2.4 Les ultrabasites (serpentinites et chloritites)

Trois secteurs ont livré des lames polies en roches ultrabasiques (carte 15B). Deux exemplaires en moyenne vallée du Rhône soulignent le caractère anecdotique de leur emploi dans toute la partie sud de notre zone d’étude, de même qu’en Provence et dans la basse vallée du Rhône (Ricq-de Bouard, Compagnoni et alii 1990, p. 135-137). A contrario, les ultrabasites sont fortement employées sur la rive sud du lac Léman (près de 50 % dans le canton de Thonon-les-Bains) et se retrouvent de manière sporadique dans le Bugey (site de Géovreissiat, n° 717-1), près du lac d’Annecy (cantons de Seynod et de Thônes) et dans le Valais central. Au moins pour le Léman, ce fait est en concordance avec les données disponibles pour le Plateau suisse où l’emploi des serpentinites pour fabriquer les lames polies est bien attesté avec des taux dépassant le tiers des lames polies99. Une troisième région d’emploi des ultrabasites est placée dans les Alpes internes avec les sites de Sollières/Les Balmes (n° 547-1, canton de Lanslebourg), Chiomonte/La Maddalena (n° 913-1) et Roreto/Balm’Chanto (n° 922-1), chacun dans une vallée différente mais faciles à joindre. Seul le dernier présente un taux d’emploi des serpentinites important (un tiers environ).

Malgré une abondance d’affleurements dans les Alpes occidentales et leur présence quasi-systématique dans les gisements secondaires, les ultrabasites ne sont donc mises en oeuvre que dans des régions circonscrites, toujours peu éloignées d’affleurements conséquents. Ce fait, déjà relevé (ibid.), ne peut être expliqué qu’en termes de choix humain face à la matière (cf. infra).

Notes
99.

Au Néolithique moyen I : à Egolzwil 3 (75 % ; Wyss 1994, p. 15) ; au Cortaillod : à Auvernier (40 % ; Buret et Ricq-de Bouard 1982), à Twann (40 % environ ; Willms 1980, p. 87-96), à Egolzwil 4 (50 % ; Wyss 1983, p. 132), à Hauterive-Champréveyres (Burri, Joye et alii 1987) ; au Pfyn : à Zürich Mozartstrasse (45 % ; Ruckstuhl 1987, p. 177) ; au Horgen : à Twann (Furger 1981, p. 27-28), à Zürich Mozartstrasse (33 % cumulés ; Ruckstuhl 1987, p. 177).