1.2.2 Innovation améliorable conservée secrète

Si la firme en place brevette le binôme innovation-amélioration alors le concurrent sera dissuadé d’entrer tant que ses profits sont négatifs. La frontière des possibilités d’entrée se déduit de l’analyse.

Conserver l’amélioration secrète (S) est la meilleure réponse de l’entrant à la décision irréversible () de la firme en place (BR2(B)=S) si message URL FORM255.gif

. Plus les effets volatilité et engagement sont forts, l’effet rattrapage technologique faible, plus la frontière des possibilités d’entrée est élevée. En outre, l’effet engagement, lorsque l’innovation de base améliorable est brevetée, est supérieur à celui obtenu lorsque l’innovation de base améliorable est conservée secrète.

En revanche, si le binôme innovation-amélioration est conservé secret alors :

la meilleure réponse de l’entrant est de ne pas s’engager dans la course (BR2(S)=NE) s’il n’est pas parvenu à combler son retard. Ainsi, en conservant les informations technologiques secrètes, la firme en place décourage l’entrant et finit la course en solitaire,
si l’entrant a rattrapé son retard, alors breveter le binôme innovation-amélioration est sa meilleure réponse (BR2(S)=B) si :

Plus les effets volatilité et engagement sont forts, l’effet rattrapage technologique faible, plus la frontière des possibilités d’entrée est élevée. Dans ce cadre, l’effet d’engagement sous-jacent au brevet sur le binôme innovation-amélioration est supérieur à celui sur l’amélioration.

La proposition 1 demeure valide lorsque le binôme innovation-amélioration est breveté. Les nouvelles zones de dissuasion à l’entrée et d’influence stratégique de l’innovation sont, pour les valeurs simulées des paramètres F=10, B=3, message URL FORM257.gif

, présentées dans les figures 6 et 7.

Figure 6 : Choix d’un mode de protection

Plusieurs conclusions se déduisent de cette étude :

si le brevet haut n’est déposé par aucun des protagonistes, alors la firme en place termine la course en solitaire ; il y a alors ε -préemption,
étant donné que la valeur stratégique de la flexibilité est nulle, les zones d’influence stratégique de l’irréversibilité¹³⁹ se confondent avec celles de dissuasion à l’entrée. Il est alors possible d’en déduire que le système des brevets est d’autant plus efficace que le degré de sophistication de la technologie est élevé,
la sous-estimation des innovations radicales est telle que non seulement les innovations moyennes mais aussi celles inférieures dissuadent l’entrée alors que celles radicales l’autorisent.
Si l’entrant est parvenu à rattraper son retard technologie, les frontières des possibilités d’entrée sont représentées dans la figure 7.

Figure 7 : Choix d’un mode de protection

Deux résultats se dégagent de l’analyse. Le système des brevets est plus efficace que celui de droit commun dans la mesure où, quelle que soit la nature de l’innovation, la valeur stratégique de l’irréversibilité excède celle de la flexibilité. Cette efficacité est d’autant plus forte que le degré de sophistication de la technologie est élevé¹⁴⁰. De plus, lorsque la taille du marché est faible, les innovations radicales sont sous-évaluées comparativement à celles moyennes et inférieures.

Notes

139.

Ces dernières admettent pour expression . Elles se composent d’un effet rattrapage technologique () et d’un effet engagement . L’effet engagement, pour tout , est une fonction décroissante (resp. croissante) de la taille espérée globale du marché (resp. du degré de sophistication de la technologie).

140.

L’expression de l’influence stratégique de l’irréversibilité est . Elle se compose d’un effet rattrapage technologique () inférieur à celui obtenu si l’innovation-amélioration est brevetée par la firme en place et d’un effet engagement () fonction croissante du degré de sophistication de la technologie et de la taille globale espérée du marché.