3. Le cadre géographique

Il n’entre pas dans nos intentions de consacrer de longs développements à la présentation physique de notre région d’étude. Les Alpes occidentales ont en effet été l’objet de descriptions détaillées de la part des géographes. Néanmoins, après une rapide présentation physique, nous insisterons sur les points caractéristiques des pays montagneux et en particulier des Alpes qui conditionnent quelque peu la vie des hommes qui les habitent ou les traversent (Blache 1933). En effet, l’examen des sources historiques et ethnographiques montre à l’évidence que les montagnes alpines ne constituent en rien des repoussoirs (Blache 1933 ; Gourou 1973, chap. VIII). L’historiographie, essentiellement urbaine et extérieure aux reliefs, oscille entre une vision négative des milieux montagnards (la vie rude, l’enclavement, l’arriération culturelle qui guette) et une vision positive, les reliefs étant chargés de valeurs fortes d’attraction (le bon air, la vie saine, etc. ; Albera 1997). Une telle ambivalence trouve son écho dans les travaux des historiens, qui ont construit la conception historique de la ville moteur de la civilisation et du progrès opposée aux montagnes qui ne seraient au mieux que des « fabriques d’hommes à usage d’autrui » (Braudel 1949, éd. 1966, p. 46) ; conception à laquelle les historiens contemporains opposent le dynamisme interne des communautés montagnardes en général et alpines en particulier à travers les âges, fondé en grande partie sur la nécessaire mobilité structurelle des sociétés vivant en altitude (Granet-Abisset 1997 ; Radeff 1998).

Les vigoureux reliefs alpins influent sur la vie des hommes selon deux facteurs.

Pour caractériser les structurations spatiales des productions de lames de hache, il est donc impératif de bien connaître au préalable les structurations naturelles de l’espace qui en constituent le cadre (Beeching 1980, p. 10-12). Pour ce faire, notre présentation géographique est orientée vers la description des formes du relief, dans le but de mettre en avant les possibilités de déplacement et d’occupation dans les régions alpines et de donner les lignes de force des itinéraires possibles dans les vallées, sur les plateaux et dans les hautes terres. Mais le paysage est également structuré par un certain nombre de points qui sont autant de lieux de focalisation des itinéraires, en ce qu’ils joignent deux objets géographiques distincts : vallée, plaine, massif, etc. Nous en percevons de trois ordres qui doivent être décrits plus en détail : les gués sur les cours d’eau, les cluses et les cols.