4.2.2 Les disques façonnés et perforés

Trois disques percés réguliers ont été recensés dans la vallée du Buëch, la cluse de Chambéry et en Valais (carte 31).

A notre connaissance, de tels disques épais perforés sont inconnus en Europe occidentale en contextes datés. L’exemplaire de Saint-Saturnin provient d’un site où toutes les phases du Néolithique sont représentées à partir du début du Néolithique moyen (Rey 1999, vol. 3 p. 445-505) ; des occupations y sont également bien attestées au Premier Age du Fer (Ozanne et Vital 1999). La pièce des Terres Blanches à Menglon pourrait appartenir à n’importe quelle phase du Néolithique. L’attribution de ces objets au Néolithique est l’hypothèse la plus probable ; les techniques de fabrication sont identiques à celles en usage pour les lames de hache. Le bouchardage central en cupules opposées pour réaliser la perforation est similaire aux cupules et aux rainures bouchardées préparatoires respectivement à la perforation par rotation des lames de hache-marteau et au sciage des roches tenaces. Dans le cas des disques percés, la massivité de la pièce a permis de conduire ce bouchardage à terme sans grand risque de bris. Seule l’ébauche de Romans montre un choix différent pour la perforation réalisée par rotation, technique similaire à celle utilisée pour les lames de hache perforées.

Les termes de comparaison sont difficiles à établir. Un parallèle peut être relevé avec la trentaine d’objets de forme semblable en silex taillé façonnés sur des rognons à perforation naturelle, connus principalement entre Loire et Seine (Cordier 1997). Les dimensions fournies par cet auteur pour 24 d’entre eux sont semblables à celles des pièces de notre corpus, avec des diamètres compris entre 10 et 18 cm, des épaisseurs entre 2,2 et 5,8 cm et des diamètres de perforation entre 1,5 et 3,5 cm. Comme pour les exemplaires alpins, les disques percés en silex taillé sont d’attribution culturelle et de datation inconnues. Plus proche est le disque perforé dit en schiste de Salbris dans le Loir-et-Cher, disque aplati à bords tranchants et perforation centrale étroite (2,6 cm), de 12 cm de diamètre pour 2,4 cm d’épaisseur (Cordier 1956, p. 85 et fig. 2 n° 17). Un rapprochement peut également être effectué avec les «discoïdes à perforation tronconique ou bitronconique» plus ou moins réguliers recensés par J. Vaquer en Languedoc occidental, en particulier l’exemplaire de Jonquières dans le Tarn, disque irrégulier à bords arrondis de diamètre externe de 11 cm pour une épaisseur de 3 cm avec une perforation étroite de 1,7 cm (Vaquer 1990a, p. 361-362 et fig. 199 n° 5). Ces points de comparaison ne sont sans doute pas les seuls existants, mais en l’absence d’inventaires systématiques, ils suggèrent la large répartition de ce type d’objet.

Les disques épais percés alpins n’ont semble-t’il aucun lien avec les productions de lames de hache alpines. Le recours à des roches tenaces métamorphiques et l’emploi de la taille et du bouchardage pour leur réalisation ne peuvent pas être considérés comme des points communs, puisque le matériel de mouture et de broyage partage les mêmes caractéristiques. Le polissage pourrait établir un lien mais la technique est largement employée également pour la confection de parures et pour le travail de l’os. La question des disques épais percés demeure donc largement ouverte, dans l’attente de nouvelles données.