brevets de la firme, la neutralité au risque du décideur et l’absence de considérations stratégiques. Rares sont les firmes qui détiennent un unique brevet ; elles ont généralement en leur possession un portefeuille de brevets. Leur objectif est, soit de détenir des produits substituts, soit d’empêcher un concurrent d’analyser l’innovation, soit d’intimider les concurrents puisque les firmes détentrices de portefeuilles de brevets larges sont moins soumises aux actions en contrefaçon que les autres. Il conviendrait alors de prolonger l’analyse afin de mêler l’intégration des opportunités de valorisation à la constitution d’un portefeuille.

De plus, les modèles à valeur d’option considèrent généralement l’innovateur comme étant neutre au risque. Cette hypothèse permet d’isoler l’influence de la flexibilité des décisions et de l’information croissante indépendamment de toute hypothèse d’aversion au risque. Il pourrait être intéressant de prolonger l’analyse afin d’évaluer la sensibilité de la décision au risque.

Et enfin, l’environnement concurrentiel du décideur n’était pas considéré. L’étude de l’utilisation stratégique, soit de l’étendue des revendications, soit des licences nécessite de considérer les décisions stratégiques résultant d’un environnement réactif. Ainsi, dans le cadre des licences, il conviendrait de présenter un modèle de duopole intégrant les probabilités d’octroi et d’acceptation des licences. La valeur privée du brevet devient conditionnelle aux configurations.