d.011Énonciation et oscillation

Chez Conrad, énonciation et oscillation vont de pair et ceci est tout-à-fait frappant dans un roman tel que Lord Jim, roman de l’indécision et de l’hésitation s’il en est. Ainsi, dans certains passages, Marlow semble à la fois ménager un espace de jeu pour d’autres interprétations que la sienne tout en imposant indirectement son point de vue de manière presque autoritaire. Cette énonciation paradoxale qui hésite entre ouverture et fermeture du sens est très bien illustrée par le passage où Marlow essaie de faire comprendre qui était Jim et ce que représente le retour au pays pour quelqu’un de déraciné comme lui (« straggler »), passage dans lequel il fait les questions et les réponses :

‘I think it is the lonely, without a fireside or an affection they may call their own, those who return not to a dwelling but to the land itself, to meet its disembodied, eternal, and unchangeable spirit–it is those who understand best its severity, its saving power, the grace of its secular right to our fidelity, to our obedience. Yes ! Few of us understand, but we all feel it though, and I say all without exception, because those who do not feel do not count. [...] I don’t know how much Jim understood; but I know he felt, he felt confusedly, but powerfully, the demand of some such truth or some such illusion–I don’t care how you call it, there is so little difference and the difference means so little. (LJ, pp. 206-207). ’

Le narrateur affirme ainsi que l’attachement au pays nourricier, à la terre (« land ») est difficile à comprendre mais reconnu de tous, puis il se reprend et dit que ceux qui ne reconnaîtraient pas cet état de fait sont négligeables de toute façon car indignes d’intérêt. Il ajoute ensuite que Jim avait besoin d’un ancrage dans le lieu ou d’une autre forme d’ancrage, cette vérité ou cette illusion selon le point de vue adopté, ce qui semble laisser libre champ à l’interprétation du lecteur jusqu’à ce que Marlow poursuive et déclare, péremptoire, que vérité et illusion reviennent au même. A chaque fois l’ouverture ménagée est obstruée par le narrateur. Tout ce passage est très paradoxal puisque Marlow ne cesse d’affirmer que tout réside dans l’interprétation du lecteur tout en imposant son point de vue comme le seul valide : ‘« I affirm he had achieved greatness; but the thing would be dwarfed in the telling, or rather in the hearing’ » (LJ, p. 209). Une difficulté toute aussi cruciale se pose à la fin du roman où la voix de Marlow se mêle à celle de la personne privilégiéé de son auditoire à qui il décide d’envoyer les derniers documents concernant Jim, deux ans plus tard. En effet, les vues ethnocentriques et racistes de ce destinateur sont citées au discours indirect libre et semblent ainsi jeter le discrédit sur les propres opinions de Marlow.

Ce dernier avait terminé son récit proprement dit au chapitre XXXV et les 10 chapitres suivants sont consacrés à la lettre qu’il adresse à cet auditeur, ‘« l’homme privilégié ’» (LJ, p. 292). Avec cette lettre se trouvait aussi un paquet comprenant deux autres lettres et un récit de Marlow :

‘At first [the privileged man] saw three distinct enclosures. A good many pages closely blackened and pinned together; a loose square sheet of greyish paper with a few words traced in handwriting he had never seen before, and an explanatory letter from Marlow. From this last fell another letter, yellowed by time and frayed on the folds. (LJ, p. 293)’

L’envoi de Marlow comprend une amorce de lettre de Jim (« a loose square sheet of greyish paper »), une lettre du père de Jim (« another letter, yellowed by time and frayed on the folds »), ainsi que le récit de Marlow (« A good many pages closely blackened and pinned together »). Ce récit fait donc place à deux autres voix, deux autres instances énonciatives, Jim et son père. En outre, le fait d’adresser ce paquet à un auditeur dont il ne semble pas partager le point de vue suggère une éventuelle instance énonciative supplémentaire. En effet, lorsqu’il cite les mots de cet auditeur privilégié, il le fait avec ironie et contredit son point de vue, au moins en partie :

