1.2.2 Les supports

1.2.2.1 Les éclogites

Dans notre zone d’étude, bon nombre des supports sont obtenus par éclatement de la roche. Le fait est net pour les éclats, qui dans 74 % des cas présentent une face plus

message URL fig17-1.gif
Figure 17. Lames de hache en éclogites. Rapports des largeurs et épaisseurs pour les supports de type bloc (en haut) et de type éclat (en bas).
message URL fig17-2.gif
message URL fig18.gif
Figure 18. Lames de hache en éclogites. Rapports des largeurs et longueurs pour les supports de type bloc.
message URL fig19.gif
Figure 19. Lames de hache en éclogites. Rapports des largeurs et longueurs pour les supports de type éclat.

plane et plus régulière (face B ; cf. annexe 11) que l’autre. De telles traces sont rares pour les lames polies sur blocs (6 %), mais cette catégorie de support est le plus souvent longuement façonnée par bouchardage et/ou polissage (cf. infra), ce qui tend à éliminer les traces de taille. Nous avons vu plus haut les arguments qui nous conduisent à penser à l’exploitation de gros blocs ou d’affleurements ; de tels modes d’acquisition imposent un débitage des blocs, même grossier. Cependant, ce débitage peut tirer parti des fissures ou des foliations naturelles de la roche et dans ce cas être plus proche d’un délitage que d’un débitage. Le ramassage d’éclats et de blocs naturellement préformés est théoriquement possible, puisque le gel en particulier produit des débitages naturels rafraîchis chaque année. Mais il est peu probable que ce type de support ait pu fournir de grandes quantités d’ébauches, car la proportion de roches inaptes (fissurées, délitées) est très élevée dans les éboulis de pied d’affleurement, comme nous avons pu le constater in situ.

Les proportions des supports, évaluées d’après les produits finis et les pièces abandonnées durant le façonnage, sont extrêmement variables, de quelques centimètres à 35 cm de long pour les pièces exceptionnelles. La très grande majorité des blocs ont des longueurs comprises entre 3 et 10 cm environ, pour des largeurs comprises entre 2 et 6 cm, soit des rapports d’allongement entre 1 et 3 (fig. 18). Au-dessus de 10-12 cm de long environ, le rapport d’allongement des supports augmente dans tous les cas : les largeurs dépassent très rarement 7 cm, ce qui détermine des allongements pouvant atteindre la valeur 5,6 (lames polies du dépôt de La Bégude-de-Mazenc, pl. 116 à 124). Pour les lames polies de plus de 10-12 cm de long, le débitage est donc orienté vers l’obtention de supports nettement allongés. Les rapports d’aplatissement (largeur sur épaisseur) des lames polies sur bloc (fig. 17) sont majoritairement compris entre 1,5 et 3, avec un net resserrement des aplatissements entre les valeurs 1,5 et 2 quand les dimensions augmentent. Les blocs non travaillés et les ébauches ne montrent pas de variations dimensionnelles significatives avec les pièces achevées (fig. 17 et 18). La carence de longues ébauches s’explique par le bris plus fréquent dans la longueur. Les lames de hache reprises sur fragment de lame polie présentent les mêmes dimensions transversales (largeur et épaisseur) que le groupe principal des artefacts non refaçonnés, avec cependant une plus grande dispersion des aplatissements. Mais leurs longueurs sont plus faibles, toujours inférieures à 9 cm à une exception près, car la fracture transversale est un accident fréquent (cf. p. 368). Pour les artefacts recyclés, c’est donc plus la préservation du format transversal (largeur et épaisseur) que de la longueur qui détermine leur remploi.

Les lames polies sur éclat (fig. 17 et 19) présentent le même type de répartition que celles sur bloc, avec des valeurs inférieures. Le plus grand nombre est compris entre 1,5 et 4,5 cm de large pour 3 à 8 cm de long, soit des rapports d’allongement compris entre 1 et 2 (fig. 19). Quelques pièces peuvent être de bonnes dimensions, un exemplaire dépasse 19 cm de long, mais l’allongement ne dépasse jamais la valeur 3. Le débitage des petits éclats ne pose pas de problème technique particulier, mais les grands éclats sont sans

message URL fig20-1.gif
Figure 20. Lames de hache en jadéitite. Rapports des largeurs et épaisseurs (haut) et des largeurs et longueurs (bas).
message URL fig20-2.gif

doute plus difficiles à obtenir114 et nécessitent un débitage bien mené dont les modalités demeurent indéterminées : le recours aux chocs thermiques peut être envisagé. Les aplatissements sont par définition plus importants que pour les blocs, compris entre 2 et 4 avec un maximum à 6 (fig. 17). Si les largeurs diffèrent peu de celles des lames polies sur bloc, les épaisseurs sont moindres, entre 0,7 et 2 cm pour la plupart. Les lames polies façonnées sur éclat de lame polie sont toujours de largeur plus faible, jamais supérieure à 4,5 cm.

Il n’y a donc qu’une seule différence fondamentale entre les lames de hache sur éclat et celles sur blocs, si on excepte les rapports d’aplatissement différents par définition : les blocs sont des supports qui peuvent être plus grands et surtout plus allongés. Mais le pourcentage de longs supports (> 10 cm) est proche : 9,5 % pour les éclats contre 12 % pour les blocs. La présence de très longs et minces éclats démontre l’intentionnalité de leur production : ils ne sont pas des déchets de débitage ou de façonnage remployés mais la finalité du débitage, ce qui est plus difficile à démontrer pour les petits éclats.

Notes
114.

Un exemplaire provenant des ramassages anciens sur le site des Eaux Vives à Genève (n° 803-1) mesure 21,6 cm de long (pl. 74). L’exemplaire du site du Trou Arnaud à Saint-Nazaire-le-Désert atteint 19,8 cm de long (n° 149-1, pl. 22).