Chapitre 2
Les matières premières

L’étude des matières premières comporte trois volets : la détermination des roches employées, l’identification de leurs provenances et l’évaluation de leurs qualités techniques. Nous présentons d’abord les données pétrographiques et leur interprétation pétro-génétique dans une optique géologique, avant de discuter des circulations de roches et de leurs origines possibles du point de vue archéologique. La troisième section est consacrée à la caractérisation technique des roches mises en oeuvre, afin de cerner les choix humains face au déterminisme physique de la matière première. L’ensemble de ce chapitre reprend pour une bonne partie les résultats des études de laboratoire réalisées à notre initiative et à celle d’A. Marguet sous la direction de D. Santallier (Thirault, Santallier et Véra 1999, et annexe 9), complétés par les observations effectuées par nous-même à l’oeil nu et à la loupe binoculaire sur les séries étudiées.

Pour la recherche des provenances, le raisonnement est fondé sur les données bibliographiques complétées et parfois précisées par nos prospections de terrain. Deux axes de prospections ont été suivis. D’une part, nous avons échantillonné les roches dans des positions allochtones67 sur les principaux cours d’eau issus des massifs alpins (carte 11) ; d’autre part, des prospections plus détaillées sur les affleurements autochtones et sub-autochtones de roches métamorphiques alpines s. géol. ont été menées en Haute-Maurienne, en Valais, dans le massif du Mont-Viso et dans le Queyras. De plus, des prospections et sondages ont été initiés en Haute-Maurienne à partir de l’étude préliminaire du site du Château à Bessans (fiche n° 309-1) où ont été produites au Néolithique final des armatures de flèches polies en serpentinites (cf. p. 248 ; Rey et Thirault 1999). Ce travail de terrain, s’il est loin d’être systématique, a néanmoins permis une première approche globale des disponibilités en matières premières des massifs alpins, étude préliminaire mais suffisante pour répondre à plusieurs questions d’ordre général soulevées par l’état des connaissances géologiques.

Notes
67.

Pour caractériser le type de gîte de matière première, nous avons repris et adapté aux conditions alpines la nomenclature proposée pour les gîtes de silex (Turq 1999) : sont dits autochtones les gîtes où la roche est en place (autochtone primaire) ou fragmentée sur place par les agents naturels, par exemple dans les éboulis (gîte autochtone secondaire). Sont sub-autochtones les gîtes où la matière n’a subi que de faibles transports qui n’ont pas altéré ses qualités : blocs morainiques d’altitude de toutes dimensions, en place (gîte sub-autochtone primaire) ou remanié (secondaire). Les gîtes allochtones contiennent des matériaux transportés et altérés : ce sont principalement les conglomérats du Tertiaire et les alluvions des rivières.