1.2.4 La taille de façonnage

Le façonnage du support par la taille n’est pas aisé à reconnaître sur les roches tenaces, qui présentent une aptitude variable mais souvent médiocre à cette technique. De plus, l’effacement plus ou moins important des stigmates de taille par le bouchardage et le polissage postérieurs pose de sérieux problèmes de diagnose sur les objets achevés qui constituent l’essentiel de notre corpus. En effet, contrairement au sciage dont la trace peut être identifiée même quand elle n’est conservée que sur de petites surfaces, les négatifs de taille plus ou moins effacés peuvent être confondus avec des surfaces d’éclatement générées par le débitage, ou produites fortuitement lors de l’extraction des blocs : l’intentionnalité de l’éclatement est alors difficile à établir. Les données présentées ici sont donc établies après une critique serrée des états de surface de chaque objrt et le rejet des cas douteux. Les critères de reconnaissance sont de trois ordres, dont le croisement permet de s’assurer de la taille intentionnelle : l’existence de surfaces en creux demeurées brutes après le bouchardage et le polissage ; la géométrie des volumes de l’objet : position et forme des surfaces brutes ou travaillées ; les positions respectives des négatifs, la cohérence des traces entre elles et avec les gestes de la taille.

Les négatifs de taille sont présents sur les faces et les côtés des lames polies. Les observations réalisables étant des plus disparates d’un objet à l’autre, nous n’avons retenu que deux types de descripteurs, l’inclinaison et l’étendue, afin de pouvoir établir des comparaisons. Il est en effet presque toujours impossible de décrire le nombre d’enlèvements ainsi que leur succession. Par contre l’inclinaison est aisée à percevoir car elle peut subsister après bouchardage et polissage. Trois variables d’inclinaison ont été retenues, en considérant l’objet vu de face : taille abrupte (qui part d’une face et concerne un côté), semi-abrupte (qui part d’un côté et concerne un côté et en partie une face) et rasante (qui part d’un côté et concerne une face), chaque terme étant une moyenne recouvrant une certaine marge de variabilité. L’étendue des négatifs est plus difficile à évaluer car souvent altérée par le façonnage ultérieur : dans bon nombre de cas, seules les parties concaves du négatif de taille subsistent. Toujours en vue de face, nous avons distingué une taille courte, intermédiaire entre courte et couvrante, et couvrante. Le croisement de ces descripteurs avec les surfaces concernées (une ou deux faces et/ou un ou deux côtés) permet de donner une image schématique de l’emploi de la taille sur un produit donné. Pour l’analyse, les classes obtenues ont été groupées selon l’intentionnalité de la taille : d’une part, la taille destinée à régulariser les côtés (taille abrupte et/ou courte), d’autre part celle destinée principalement à amincir l’ébauche en enlevant de l’épaisseur : taille rasante et/ou couvrante. Une troisième catégorie regroupe des produits dont les négatifs de taille semi-abrupte ne peuvent être rattachés à l’une des catégories précédantes. Nous avons distingué les supports blocs et éclats et la longueur des pièces en plaçant une coupure à 10 cm, qui correspond pour toutes les roches à une rupture dans la morphologie des supports (cf. supra). Les effectifs considérés sont réduits et seules les éclogites fournissent assez de données pour autoriser des statistiques fiables.