1.2.1.2 Dans les Alpes

Les études de laboratoire sur les lames polies alpines, au sens géographique du terme, ont débuté dans les années 1970 de manière indépendante en plusieurs lieux. Nous en connaissons trois exemples : les travaux sur lames minces d’Annie Masson, inédits, dans le Forez (département de la Loire) où un groupe pétrographique (groupe 3, jadéitites et éclogites) a été reconnu d’origine géologique alpine (Masson 1977) ; les analyses ponctuelles effectuées par E. Ersthrom (Institut Dolomieu) à la demande d’Aimé Bocquet sur l’habitat littoral de Charavines Les Baigneurs dans l’Isère (Bocquet 1984) ; et les analyses en lames minces et RX réalisées à l’Université de Genève à la demande de Marc-Rodolph Sauter, sur deux grandes lames polies valaisannes trouvées à Zermatt et Brig (Sauter 1978). Mais les véritables travaux d’envergure ont été initiés par Catherine Buret lors de son étude sur le mobilier des fouilles de la baie d’Auvernier sur le lac de Neuchâtel en Suisse, thèse demeurée inédite (Buret 1983). La détermination pétrographique de l’ensemble des objets a été réalisée avec Monique Ricq-de Bouard (Buret et Ricq-de Bouard 1982). Dès lors, deux axes de recherche ont été développés dans les régions alpines. Il s’agit d’une part des études monographiques sur les sites d’habitat de Suisse occidentale et nord-orientale. Citons les travaux inédits de Inge Diethelm sur plus de 500 pièces du musée de Bâle, en 1983 (Diethelm 1989) et sur les quelques 1300 objets de l’habitat littoral Cortaillod de Hauterives-Champréveyres (ibid. ; Burri, Joye et alii 1987), ou l’étude archéologique de B. Ruckstuhl sur plus de 700 pièces provenant des habitats de Zürich Mozartstraße à laquelle sont intégrées plusieurs dizaines d’analyses en lames minces et RX (Ruckstuhl 1987). Une telle démarche a été adoptée par M. Ricq-de Bouard pour l’étude du mobilier des fouilles anciennes des lacs de Chalain et de Clairvaux dans le Jura français (Ricq-de Bouard 1985). Néanmoins, dans la plupart des publications monographiques suisses les identifications pétrographiques sont effectuées à l’oeil nu, avec parfois le recours à quelques lames minces pour distinguer les grandes familles de roches (roches tenaces vertes -alpines- et noires -vosgiennes- en particulier). Le deuxième axe de recherche a été développé depuis le début des années 1980 par M. Ricq-de Bouard à partir de ses études pétrographiques sur le mobilier poli de Provence, puis du Languedoc oriental, réalisées en collaboration avec les géologues de l’Université de Turin, en particulier Roberto Compagnoni (Ricq-de Bouard 1981, 1996 ; Ricq-de Bouard, Compagnoni et alii 1990). Cette recherche a ensuite été élargie au Piémont italien (Compagnoni, Ricq-de Bouard et alii 1995). En Italie septentrionale un démarrage des études a suivi, marqué par de nouvelles enquêtes pétrographiques inscrites dans la longue durée en Italie du Nord-Est (D’Amico, Campana et alii 1995 ; D’Amico, Felice et Ghedini 1998) et en Ligurie (Firpo, Garibaldi et alii 1998). Le volet d’étude sur les roches tenaces développé en Rhône-Alpes dans le programme CIRCALP de 1996 à 1998, s’est inspiré largement de ces travaux pour définir les buts et les méthodes à suivre (Thirault, Santallier et Véra 1999).