1.2.4 L’intérêt pour l’outil entier

Une fois dépassés les énoncés généraux sur les haches néolithiques (Müller 1911), la compréhension de l’outil en tant que tel n’a pu se mettre en place que dans les régions où les parties périssables sont conservées, en particulier les sites d’ambiance humide du nord-ouest des Alpes.

L’étude des manches s’est développée là où ils sont quelque peu abondants : les travaux de H. Müller-Beck à Seeberg-Burgäschisee-Süd (Müller-Beck 1965), d’Emil Vogt puis René Wyss sur les sites d’Egolzwil, en particulier Egolzwil 3 (Vogt 1951 ; Wyss 1988, 1994) ainsi que ceux de Dominique Baudais sur les sites du Jura français (Baudais 1985, 1987 ; Baudais et Delattre 1997), sont les plus aboutis. D’autre part, les études de grandes séries de gaines en bois de cerf ont permis de mieux comprendre les problèmes de l’emmanchement. Les travaux d’André Billamboz sur le Jura français (Billamboz 1977), Auvernier (Billamboz et Schifferdecker 1980) puis le lac de Constance (Billamboz et Schlichtherle 1985), ainsi que ceux de Jean-Louis Voruz sur Yverdon et Yvonand (Voruz 1984) puis le Jura français (Voruz 1986, 1997) sont fondamentaux dans ce domaine. D’importantes contributions ont aussi été apportées par les études menées à Twann (Suter 1981 ; Furger 1981), dans le Jura français (Chastel 1985), à Zürich-Mozartstraße (Schibler 1987).

La première tentative de mise en corrélation des données issues de l’étude des manches, des gaines et des lames polies pour établir une véritable typologie de la famille des haches est l’oeuvre de Joseph Winiger (Winiger 1981). Depuis, des études complémentaires sont venues enrichir l’analyse (Winiger 1991 ; Suter 1993 ; Gross-Klee et Schibler 1995 ; Pétrequin et Pétrequin 1988). Elles permettent aujourd’hui de définir cinq types d’outils pour les régions situées au nord-ouest des Alpes et de proposer un schéma d’évolution chrono-culturelle cohérent (cf. chapitre 6).