3. 4. Les phénomènes de dissociation : conclusion

A travers l’analyse de ces phénomènes de dissociation, il apparaît que la définition d’une fonction ou d’un système de mémoire est un problème complexe qui ne peut s’interpréter qu’en rassemblant les données de la psychologie, de la neuropsychologie et des neurosciences.

La dissociation de tâches semble refléter différents systèmes mais elle est aussi interprétée par des opérations d’encodage et de récupération différentes selon les tâches. Pour certains auteurs, les méthodes d’indépendance fonctionnelle et stochastique posent des problèmes méthodologiques non négligeables. La comparaison des effets d’une variable sur deux tâches, chaque variable étant censée s’adresser à un système différent ne permet pas vraiment de trancher en faveur de l’existence de stocks mnésiques séparés. Les différences observées dans les résultats expérimentaux peuvent être attribuables à des différences de processus inhérents aux tâches.

Les travaux sur les dissociations de conscience démontrent que certains types d’apprentissage sont conscients et d’autres non. Certaines activités cognitives nécessitent la conscience du sujet, d’autres se font de façon automatique, d’où les termes mémoire implicite et mémoire explicite. Les modèles multiples associent systèmes mnésiques et niveaux de conscience. Cependant, comme nous l’avons vu, ces associations restent discutables. Si certains auteurs interprètent les niveaux de conscience comme différents systèmes mnésiques, elles signifient pour d’autres divers modes d’accès aux connaissances à l’intérieur d’un même système.

Les recherches sur les amnésiques indiquent que des troubles de mémoire sont liés à des lésions anatomiques distinctes. Cependant, comme nous l’avons vu pour l’hippocampe, l’implication d’une structure définie n’implique pas un lieu de stockage précis et ne prend son sens qu’à travers ses connexions avec d’autres structures. De plus, les phénomènes d’amorçage et les nouveaux apprentissages observés dans des tâches procédurales chez des patients amnésiques ne reflèteraient que des phénomènes de conditionnement du type stimulus-réponse. De même que les dissociations de tâches et les dissociations de conscience, les dissociations neuropsychologiques restent controversées quand à leur interprétation. Dans une perspective non abstractionniste, elles ne sont pas la preuve de stocks mnésiques distincts.