3.1 Les Alpes occidentales et leurs marges

Les Alpes occidentales forment le coeur de notre région d’étude qui recoupe grosso modo, outre la Suisse méridionale (Valais et Genevois), les limites des anciennes provinces de Savoie-Piémont au nord et du Dauphiné au sud (cartes 3 et 4). Les régions à proprement parler rhodaniennes (axe du Rhône français), jurassiennes (Bugey), bressanes (Dombes) ou affiliées au Massif Central (Vivarais) apparaissent donc de manière arbitraire comme périphériques par rapport aux massifs alpins. Mais toutes ces marges, à l’exception du Vivarais, ont été en grande partie façonnées au rythme de l’histoire géologique alpine (molasses des avant-pays, moraines du bas Dauphiné et de la Dombes, terrasses du Rhône et de l’Isère), et continuent de l’être puisque le bassin hydrographique de la rive droite du Rhône est tributaire des reliefs alpins. Elles peuvent donc en droit être considérées, du point de vue géographique, comme des régions péri-alpines et prennent leur place dans la géographie du monde alpin. La présentation qui suit est issue, outre de notre connaissance personnelle des régions décrites, de la consultation des ouvrages de géographes auxquels le lecteur voudra bien se référer pour des présentations plus détaillées (Blanchard 1938 à 1956 ; 1958 ; Bourdier 1962 ; Veyret et Veyret 1967 ; Guichonnet 1980 ; Bravard 1987).

Déployées en arc de cercle sur 1200 km de Nice à Vienne, les Alpes représentent le plus vaste relief européen (cartes 1 et 2). Leur architecture générale est celle d’un « toit à double pente mais creusé, surtout vers l’ouest et le nord, de profondes gouttières parallèles au faîte » (Veyret et Veyret 1967, p. 27). Une telle structure a deux conséquences : les plus hauts reliefs dressent une barrière au coeur de la chaîne, parfois dédoublée en plusieurs lignes ; les grandes vallées favorisent les circulations longitudinales, mais la pénétration des massifs est souvent plus difficile. Dans les Alpes occidentales, deux bassins versants, de part et d’autre de l’axe structural, drainent les eaux vers le Rhône à l’ouest, vers le Pô à l’est. L’agencement des reliefs est grossièrement celui de bandes plus ou moins parallèles qui suivent l’axe de la chaîne, c’est-à-dire orientées du sud vers le nord puis infléchies vers l’est. Cinq grands types de relief peuvent être distingués, avec une forte dissymétrie de part et d’autre de la ligne de partage des eaux entre Pô et Rhône (carte 3) :

  • les massifs internes19 ou centraux, et leurs vallées : ils constituent les hauts reliefs du Valais suisse, des Alpes piémontaises et des Grandes Alpes françaises,

  • les grandes dépressions : la haute vallée du Rhône (Valais), le Sillon alpin et les bassins du Buëch et de la Durance,

  • les Préalpes sédimentaires et les grands lacs,

  • les avant-pays et l’axe du Rhône français : petites et grandes plaines, gorges, basses terres humides,

  • l’outre-Rhône ici pris en compte : Bugey, Dombes, Vivarais.

Notes
19.

Au sens géographique du terme.