‘You prophesied for him the disaster of weariness and of disgust with acquired honour, with the self-appointed task, with the love sprung from pity and youth. You had said you knew so well “that kind of thing,” its illusory satisfaction, its unavoidable deception. You said alsoI call to mindthat “giving your life up to them” (them meaning all of mankind with skins brown, yellow, or black in colour) “was like selling your soul to a brute.” You contended that “that kind of thing” was only endurable and enduring when based on a firm conviction in the truth of ideas racially our own, in whose name are established the order, the morality of an ethical progress.
[...]
The point, however, is that of all mankind Jim had no dealings but with himself, and the question is whether at the last he had not confessed to a faith mightier than the laws of order and progress. (LJ, p. 293)’

Si Marlow souligne ici sa différence de point de vue avec l’auditeur privilégié, il est à noter qu’il ne dit rien sur les vues ethnocentriques et racistes de ce dernier, son silence équivalant dans le meilleur des cas à de la lâcheté, et dans le pire des cas, à des vues toutes aussi douteuses. Il ne faut certes pas oublier à qui s’adresse le récit de Marlow : des marins sûrs de leur supériorité de « race » et de profession. Par ailleurs, à un niveau différent qui est celui du rapport de l’auteur Conrad à ses lecteurs, la publication de Lord Jim sous forme de feuilletons dans le magazine ‘Maga’ supposait des stratégies particulières pour plaire au lectorat pro-impérialiste du magazine900, d’autant que contrairement à Flaubert qu’il admirait tant, il cherchait non pas à se défaire de son public le plus probable mais à le gagner901. Il n’était pas possible de le prendre de front et il s’agissait plutôt de l’amener à douter, à réfléchir sur la démarche impérialiste et les présupposés idéologiques que recèle, parmi d’autres, l’expression « one of us ». Comme le souligne Lacan, « ‘[p]our comprendre ce qu’on dit, il importe d’en voir les doublures, les résonances, les superpositions significatives’ »902. Le paradoxe de l’écriture de Conrad tient à la fluctuation permanente entre divers points de vue et diverses instances énonciatives qui obligent le lecteur à ne pas prendre pour argent comptant les mots et les interprétations mis en avant mais à les replacer dans un contexte social, une situation d’énonciation qui en trahit tous les présupposés idéologiques et culturels sous-jacents.

Dans un article consacré à la question de l’énonciation, Fothergill conclut que l’auteur polonais va en ce sens plus loin que Saussure puisqu’il réintroduit la notion d’» espace social » ou encore situation d’énonciation : ‘« [...] what Saussure’s model cannot cater for is the speech-situation, the often-contested social space in which the utterance (spoken, written, or gestural) takes place and derives its meaning.’ »903 Il analyse ainsi finement un passage de Heart of Darkness qui expose clairement les contradictions de Marlow : il est à la fois un individu qui exprime librement ses opinions à la première personne et un homme dont on parle à la troisième personne et qui est utilisé, voire manipulé, par la Compagnie belge dont il critique certaines visées et pratiques. Par conséquent, lorsqu’il tombe sur une file indienne d’esclaves enchaînés et affamés et qu’il entend ensuite une détonation, son premier réflexe est de penser à l’épisode durant lequel il avait vu un navire de guerre canonner le continent (africain) et il remarque que néanmoins les hommes enchaînés sous ses yeux ne pouvaient être qualifiés d’» ennemis » :

‘A slight clinking behind me made me turn my head. Six black men advanced in a file, toiling up the path. [...] Another report from the cliff made me think suddenly of that ship of war I had seen firing into a continent. It was the same kind of ominous voice; but these men could by no stretch of imagination be called enemies. They were called criminals, and the outraged law, like the bursting shells, had come to them, an insoluble mystery from the sea. (HD, pp. 42-43)’

L’estimation comme quoi ces hommes ne pouvaient en aucun cas être appelés des ennemis émane de Marlow : la phrase est ici du discours indirect libre. Fothergill note néanmoins qu’après cette exclamation éclairée qui semble le désigner comme disposant de tout son libre arbitre, il est toutefois renvoyé à ses propres contradictions par le regard que porte sur lui l’indigène chargé du groupe d’esclaves. Ce dernier voit en effet en lui à la fois un blanc (en ce sens susceptible de toutes les exactions) et un homme travaillant pour la Compagnie et participant ainsi à l’exploitation et au châtiment des esclaves, mission qualifiée ici de « ‘noble cause de ces mesures de haute justice ’»904 :

