3.2.1.3 Les circulations fluviales et lacustres

Les déplacements par voies d’eau sont relativement peu évoqués dans l’analyse des circulations. Pourtant, le réseau hydrographique alpin offre des possibilités remarquables, par son double caractère centrifuge (du coeur de la chaîne aux avant-pays) et longitudinal (dans le Sillon alpin et le bassin du Buëch, sur l’axe du Rhône) par rapport à la structuration des reliefs. Le maillage ainsi créé offre de réelles possibilités de déplacements y compris dans les parties amont des bassins versants (dans les fonds de vallée), même si le réseau est parfois interrompu par des rapides, en particulier dans les gorges qui ferment les sorties des massifs. Les moyens de transport à disposition des Néolithiques, radeaux ou pirogues monoxyles, sont bien adaptés à la descente des cours d’eau, y compris sur des profils en long pentus, mais il est plus difficile d’imaginer des remontes, sauf sur les plus calmes d’entre eux, moyen Rhône ou basse Isère par exemple. Le flottage du bois à bûches perdues ou par radeaux sur l’Isère et la Durance sont des réalités historiques et économiques jusqu’à la fin du XIXème siècle, à partir des segments aval des rivières intra-alpines (Isère en Tarentaise, Arc en Maurienne, Ubaye et Durance ; Fouilland et Furestier 1999). L’hypothèse de transports par pirogues concerne les circulations de roches alpines puisque le réseau hydrographique est orienté dans le même sens général de l’est vers l’ouest que les grands mouvements de roches piémontaises (cf. chapitre 2 ; cartes 4 et 18).

Les lacs peuvent également servir de voies de communication. L’idée en a été avancée à propos des habitats littoraux des grands lacs suisses et elle peut être appliquée aux lacs préalpins français. Les lacs d’Annecy et du Bourget, très allongés, ont ainsi pu servir de relais aux déplacements transalpins pour sortir des Préalpes via les cluses.