3. Les modèles épisodiques : conclusion

Selon Estes (1991), ces modèles épisodiques bien que très différents en forme partagent la même architecture que les modèles de type symbolique dans le sens où la représentation de l’information reste localisée.

En effet, les modèles à traces multiples supposent que chaque expérience est stockée dans une trace indépendamment des autres traces et les modèles d’exemples supposent que chaque exemple est stocké indépendamment des autres exemples.

Il les regroupe sous le nom de ’arrays models’ dans lesquels une trace encodée en mémoire est conçue comme étant stockée à une adresse précise et préservant son identité toujours selon la traditionnelle métaphore spatiale. Il les oppose aux modèles de la mémoire distribuée basée sur une architecture dans laquelle l’identité individuelle d’une trace est perdue.

Cependant, ces modèles nous semblent différer des premiers dans la mesure où les connaissances ne sont plus des concepts localisés mais des traces qui sont multidimensionnelles, activées en parallèle et qui peuvent se modifier avec l’accumulation d’autres traces.

Cette importante différence de l’unité mnésique a des implications théoriques importantes : d’une part, il n’est plus nécessaire de distinguer un système sémantique d’un système épisodique, les représentations sémantiques étant les tendances centrales des représentations épisodiques. D’autre part, cette approche permet de décrire à la fois la nature des connaissances, leur organisation, la façon dont elles se construisent et les influences contextuelles. Enfin, elle a permis d’introduire la notion d’évolution des connaissances, ce qui se traduit par une conception de la mémoire plus dynamique que les modèles abstractionnistes. En effet, la fonction principale de la mémoire n’est pas de permettre l’accès à des représentations stockées mais de recréer des configurations de stimulations correspondant à des situations vécues.

Il reste à reconsidérer cette notion de trace mnésique dans une perspective plus souple en accord avec les connaissances actuelles. En effet, il semble peu probable que le système nerveux garde systématiquement une trace de tout ce qu’il traite et que chaque trace soit stockée indépendamment des autres traces comme le supposent les modèles épisodiques. Ce mode de mémorisation serait peu économique, fort coûteux d’un point de vue attentionnel et exigerait une capacité de stockage illimitée.

Une nouvelle forme d’architecture doit être capable d’intégrer cette notion de trace multiple et épisodique en accord avec les propriétés du système nerveux. C’est ce que propose le courant connexionniste qui remet radicalement en question les modèles à l’intérieur desquels l’information est localisée.

Comme nous l’avons vu dans la première partie de notre exposé, ce paradigme remet également en question la notion classique de représentation telle qu’elle est abordée dans le paradigme cognitiviste. Dans cette perspective, une représentation n’est pas une entité tangible stockée dans un système localisé mais un processus émergeant des propriétés du système nerveux.