Cette appellation doit être comprise dans le sens donné en Suisse et en France du Nord-Est et du Centre-Est, qui peut être étendu au bassin du Rhône (Gallay 1977). Le Néolithique moyen regroupe l’ensemble des cultures à céramiques lisses où les décors sont rares à inexistants, appartenant au complexe Cortaillod-Chassey-Lagozza et aux phases immédiatement antérieures. Il correspond en gros au Neolitico Medio-Superiore des auteurs italiens (Bagolini 1980), distinction proposée également pour la Provence (Néolithique moyen et supérieur ; Courtin 1976a ; Binder 1990a, c). Cette période est classiquement considérée comme le «plein» ou le «vrai» Néolithique, phase socio-économique stable où la néolithisation est achevée et l’économie de production bien développée, avant l’introduction ou dans les prémices de la métallurgie du cuivre. Une telle conception est aujourd’hui nuancée voire contestée par le progrès des connaissances sur l’état de la société, de son économie et de son environnement. Si le poids de l’agriculture est toujours aussi difficile à estimer, malgré une présence incontestable40, l’élevage connaît un développement remarquable, polymorphe mais non général41, marqué dans les restes osseux et par le développement des grottes-bergeries en contexte chasséen dans les Préalpes françaises (Brochier, Beeching et alii 1999), l’Ardèche (Beeching et Cordier 1986), la Ligurie42(Macphail, Courty et alii 1997). La multiplication des implantations connues et la diversification des types de sites (Courtin 1974, p. 55-58 ; Bagolini 1980 ; Beeching 1989) est liée à la formation de véritables réseaux de sites interdépendants et hiérarchisés dans un territoire contrôlé (Beeching 1991) au sien duquel l’impact sur l’environnement apparaît de plus en plus fort (Brochier 1991). La sédentarité, longtemps considérée comme acquise, est aujourd’hui nuancée voire remise en question en reconsidérant la place de l’élevage pastoral et la discrétion des traces d’habitat hormis sur les rives des lacs, autorisant l’idée de sociétés au moins pour partie mobiles43.
Des différences chronologiques sensibles et des connaissances très disparates selon les régions ne facilitent pas les corrélations entre les séquences culturelles établies dans chaque secteur de recherche. Néanmoins, deux grandes phases sont reconnues de part et d’autre des Alpes, qui nous servent de point de repère, malgré quelques décalages de sens et de datations : selon l’usage français et suisse, nous les appelons Néolithique moyen I (NM I) et II (NM II), ce qui correspond assez bien à la distinction entre Neolitico Medio et Superiore en Italie du Nord, la coupure pouvant être placée de 4500 à 4200 av. J.-C. selon les régions et les auteurs.
Courtin 1974, p. 92-96 ; Biagi et Nisbet 1987 ; Venturino-Gambari 1998 ; Beeching, Berger et alii 2000.
La chasse est largement prépondérante à la Balme-de-Thuy/la Vieille Eglise en Haute-Savoie (Ginestet 1984), Chiomonte/La Maddalena dans le val de Suse (Bertone et Fedele 1991), et en-dehors de notre zone d’étude, sur les sites jurassiens de Clairvaux-les-lacs et de la grotte des Planches (Chaix 1991). A contrario, tous les sites du Valais présentent des taux de faune domestique importants (Chaix 1988, 1991 ; Chaix et Sidi Maamar 1993).
Il est remarquable que les niveaux à sédiments de bergerie des Arene Candide se développent grandement dans les couches chasséennes et qu’y apparaissent des faisselles (Maggi et Starnini 1997).
Bagolini 1980, p. 131 ; Beeching 1999a ; Beeching, Berger et alii 2000.