4. Les modèles de type symbolique : conclusion

Les grands concepts des modèles de type symbolique sont la théorie de la diffusion de l’activation dans un réseau (Quillian, 1969), la théorie du prototype (Rosch & Mervis, 1975) et la théorie de différents systèmes mnésiques (Tulving, 1985 ; Anderson, 1983).

Ces conceptions basées sur la métaphore de l’ordinateur prônent une accumulation passive de l’information dans des modules traitant de l’information symbolique. Les unités mnésiques sont des entités abstraites qui une fois stockées ne semblent pas avoir la possibilité d’évoluer et les modèles n’ont pas d’explication concernant leur encodage. Leur stockage se fait à des endroits précis dans un réseau hiérarchique (Quillian, 1969) ou dans des systèmes mnésiques différents (Tulving, 1985 ; Anderson, 1983 ; Schachter & Cooper, 1995) selon le type de représentation (présémantiques, sémantiques, épisodiques, déclaratives, procédurales). Ainsi, la définition de la nature des unités mnésiques et des règles de fonctionnement des opérations d’encodage et de stockage ne semble pas satisfaisante.

Un autre inconvénient des modèles abstractionnistes est la distinction entre les travaux sur la nature des connaissances et les travaux sur leur organisation. Certains modèles (Tulving, 1985 ; Anderson, 1983 ; Schacter & Cooper, 1995) dépassent cette dichotomie en proposant différents systèmes mnésiques selon le type de connaissance et s’appuient sur les phénomènes de dissociation : dissociations entre tâches, dissociations de conscience, dissociations neuropsychologiques. Cependant, comme nous l’avons vu, leur interprétation en termes de différentes mémoires est loin de faire l’unanimité, certains auteurs interprétant ces dissociations fonctionnelles au sein d’un même système.

Selon McKoon, Ratcliff et Dell (1986), la conception de Tulving d’une mémoire épisodique incarnée dans une mémoire sémantique est proche de la conception d’un seul système de mémoire. Il y aurait peu de différence entre les deux perspectives, la mémoire épisodique n’étant qu’un sous-système de la mémoire sémantique. Selon eux, les effets labellisés sémantiques ou épisodiques ne sont que la catégorisation des divers processus mnésiques. Il est entendu qu’une trace épisodique doit être porteuse de sens et ne peut être séparée des propriétés sémantiques de la mémoire. Il est donc difficile de séparer stock épisodique et stock sémantique. Contrairement à Schacter et Cooper (1995), McKoon et Ratcliff (1995) interprètent les résultats sur des tâches de décisions d’objets en termes de niveaux de traitement de l’information sans supposer différents systèmes de mémoire. Ils supposent que les niveaux de représentation correspondent à différents types d’information. L’information de bas niveau traiterait les traits perceptuels, l’information de plus haut niveau traiterait des parties d’objets et l’information de très haut niveau traiterait les objets en entier ainsi que les liens associant les informations sémantiques vers d’autres informations en mémoire. Les dissociations observées au milieu des variables seraient dues au fait que différentes variables affectent les traitements à différents niveaux du système.

Ainsi, les modèles abstractionnistes décrivent le fonctionnement cognitif à un niveau symbolique. Ces modèles sont dits fonctionnels car ils ne décrivent pas les traitements impliqués dans le fonctionnement mnésique et ne prennent pas en compte le fonctionnement cérébral et les propriétés du système nerveux.