Recul et retour de l’origine

La recherche de l’origine est un véritable topos du roman et elle a connu ses heures de gloire au XIXe siècle, siècle dont le goût pour l’histoire et le récit supposait une quête incessante des origines : ‘« [...] a great part of the nineteenth century confidence in narrative explanation, and the need for it, reposes on the postulate that a history can be and should be a tracing of origins’ »270. Paradoxalement, c’est aussi le siècle qui a vu lui échapper la notion d’origine au sens d’identité, de ‘« pur et simple redoublement de la représentation ’» :

‘Retrouver l’origine au XVIIIe siècle, c’était se replacer au plus près du pur et simple redoublement de la représentation. [...] dans la pensée moderne, une telle origine n’est plus concevable : on a vu comment le travail, la vie, le langage avaient acquis leur historicité propre, en laquelle ils étaient enfoncés : ils ne pouvaient donc jamais énoncer véritablement leur origine, bien que toute leur histoire soit, de l’intérieur, comme pointée vers elle. Ce n’est plus l’origine qui donne lieu à l’historicité ; c’est l’historicité qui dans sa trame même laisse se profiler la nécéssité d’une origine qui lui serait à la fois interne et étrangère [...]271.’

Ainsi, dans Heart of Darkness, Under the Volcano et Voss, l’origine ne se dessine qu’a postériori, dans la « trame » narrative dont l’historicité même « laisse se profiler la nécéssité d’une origine qui lui serait à la fois interne et étrangère » (Ibid.).

Notes
270.

Brooks, Reading for the Plot, op.cit., p. 275.

271.

Michel Foucault, Les mots et les choses, une archéologie des sciences humaines, Paris : Gallimard, 1966, p. 340.