Conclusion

Le choix d’un mode de protection s’apparente à un arbitrage intertemporel. Deux options se présentent à l’innovateur : la décision flexible (le secret) lui conférant une rente de monopole plus grande à long terme et une décision irréversible (le brevet) lui permettant d’acquérir une rente immédiate plus faible mais pouvant être améliorée par la suite. La valeur stratégique de la flexibilité (resp. irréversibilité) tient dans la réduction du bénéfice informationnel du concurrent (resp. l’affectation de leurs choix). Dans ce cadre, le décideur optera pour le mode de protection industrielle lui donnant les profits les plus grands. L’efficacité des systèmes de protection industrielle se déduit de cet arbitrage. Dans un cadre atemporel, un système de protection sera dit plus efficace qu’un autre si la valeur stratégique de l’irréversibilité contrebalance toujours celle de la flexibilité. En revanche, un système de protection sera dit dynamiquement efficace si, non seulement, il est intertemporellement efficient mais aussi dissuade l’entrée.

La comparaison de ces deux systèmes met en évidence une efficacité statique du système des brevets dans la mesure où la valeur stratégique de la flexibilité ne peut contrebalancer celle de l’irréversibilité. Les stratégies de préemption par les brevets sont donc fortement motivées. Ce comportement serait la conséquence du système des brevets qui incite les agents à protéger leurs innovations avant qu’un concurrent ne les précède (Pakes [1986]). Toutefois, cette efficacité est fortement affaiblie puisque la considération d’opportunités d’informations à venir incite parfois l’innovateur à choisir à la première période la décision flexible. La sous utilisation du mode de protection de droit d’exception résulterait de l’essence du système des brevets lui-même.