4.4.1.1 Les sépultures

Les sépultures montrent une grande diversité des pratiques funéraires, avec deux grands types de rituels reconnus : d’une part, des sépultures collectives qui se retrouvent à l’ouest des Alpes (cf. infra). Elles sont communes aux zones de reliefs alpins et apennins de la Vénétie, du Trentin et du lac de Garde où elles définissent la culture de Civate (Manerba di Garda/Riparo Val Tenesi ; Barfield 1983), de la Lombardie, du Val d’Aoste (Aoste/Saint-Martin-de-Corléans : Mezzena 1997), du Piémont (Salto di Cuorgnè/Boira Fusca ; Fedele 1981 ; Alba : Venturino-Gambari 1998) et de la Ligurie (Maggi 1998), et montrent une utilisation longue jusqu’au Campaniforme. Elles sont le plus souvent implantées dans de petites grottes ou abris-sous-roche (grotticelle sepolcrali) et dans quelques cas, par exemple à Saint-Martin-de-Corléans, sont des nécropoles mégalithiques d’histoire complexe (Mezzena 1997). Le deuxième type de sépultures, les tombes individuelles en fosse groupées en nécropoles, est intrusif et lié à la péninsule italienne. Deux groupes sont reconnus d’après les nécropoles éponymes. Le groupe de Remedello est implanté en Lombardie orientale. Les récentes analyses effectuées sur la nécropole de Remedello Sotto, fouillée à la fin du XIXème siècle, montrent une durée d’occupation sur plus d’un millénaire, découpée en trois phases d’après le mobilier lithique (pointes de flèches et poignards en silex) et métallique (poignards et lames de hache en cuivre) : une phase ancienne datée dans la fourchette 3400-2900/2800 av. J.-C., une phase récente comprise entre 2900/2800 et 2400 av. J.-C., ainsi que quelques tombes à mobilier campaniforme (De Marinis et Pedrotti 1997). Les nécropoles de Spilamberto et de Cumarola en Emilie se différencient du groupe de Remedello par des affinités culturelles plus marquées avec l’Italie péninsulaire, en particulier dans les rituels funéraires qui se rapprochent de ceux des cultures de Rinaldone et de Gaudo (Bagolini 1980). Spilamberto est de plus courte durée d’occupation, à la charnière des IVème et IIIème millénaires av. J.-C. Mais tant dans le groupe de Remedello que de Spilamberto, les mobiliers déposés dans les tombes démontrent la présence d’une distinction individuelle des hommes par les armes (haches, flèches, poignards), qu’elles soient en cuivre ou imitées en silex voire en os, distinction interprétée en termes de rang social lié à l’âge et au statut (Barfield 1986).