I. Ligne logique et narrative

Dans S/Z, Barthes essaie de dresser la carte de la nouvelle de Balzac, Sarrazine, c’est-à-dire de repérer un ensemble d’éléments caractéristiques et de les mettre à plat dans un souci presque didactique. Ces images spatiales (« dresser la carte », « repérer », « mettre à plat ») sont suggérées par la terminologie propre de Barthes : il ne cesse en effet d’utiliser le terme de « relevé »161. Il distingue ainsi cinq codes qui vont être comme autant d’outils d’orientation pour la nouvelle de Balzac mais aussi pour toute approche d’un texte en général : l’herméneutique, le sémantique, le symbolique, le proaïrétique, et le culturel. Or, deux codes nous intéressent particulièrement ici en ce qu’ils correspondent à la forme spatiale de la ligne logique et narrative : les codes proaïrétique et herméneutique. Le code proaïrétique, c’est le « code des actions et des comportements » en tant que les « actions s’organisent en suites », en « séquence[s] »162. Le code proaïrétique est proche de ce que les formalistes russes appellent « fonctions », c’est-à-dire les « actions [des] personnage[s] » : « ‘[p]ar fonction, nous entendons l’action d’un personnage, définie du point de vue de sa signification dans le déroulement de l’intrigue’ »163. Par ailleurs, ces fonctions se déroulent toujours dans les contes dans un « ordre » et une « succession » identique (p. 31). Nous allons voir en revanche que chez Conrad, Lowry et White, on assiste à une disparition de l’action et à une problématisation de la notion même d’événement.

Notes
161.

Il parle en effet d’» unités repérées ici » (p. 23) et de « relevé de ces unités » (p. 23) dans S/Z, Paris : Seuil, 1970.

162.

Ibid., p. 22.

163.

Vladimir Propp, Morphologie du conte, Paris : Seuil, 1965, p. 31.