5.3 Matériaux

Les matériaux constituant les billes connaissent eux aussi de fortes variations. Les auteurs s’accordent sur le fait que le calcaire constitue le matériau de loin le plus courant. Le deuxième groupe de roches par ordre de présence (au moins seize exemplaires recensés) sont les roches tenaces. La détermination de ces roches métamorphiques n’est pas aisée, difficulté accrue par la petite taille des billes. Nos propres observations et les rares déterminations pétrographiques disponibles permettent de reconnaître deux types de roches : les serpentinites et les gabbros. Les serpentinites sont identifiées sur l’exemplaire de la grotte d’Antonnaire à Montmaur-en-Diois (n° 102-1 ; cf. annexe 9) et à La Maddalena à Chiomonte sur deux billes (n° 913-1 ; Fozzati et Bertone 1996). Les gabbros sont identifiés sur un exemplaire du Trou-Arnaud à Saint-Nazaire-le-Désert (Daumas et Laudet 1998, p. 53), et une bille des Batteries Basse à Virignin (n° 738-1) pourrait à l’oeil être un gabbro. H. Müller mentionne une bille en gabbro et une autre en «roche verte» sur le site des Terres Blanches à Menglon (n° 84-2). La distinction entre les deux (les gabbros : roches ternes ; les «roches vertes» ou «serpentines» plus vertes et brillantes) est effectuée par certains auteurs, mais la validité de telles déterminations demeure bien aléatoire (cf. liste en annexe 7). Le seul fait probant est que les auteurs ont noté la présence de billes en roches tenaces qui tranchent avec le fond commun des billes en calcaire. Sur cette base, la cartographie des sites où de telles roches sont mentionnées indique très clairement une relation avec le bassin du Rhône et les Alpes (carte 32). Elles sont en effet présentes sur près d’un site sur deux dans la zone de concentration décrite plus haut ; un exemplaire est mentionné près de Montpellier à Teyran/Monbeyre-la-Cadoule (n° 10), mais elles sont absentes du Languedoc occidental, des Causses et du Quercy. La relation avec les Alpes peut donc être posée, tout en sachant qu’il ne s’agit probablement pas de diffusions d’objets sur de grandes distances : les serpentinites et les gabbros sont fréquents dans les dépôts alluviaux du bassin du Rhône, et le volume de roche nécessaire à la fabrication d’une bille est compatible avec de très petits galets. Nous pouvons écarter l’hypothèse d’un remploi de fragments de lames de hache, puisque jusqu’à preuve du contraire les éclogites ne sont pas utilisées : serpentinites et gabbros sont beaucoup moins durs et, joint à leur relative abondance dans les alluvions, ce fait peut expliquer le choix des Chasséens.

Les autres matériaux employés, beaucoup plus rares, sont :

Les matériaux autres que le calcaire ne sont jamais prépondérants sur les sites où plusieurs billes ont été retrouvées. Ils constituent au contraire un panachage pour des assemblages qui comportent en majorité des billes en calcaire, complément qui ne peut être fortuit dans la mesure où les billes en calcaire sont de couleurs de tonalités blanches ou grises, tandis que les autres roches et les terres cuites présentent des couleurs plus franches et contrastées. Le fait est probant à Piolenc, avec onze billes dont une en grès et une en «roche verte» ; à la grotte Murée à Montpezat, avec quatre billes en «roche verte» sur neuf, il est vrai toutes découvertes dans une seule couche (couche 8), les autres étant dans les couches 9-10 (un exemplaire en calcaire) ou hors stratigraphie ; au Trou Arnaud à Saint-Nazaire-le-Désert, une bille en gabbro pour quatre en calcaires divers ; à Menglon/Terres Blanches, une bille en gabbro et une en «roche verte» pour trois en calcaire. La grotte de Montou forme exception puisqu’elle a livré quatre billes dites en marbre mais qui sont de toute manière de couleur blanche ou grise ; peut-être existe-t’il une relation avec le fait que ces billes sont les plus anciennes attestées, en probable contexte Montbolo.