b.011Lowry : le jeu arachnéen du signifiant

Under the Volcano est un roman arachnéen ou encore histologique876 au sens où il est tissé de multiples fils, notamment de références intertextuelles variées et de nombreux échos intratextuels. Ces différents fils qui se tissent entre eux forment une trame, un étoilement paradoxal qui tend d’une part à confirmer l’impression d’un roman d’obédience tragique, la chronique d’une mort annoncée, et d’autre part, à l’inverse, une forme de déperdition de tout déterminisme, voire même de toute identité. Le roman hésite entre une mécanique tragique telle que la conçoit l’esprit paranoïaque du Consul et, par ailleurs, les lignes de fuite ménagées par un étoilement « involontaire », « aléatoire », les jeux de mots et jeux intertextuels faisant alors exister des « systèmes » d’interprétation concurrents, contradictoires, et ceci, simultanément. D’un côté, un jeu du signifiant réduit à illustrer l’étoilement centripète du roman autour d’une vision paranoïaque du monde comme tracé et tissé à l’avance, comme ce fil qui n’aurait plus qu’à se déployer selon une mécanique qui exclut toute possibilité de jeu, de liberté, de choix et l’on retrouve ici la thématique d’un système fasciste qui détient tous les fils et tisse sa toile autour des personnages. D’autre part, un jeu du signifiant qui tourne en roue libre et amène la prolifération d’autres réseaux concurrents qui au contraire relancent le jeu signifiant et interprétatif.

Notes
876.

Jacques Derrida parle du « textuel », du « textile » et de « l’histologique ». Il s’intéresse à l’étymologie de l’histologique en soulignant que « istos » signifie à la fois le métier de tisserand, la trame, le tissu ou la toile, et par analogie la toile d’araignée (La dissémination, Paris : Seuil, 1972, p. 81). Ces associations seront éclairantes en ce qui concerne l’écriture de Under the Volcano qui utilise la métaphore de la toile d’araignée de manière récurrente.