2.3 Les glaucophanites

Dans notre zone d’étude, deux régions recèlent des lames polies en glaucophanites (cartes 12 et 13) : la rive sud du lac Léman96 et de manière plus significative le bassin du Buëch et la partie sud du département de la Drôme jusqu’à hauteur, au nord, du bassin de la Drôme et de la plaine de Valence (carte 13C). Pour le premier cas, il doit s’agir d’une roche d’origine locale à rapprocher des approvisionnements diversifiés de la rive sud du Léman (cf. infra). A moins d’une cinquantaine de kilomètres au sud, de telles roches sont également utilisées comme percutants sur le site des Marais à Saint-Jorioz (n° 626-1 ; Thirault, Santallier et Véra 1999). Dans la zone méridionale (carte 13), les glaucophanites sont issues des schistes lustrés du Queyras et exploitées sous forme de galets dans la basse vallée de la Durance (Ricq-de Bouard, Compagnoni et alii 1990). Il s’agit dans ce cas de la diffusion ultime vers le nord (ne dépassant pas 10 % pour les communes bien documentées) de roches qui sont dominantes dans les lames polies entre la basse Durance et la Méditerranée. D’après les chiffres publiés pour la Provence (ibid.), la décroissance de la proportion des lames polies en glaucophanites est régulière mais rapide à partir du coeur de la zone de production. Il faut néanmoins relever une anomalie : les lames polies en glaucophanite sont absentes de la haute vallée de la Durance (où elles existent en abondance dans les alluvions) ainsi que des communes riveraines de la basse vallée du Buëch97. Un tel fait peut signifier que les glaucophanites rencontrées dans le bassin du Buëch et plus à l’ouest dans les Baronnies ne circulent pas de l’est vers l’ouest à partir de la haute vallée de la Durance, ni ne remontent la vallée via la cluse de Sisteron, mais au contraire sont diffusées du sud vers le nord à travers les reliefs du Lubéron et de la montagne de Lure. Plus à l’ouest, des circulations par l’axe rhodanien, déjà envisagées (ibid.), semblent d’autant plus probantes que quelques glaucophanites sont attestées en rive droite du Rhône sur le site des Bruyères à Saint-Julien-de-Peyrolas (n° 227-1) et dans les gorges de l’Ardèche sur les sites du Pontiar à Vallon-Pont-d’Arc et d’Oullin à Labastide-de-Virac (Ricq-de Bouard, Deiss et Prud’homme 1998)98.

Notes
96.

Un exemplaire à Chens-sur-Léman/Beauregard, site n° 607-1, objet n° 96-198 (cf. annexe 9).

97.

Sous réserve d’identification possible parmi les nombreux indéderminés.

98.

Ces résultats ne sont pas portés sur la carte 12 car le détail des analyses réalisées n’est pas mentionné dans la publication citée.