4. Les sphéroïdes et les disques épais percés

Parmi les objets de fonction et de statut inconnus qui parsèment le Néolithique, la catégorie des objets perforés compte de nombreux types à travers l’Eurasie. La présence dans notre zone d’étude de tels objets en roches tenaces nous conduit à les étudier brièvement, sous l’angle des relations possibles entretenues avec les productions de lames de hache. Deux types de forme régulière sont présents : les petits sphéroïdes percés et les disques épais percés, souvent dénommés «têtes de massues», «sceptres» ou «casse-tête» selon les goûts des auteurs. Ils sont distincts des bracelets par leur épaisseur importante par rapport au diamètre et par l’étroitesse de leur perforation centrale. Ce sont en fait des pièces massives perforées pour être probablement montées sur un manche de faible diamètre, ce qui rend douteux pour ce type d’objet 132 tout usage de type poids de bâton à fouir proposé un temps (Courtin et Erroux 1974, p. 322 ; Courtin, Guilaine et Mohen 1976, p. 173), comme l’a déjà remarqué J. Vaquer (Vaquer 1990a, p. 361). De plus, le soin apporté à leur réalisation, en particulier pour les petits sphéroïdes percés, et les contextes de découverte (cf. infra) plaident pour le statut non utilitaire de ces pièces.

Notes
132.

Nous insistons sur ce point : les deux boules irrégulières perforées en calcaire découvertes dans les niveaux Cardial de la grotte Gazel à Sallèles-Cabardès et qui sont fréquemment évoquées ne sont pas à proprement parler des sphéroïdes perforés du type étudié ici : elles sont de grandes dimensions (15x11 cm chacune), leur perforation est plus large (4,5 cm de diamètre pour l’exemplaire achevé) et peu régulières (Guilaine et Rigaud 1969). Les auteurs les rapprochent d’exemplaires similaires du Cardial espagnol, en particulier ceux de la Cova de la Sarsa à Bocairente. La fonction agraire de telles boules percées, au demeurant fort rares, est une hypothèse parmi d’autres.