‘[The man] had a uniform jacket with one button off, and seeing a white man on the path, hoisted his weapon to his shoulder with alacrity. This was simple prudence, white men being so much alike at a distance that he could not tell who I might be. He was speedily reassured, and with a large white, rascally grin, and a glance at his charge, seemed to take me into partnership in his exalted trust. After all, I also was a part of the great cause of these high and just proceedings. (HD, p. 43)’

Ici, contrairement aux phrases précédentes, le « je » énonciatif ne représente pas les propos ni les pensées de Marlow mais ceux de l’indigène : lorsque Marlow dit « j’étais au service de la noble cause de ces mesures de haute justice », il sous-entend « [l’indigène me fit remarquer/pensait que] j’étais au service de la noble cause de ces mesures de haute justice ». Marlow est donc à la fois celui qui dénonce l’asservissement des indigènes par l’appellation abusive d’» ennemis » et de « criminels » et celui qui cautionne malgré tout ce système en travaillant pour la compagnie. Il est à la fois maître de son énonciation et esclave du discours et des méthodes de la Compagnie. Fothergill remarque que Marlow n’est plus alors metteur en scène et conteur de sa propre histoire mais pantin d’une histoire politique dans laquelle il se trouve impliqué–une histoire, qui plus est, racontée et interprétée par un autre que lui (l’indigène qui voit en lui un membre de la Compagnie) : ‘« That is, in his interpolative interpretation of the overseer’s obsequious gestures, Marlow feels himself placed in a political narrative he would rather deny.’ »905 Mais Fothergill pourrait pousser son analyse énonciative encore plus loin ici en montrant que non seulement Marlow ne se voit et ne se raconte pas de la même manière que l’indigène le voit et le raconte, que deux énonciateurs, deux spectateurs, interprètent des mots, une situation, de manière différente, mais qu’un même énonciateur dans une situation différente peut adopter deux positions subjectives différentes. Ainsi, lorsque Marlow suggère que les hommes enchaînés ne peuvent pas être qualifiés d’» ennemis », il semble suggérer qu’à l’inverse les indigènes canonnés par le navire de guerre pouvaient l’être sans pourtant donner plus de justification. Il semble donc avoir une vision libérée de tout préjugé et de tout intérêt personnel dans un cas et non dans l’autre, où il reprend apparemment à son compte une propagande guerrière adoptée afin de masquer les visées essentiellement matérialistes et intéressées de l’impérialisme. Il semble donc soit parler en son nom propre, comme sujet de l’énonciation, soit parler comme sujet d’un énoncé déjà écrit pour lui. Dans Under the Volcano, les sujets sont eux aussi souvent parlés par des énoncés qu’ils ne maîtrisent que partiellement, d’autant que le Consul oscille sans cesse entre sobriété, légère griserie et franche ébriété, phases durant lesquelles il ne semble plus contrôler ses pensées.

L’ensemble du roman est centré sur les pensées des personnages plus que sur leurs actions et il est frappant de voir que l’énonciation semble prendre une place prédominante. Les principaux protagonistes se plaisent à envisager des décisions ou actions possibles pour ensuite les nier. Ce processus de dénégation devient un véritable leitmotiv stylistique du roman :

‘[...] why did I not send a telegram or some word immediately? Ah, why not, why not, why not? For I suppose you would have come back in due course if I had asked you. But this is what it is to live in hell. I could not, cannot ask you. I could not, cannot send a telegram. (UV, p. 38)’

Il est aussi fréquent qu’ils affirment quelque chose pour ensuite le nier ou le mettre en doute, comme si nulle assertion n’était plus possible. Au chapitre VI, Hugh s’interroge sur son identité et il ne trouve que des affirmations contradictoires :

‘I am not a prodigy any longer. I have no excuse any longer to behave in this irresponsible fashion. I am not such a dashing fellow after all. I am not young. On the other hand : I am a prodigy. I am young. I am a dashing fellow. Am I not ? You are a liar, said the trees tossing in the garden. You are a traitor, said the plantain leaves. And a coward too, put in some fitful sounds of music that might have meant that in the zócalo the fair was beginning. (UV, p. 151)’

