3.2 Les qualités esthétiques

La question est difficile à aborder du fait même du caractère hautement subjectif et culturel des qualités esthétiques des roches. Le déterminisme de la matière première est a priori nul, puisque le choix des hommes s’effectue dans un éventail de formes existantes en fonction des désirs du lieu, de l’époque et du sujet. Les qualités esthétiques des roches se révèlent au polissage. Les grains fins prennent donc plus aisément un beau poli, mais ce critère est difficile à qualifier et encore plus à quantifier. De manière empirique, il est facile de constater que les effets esthétiques de la roche polie viennent de la régularité du grain, de son homogénéité ou au contraire de la présence de mouchetures minérales ou de linéations, de lits ou de véritables tourbillons et oeillures ; des couleurs, soutenues, homogènes ou présentant des contrastes, claires ou sombres ; de la translucidité à faible épaisseur, ou au contraire de l’opacité soutenue ; etc. Toutes les roches métamorphiques, éclogites et pyroxénites en tête, présentent de part leur complexité minéralogique et texturale de telles possibilités de nuances. Il nous semble donc vain de parler d’un déterminisme du matériau. A titre d’exemple, certaines serpentinites claires peuvent présenter des caractères de translucidité et de brillance au poli très proches des jadéitites ; pourtant, ces dernières leur sont presque toujours préférées pour les plus exceptionnelles des lames de hache (chapitre 7). L’arbitraire humain semble donc ici seul maître du jeu des rapports entre l’homme et les roches.