Proposition 1 : La frontière des possibilités d’entrée dépend positivement des effets volatilité et engagement et négativement de l’effet rattrapage technologique.
Les zones de dissuasion à l’entrée et d’influence stratégique des décisions pour la firme en place sont représentées pour les valeurs simulées des paramètres F = 10, B = 3, s = 4, et s = -1 par les figures 4 (resp. 5) lorsque le brevet bas sur l’amélioration est conservé secret (resp. breveté par l’entrant).
Ces frontières de possibilité d’entrée permettent de dégager quatre zones de dissuasion à l’entrée. La première, qui est aussi la plus faible, correspond à la valeur stratégique de la flexibilité ; les trois autres à celle de l’irréversibilité. Trois résultats majeurs peuvent être mis en évidence :
le brevet dissuade d’autant plus l’entrée que le degré de sophistication de la technologie est élevé,
plus la technologie est sophistiquée, plus le degré d’efficacité du système des brevets est fort,
les innovations radicales sont, lorsque la taille espérée du marché est faible, sous-estimées.
Dans la mesure où en brevetant une technologie l’innovateur prive ses concurrents d’opportunités potentielles, son incitation à déposer en premier un brevet est d’autant plus forte que la technologie est radicale136. Ainsi, plus le degré de sophistication de la technologie est élevé, plus la valeur stratégique de l’irréversibilité est grande. De plus, quelle que soit la nature de l’innovation (radicale, moyenne ou inférieure), la valeur stratégique de l’irréversibilité contrebalance toujours celle de la flexibilité. Aussi, il existe des zones d’influence stratégique de l’irréversibilité caractérisant l’efficacité du système des brevets137. Cette efficacité est d’autant plus forte que le degré de sophistication de la technologie est élevé.
Toutefois, lorsque la taille espérée du marché est faible et l’effet volatilité fort, l’entrée est autorisée pour les innovations radicales alors qu’elle est dissuadée pour celles moyennes. Cet inversement de tendance s’interprète comme la conjonction de deux éléments : le manque d’informations lors du dépôt de brevet et la considération d’événements aléatoires défavorables à la décision irréversible (principe des « mauvaises nouvelles » de Bernanke [1983]). L’innovateur relativement pessimiste sous-estime, dans un premier temps, le caractère radicale de son innovation puis, dans un second temps, corrige son appréciation suite aux travaux de recherche interne menés une fois l’innovation brevetée.
Si l’entrant est parvenu à dépasser la firme en place, les zones de dissuasion à l’entrée et d’influence stratégique sont données dans la figure 5.
Les zones de dissuasion à l’entrée lorsque la firme en place conserve son amélioration secrète (resp. l’entrant brevette l’amélioration) sont d’autant plus fortes (resp. faibles) que le degré de sophistication de la technologie est élevé. En effet, pour les valeurs simulées des paramètres, lorsque la technologie est radicale, la zone de dissuasion à l’entrée est nulle. En outre, plus le degré de sophistication de la technologie est grand, plus la zone d’influence stratégique de l’irréversibilité est forte138. L’objectif de l’innovateur est, dans ce cas, d’acquérir une technologie pour priver ses concurrents d’opportunités potentielles. Cette incitation à préempter le concurrent par les brevets est d’autant plus forte que la technologie est radicale.
En effet, plus la technologie est radicale, plus le rattrapage technologique est difficile.
L’expression de la zone d’influence stratégique de l’irréversibilité est donnée par . Elle se compose d’un effet rattrapage technologique et d’un effet engagement fonction croissante de la taille globale espérée du marché () et du degré de sophistication de la technologie pour tous .
La valeur d’influence stratégique de l’irréversibilité est une fonction croissante de l’effet rattrapage technologique et engagement .