L’articulation, dans un cadre statique, entre engagement irréversible et décision flexible a été menée dans deux directions113. La première tradition prône le caractère complémentaire de ces deux concepts (Vives [1989]), la seconde démontre leurs effets antagonistes (Spencer-Brander [1992], Henry [1993], Lecostey [1994], Yildizoglu [1994], Boyer-Moreaux [1997]). Ces travaux, appartenant à la théorie des barrières à l’entrée, ont pour objet de comparer la valeur de l’irréversibilité liée au choix d’un volume de production à celle de la flexibilité du choix évaluée en terme de variation de coûts.
L’objet de cette section est de transposer cette articulation au système des brevets afin d’estimer son efficacité. Ce dernier est dit plus efficace que le système du secret si la capacité de l’innovateur à dissuader l’entrée est plus forte lorsqu’il utilise ce mode de protection. Aussi, les valeurs stratégiques des décisions irréversible et flexible seront comparées afin d’en déduire les frontières de possibilités d’entrée, les zones de dissuasion à l’entrée i.e. les zones où l’entrée est bloquée et les zones d’influence stratégique i.e. les zones où une décision dissuade l’entrée alors que l’autre l’autorise. Plus la zone d’influence stratégique du brevet est forte, plus le système des brevets est efficace.
La section 1.1. présente le modèle (hypothèses, séquences de décisions et fonctions de profits espérés). La section 1.2. montre qu’il n’existe aucune zone où la flexibilité de la décision dissuade l’entrée alors que l’irréversibilité de la décision l’autorise ce qui fait de l’investissement en propriété industrielle (brevet) un investissement où l’effet de report est fortement atténué.
Ces travaux sont présentés dans l’Annexe 3.1.