Hugh, comme le Consul, semble ici victime d’une sorte de dédoublement de personnalité voire même d’une « démultiplication » de personnalité au sens où ses pensées et voix intérieures se succèdent et se contredisent sans que l’on sache où Hugh se situe, s’il n’évoque ces différentes interprétations que par pur jeu rhétorique ou s’il est effectivement en train de perdre pied. La succession de pronoms personnels, « I » et « you » souligne le vertige énonciatif qui veut qu’il n’y ait de réalité attribuée à la personne (« je », « tu ») que dans une situation d’énonciation donnée. La subjectivité ou l’» ego », pour reprendre la dénomination choisie par Benvéniste, sont déterminés par une situation de communication ou encore d’interlocution : « ‘Est “ego” qui ’ ‘dit’ ‘ “ego”. Nous trouvons là le fondement de la “subjectivité”, qui se détermine par le statut linguistique de la “personne’” »906. La seule façon d’affirmer une quelconque subjectivité, fut-elle exclusivement d’ordre intersubjectif est donc bien une question de placement, de positionnement d’un « je » en face d’un « tu ». La manifestation de la subjectivité est par conséquent un problème de placement et de déplacement du fait que l’homme a besoin de s’ancrer dans un discours et une situation d’interlocution pour s’appréhender. Le « je » n’est que celui qui dit « je » et n’est perçu comme sujet plein que dans le regard et l’écoute de l’interlocuteur, soit vis-à-vis d’un « tu » : « ‘[...] en arrivant à destination, ce je est reçu par mon interlocuteur comme un signe stable, issu d’un code plein, dont les contenus sont récurrents.’ »907. Or Hugh ne parle ici à personne et il se parle, semble-t-il, à lui-même. Il devient donc la proie de ce que ses voix lui dictent. Le dilemme du Consul est similaire puisqu’incapable d’entrer en contact avec les autres protagonistes, de se positionner vis-à-vis d’eux, il en est réduit à un dialogue avec lui-même où le jeu du miroir ne peut lui renvoyer qu’une image brisée en autant d’éclats que de voix intérieures, ces fameux « esprits familiers » (« familiars ») qui lui murmurent des pensées à l’oreille alors même qu’il dialogue avec Yvonne :

‘[The Consul :] “–A straight whiskey then. Go ahead. What have you got to lose ?”
[Yvonne :] “...Let me have some breakfast first !”
“–She might have said yes for once,” a voice said in the Consul’s ear at this moment with incredible rapidity [...].
“I don’t feel you believe in the strychnine somehow,” the Consul said, with quiet triumph [...]. “Neither do I believe in the strychnine, you’ll make me cry again, you bloody fool Geoffrey Firmin, I’ll kick your face in, O idiot !” That was yet another familiar and the Consul raised his glass in token of recognition [...].
“How do I look ?” she seemed to have said. Yvonne averted her face a little, keeping it in profile.
“Didn’t I say ?” The Consul watched her. “Beautiful...Brown.” Had he said that ? (UV, pp. 69-71)’

Le Consul dans ce passage se remémore des bribes de dialogue supposé réel avec Yvonne entrecoupées de commentaires de la part de ses voix intérieures ou « familiers » et de propos dont le statut reste incertain (« she seemed to have said », « Had he said that ? »). Mais rétrospectivement le lecteur est amené à se poser des questions sur les parties du dialogue citées comme « réelles » au sens où le narrateur ne les remet pas en cause explicitement mais néanmoins les présente à la suite des parties imaginées. Une critique, Suzanne Kim, résume ces difficultés de la manière suivante : « ‘Déterminer la focalisation énonciative relève souvent du tour de force : est-on dans le fantasme ? ou la fantasmagorie ? le rêve ou la rêverie, l’éthylique ou le visionnaire ? le réel ou le mental ?’ »908 Et ceci est d’autant plus frappant que dans d’autres passages que nous avons déjà étudiés, notamment au chapitre X, nul indice typographique, nul verbe introducteur du type « he said » ne viennent signaler qui parle à qui (voix intérieures, souvenirs, discours entendus ?) et seule la répétition de certains syntagmes déjà identifiés auparavant peut permettre de les situer et de ne pas se noyer dans ce véritable « agencement d’énonciation »909. Il est donc inutile pour le lecteur de Under the Volcano de se demander qui est le Consul et bien plus intéressant de s’interroger sur le fonctionnement de l’» agencement d’énonciation » dont il se fait le réceptacle. Dans Under the Volcano comme dans K de Kafka, c’est ‘« l’agencement qui prend la place de tout sujet ’»910. Ceci illustre la prise de conscience moderniste que l’identité et le sujet tels qu’ils avaient été appréhendés jusqu’alors n’avaient plus cours et qu’il fallait bien plutôt parler de ce que Deleuze appelle « agencement » ou de ce que Meschonnic appelle « transénonciation » :

