1.3.2.3 Le polissage à facettes

Il représente environ un cinquième des lames polies (280 objets) et son originalité nécessite une présentation détaillée. A l’oeil nu, les surfaces polies présentent des facettes longitudinales relativement planes formant des angles plus ou moins nettement marqués. Un tel mode de polissage a déjà été relevé par P. Corboud sur les stations immergées des rives suisses du Léman, qui en fait un type spécifique à ce lac en opposition au lac de Neuchâtel (Corboud et Pugin 1992, p. 22 et comm. orale). A la loupe binoculaire, le mode de travail apparaît sans ambiguïté : dans neuf cas sur dix environ, les stries de polissage, nombreuses et régulières, sont orientées de manière transversale à la pièce ; dans les autres cas, elles sont surtout orientées de biais plus ou moins proche du transversal. Un tel mode de travail est inédit à notre connaissance et signifie que l’ébauche à polir est affectée d’un va-et-vient transversal à son grand axe ; la surface de contact ébauche/polissoir est décalée par à-coups et non pas progressivement, ce qui entraîne la formation des facettes. Le nombre de facettes sur une surface, leur régularité, le nombre de surfaces touchées (faces, côtés) et les dimensions des pièces sont des plus variables (par exemple, pl. 136, 139 à 142, 146, 147). A cela il convient d’ajouter la reconnaissance de lames polies qui présentent une ou deux faces, et parfois les côtés, polis selon un plan unique mais à stries transversales exclusives et nettes. L’étude de la répartition des facettes effectuée sur 213 lames polies entières permet de préciser cette technique. Dans 70 % des cas, le polissage ne concerne que les faces : 52 % du total sont polies à facettes sur les deux faces. 14 % du total sont polies sur les deux faces et les deux côtés. Les polissages exclusifs sur l’un et/ou l’autre côté ne représentent que 5 % du total, et presque tous les cas n’ont que deux ou trois facettes. Le polissage à facettes est donc préférentiellement utilisé pour façonner les faces et procède d’une intention forte de polissage : dans 84 % des cas, il concerne au moins deux surfaces. Il ne s’agit donc pas d’une technique mal maîtrisée et marginale mais d’un vrai choix où le polissage, au moins dans le fini de la pièce, est privilégié par rapport au bouchardage : dans les trois quarts des cas, le polissage domine plus ou moins largement les surfaces de l’objet, et dans 42 %, il est exclusif dans son rendu final.