A LES REPRÉSENTATIONS DES CONNAISSANCES

I. Définitions

Le petit Larousse définit une représentation par ’l’action de rendre sensible quelque chose au moyen d’un symbole’. Et de façon plus précise en psychologie par ’une image mentale dont le contenu se rapporte à un objet, à une situation, à une scène du monde dans lequel vit le sujet’.

Il définit également la connaissance par la ’faculté de connaître, de se représenter’.

Ainsi, la connaissance est la faculté d’avoir des représentations, la représentation l’accès à la connaissance. Représentation et connaissance apparaissent donc étroitement liées, à la recherche d’une définition introuvable du système cognitif humain, la représentation semblant servir d’interface entre le monde et les fonctions mentales qui caractérisent ce système.

Il s’ensuit qu’au sein des sciences cognitives dont l’objectif est l’étude interdisciplinaire de l’esprit humain, le terme de représentation renvoie à des conceptions largement différentes, les plus extrêmes allant même jusqu’à lui dénier toute réalité (Varela, 1993). Le paradigme théorique à l’intérieur duquel se développe une théorie de la mémoire influence profondément l’interprétation de la notion même de représentation. En psychologie cognitive, on peut distinguer deux grands paradigmes théoriques à travers lesquels ces différentes conceptions s’opposent, se complètent et conditionnent la modélisation du fonctionnement mental :

  • Un paradigme classique dit ’cognitiviste’ car il trouve ses sources dans les concepts de la psychologie cognitive des années 70. Ce paradigme considère la représentation comme une entité psychologique tangible, interface entre la réalité et le sujet.

  • Un paradigme concurrent, le connexionisme qui depuis une quinzaine d’années remet en question de nombreux aspects du cognitivisme à travers des concepts issus des neurosciences. La nature, voire même l’existence du concept de représentation est au centre de cette remise en question.

C’est donc le paradigme cognitiviste ’classique’ qui a rendu centrale cette notion de représentation. En effet, ce dernier trouve son origine dans le rejet du Béhaviorisme. Ce courant fondé par Watson (1913) se refusait toute inférence sur les opérations mentales, ne prenant en compte que les éléments observables à travers le fameux schéma stimulus-réponse. Selon sa théorie, le fonctionnement mental ne pouvait être appréhendé qu’à travers des réponses comportementales observables, elles-mêmes initiées par des stimulus observables. Sa méthode consistait à étudier les mécanismes généraux de l’apprentissage à travers des mécanismes de conditionnement. Ce paradigme très réducteur ayant échoué dans la formulation d’une théorie satisfaisante de la cognition humaine, Tolman (1927), béhavioriste critique, admet la construction de ’représentations internes’ non observables directement dans les opérations mentales. Par la suite, la fameuse ’boite noire’ ininterprétable pour les béhavioristes est remplacée par cette notion de représentation et un nouveau courant, la psychologie cognitive, s’organise autour de la question des représentations mentales et des traitements effectués sur ces représentations dans un processus cognitif.

D’une part l’approche computanionnelle de Marr (1982) tente d’expliquer le fonctionnement cognitif par des calculs ou computations en identifiant des étapes de traitement nécessaires à un système pour accomplir une tâche donnée et en définissant les sous-systèmes fonctionnels nécessaires à la réalisation de ces étapes.

D’autre part, les neuropsychologues du XIXème siècle tentent, dans une perspective localisationniste, d’expliquer des troubles cognitifs particuliers en termes d’atteintes de composants de traitements suite à des lésions cérébrales spécifiques.

Enfin, la psychologie cognitive, avec l’avènement de cette notion de représentation va trouver des influences fondamentales dans le domaine de la technologie de la télécommunication et de l’informatique avec la théorie du traitement de l’information et l’utilisation de l’ordinateur comme métaphore du fonctionnement mental. Elle part du postulat que le rapport entre l’esprit et le cerveau est à l’image du rapport entre le système physique et le système de traitement de l’information de l’ordinateur. A un niveau fonctionnel dit ’symbolique’, le fonctionnement cognitif est caractérisé par des états mentaux, les représentations et des processus, les traitements qui opèrent sur ces représentations. Ces états mentaux sont des représentations dans le sens où leur contenu est sémantiquement interprétable, ce qui leur confère une valeur psychologique. Dans cette perspective, ces représentations s’articulent tels les langages formels de la logique contemporaine, langage privilégié de l’ordinateur. Ce langage qui est en lui-même un système de représentation est constitué de symboles et de variables liés par des opérateurs qui déterminent la structure interne des propositions et des relations entre ces propositions.