‘L’unité réelle minima, ce n’est pas le mot, ni l’idée ou le concept, ni le signifiant, mais l’agencement. C’est toujours un agencement qui produit les énoncés. Les énoncés n’ont pas pour cause un sujet qui agirait comme sujet d’énonciation, pas plus qu’ils ne se rapportent à des sujets comme sujets d’énoncé911. ’ ‘L’histoire de la modernité, en art et en littérature, apparaît alors inséparable d’une histoire de la subjectivité. [...]
La modernité, il n’y a que l’art et la littérature qui le montrent à la société, n’a pas de référent. Seulement un sujet. Toujours différent et différent des sujets particuliers. Elle est la transénonciation même.
C’est sa force. La force des mots vides. Les plus forts, parce qu’ils sont seulement pleins de ce qu’on y met, qui change indéfiniment912. ’

Etudier un « agencement » plutôt qu’un sujet plein, stable, invariant, c’est aussi étudier tout autant les surfaces que la profondeur, accepter de ne pas toujours remonter à un centre unique perceptif, identitaire, langagier qui serait comme la profondeur cachée à redécouvrir derrière une surface trompeuse.

Notes
900.

Le magazine Maga de la maison d’édition Blackwood est un magazine conservateur et attaché aux traditions du récit viril : « Blackwood’s was a conservative, traditionalist magazine that liked to give its readers good fare in masculine story-telling. » (Jocelyn Baines, Joseph Conrad, A Critical Biography, Londres : Weidenfeld and Nicolson, 1960, p. 281).

901.

Mark Conroy a consacré un ouvrage à ce sujet et il déclare : « Many of the conflicts in Gustave Flaubert’s writings stem from his uneasy relationship with his readers : put simply, his work and his life suggest an overmastering desire to lose his likeliest audience. [...] But there are also writers whose lifelong project and whose interest reside in part in the attempt to find or to found an audience. Joseph Conrad is primarily of the latter sort [...] His desire for an audience is a part of his desire to be legitimated–to be accepted by a readership to whom he was culturally and linguistically a newcomer. » (Mark Conroy, Modernity and Authority : Strategies of Legitimation in Flaubert and Conrad, Londres : John’s Hopkins University, 1985, p. 87).

902.

Jacques Lacan, Le séminaire, Livre III, Les psychoses, op. cit., p. 131.

903.

Anthony Fothergill, « Signs, Interpolations, Meanings : Conrad and the Politics of Utterance », in Andrew Gibson et Robert Hampson (éds.), The Conradian, Conrad and Theory, Amsterdam : Rodopi, 1998, p. 53.

904.

Traduction de Jean Deurbergue dans la Pléiade.

905.

Fothergill, op. cit., p. 45.

906.

Emile Benvéniste, Problèmes de linguistique générale 1, Paris : Gallimard/Tel, 1966, p. 260.

907.

Roland Barthes, Le bruissement de la langue, Essais Critiques IV, Paris : Seuil/Points, 1984, p. 28.

908.

Suzanne Kim, « Le récit piégé de Under the Volcano », Études anglaises, T. XLIII, n°1, 1990, p. 72.

909.

Deleuze utilise cette expression dans l’analyse qu’il fait du roman K de Kafka et notamment d’un passage dans lequel il expose que l’énoncé ne peut être « rapporté à un sujet, dédoublé ou non, clivé ou non, réfléchi ou non » mais qu’il est en lui-même « agencement d’énonciation dans un procès qui ne laisse pas de place à un sujet quelconque assignable, mais qui permet d’autant plus de marquer la nature et la fonction des énoncés, puisque ceux-ci n’existent que comme rouages d’un tel agencement (pas comme des effets ou des produits) ». (Gilles Deleuze et Félix Guattari, Kafka. Pour une littérature mineure, Paris : Minuit, 1975, pp. 149-150).

910.

Deleuze et Guattari, op. cit., p. 150.

911.

Ibid., p. 65.

912.

Henri Meschonnic, Modernité, modernité, Paris : Gallimard, Folio/Essais, pp. 294-5.