3.2.1.1 Les circulations de basse altitude

Les circulations dans les creux des reliefs sont les plus immédiatement perceptibles, car elles sont aujourd’hui, et de loin, les plus empruntées par les réseaux de transport modernes, grandes routes, autoroutes, voies ferrées (carte 4). Il est vrai que les Alpes françaises, contrairement au versant piémontais, ont la particularité d’être découpées par de grandes dépressions allongées et contiguës, formant en particulier le Sillon alpin, qui permettent des déplacements faciles à de très basses altitudes, dans le sens nord-sud mais également est-ouest par le truchement des cluses (cf. infra) qui relient le Sillon alpin et le bassin de la Durance aux avant-pays. Plus à l’est, les communications basses sont moins aisées, à cause de la présence des massifs centraux. Mais les grandes vallées intra-alpines (haute vallée de la Durance et de la Romanche, Maurienne, Tarentaise) permettent néanmoins l’accès à l’intérieur des massifs, moyennant des passages en gorge. Il en est de même pour le versant piémontais, où les vallées orientées de l’ouest vers l’est autorisent les trajets transversaux. Le Valais quant à lui est un axe de communication majeur entre le bassin lémanique et les reliefs intra-alpins. Dans les avant-pays, les communications présentent moins de difficultés du fait de l’affaiblissement des reliefs. Elles sont cependant guidées par la topographie, et il faut rappeler ici l’axe majeur que constitue l’étroite vallée du Rhône de Lyon à la Méditerranée.

Mais la facilité apparente des déplacements dans les fonds de vallée est trompeuse. Il s’agit en fait d’une situation récente, liée à la puissance des moyens techniques contemporains. Les historiens soulignent les efforts constants des autorités, en particulier les ducs puis rois de Savoie, pour construire et maintenir en état le réseau routier, entreprise parachevée par les travaux napoléoniens du début du XIXème siècle (Grosperrin 1985 ; Forray 1992). Avant l’endiguement des rivières, avant la construction de ponts et de routes carrossables protégées des catastrophes (crues, éboulements, etc.), cheminer par les fonds de vallée présentait de réelles difficultés : traverser les rivières et les marais, franchir les gorges ne sont pas des choses aisées. Les circulations s’effectuaient donc, dans la mesure du possible, sur les bas de pentes, empruntant au besoin des chemins plus élevés sur les versants pour franchir des gorges ou des verrous par le truchement de petits cols longitudinaux.