5.5 Contextes

Les contextes de dépôt pourraient nous aider à progresser sur cette question. Ils sont hélas très rarement connus, faute de découvertes bien calées et à cause de la difficulté à caractériser les fonctions des sites (cf. chapitre 6). Plutôt que de spéculer sur ces dernières, relevons les cas de contextes particuliers. A Menglon/Terres Blanches, H. Müller souligne le fait que les cinq billes ont été découvertes «sur le point qui a fourni le plus grand nombre de céramique et la moitié des fragments d’obsidienne, soit sur 10 ou 12 mètres carrés» (Müller 1930, p. 16), avec six petits galets arrondis de mêmes dimensions que les billes et deux demi-sphères en grès et en calcaire respectivement de 5 et 8,5 cm de diamètre, dont nous ne connaissons pas d’équivalent dans notre région d’étude. Les ramassages ayant eu lieu après des défonçages agricoles profonds qui ont bouleversé cet immense site, il est permis de penser que tous ces objets proviennent d’un ensemble sinon unique, du moins cohérent et dont le caractère extra-ordinaire est net.

La probable association de billes dans les dépôts archéologiques peut être proposée pour les sites de grotte où les découvertes sont concentrées : à la grotte Murée à Montpezat, quatre billes en «roche verte» dans la seule couche 8 ; au Trou-Arnaud, cinq billes découvertes hors stratigraphie mais dans une même galerie qui a livré lors de la fouille postérieure des niveaux d’occupation du Néolithique moyen à mobilier abondant ; dans la grotte de Montou, quatre billes dans la galerie close. Les billes en contexte funéraires sont à relever : une à l’abri Moula à Soyons, dans un ensemble sépulcral à plusieurs individus ; une probable bille à Castelnau-le-Lez/Moulin de Sauret, dans la sépulture V fouillée par Perrier vers 1940 et attribuée au Chasséen (Crubézy, Mendoza et Prades 1988). Mais il n’est pas aisé d’interpréter la présence de billes auprès des morts, dans la mesure où les rituels funéraires chasséens connaissent une forte variabilité qui inclue des mobiliers funéraires diversifiés (Crubézy 1991 ; Beeching et Crubézy 1998 ; Vaquer 1998).

Un parallèle troublant peut néanmoins être établi avec une sépulture du site du Gournier à Montélimar, qui n’a pas donné de billes. L’une des inhumées de la sépulture multiple EDF6 reposait sur un sol constellé de plus d’une dizaine de cupules hémisphériques de quelques centimètres de diamètre, comblées par un sédiment plus sombre que l’encaissant (Beeching et Crubézy 1998, photo p. 155 à gauche et Beeching, comm. personnelle). La seule explication possible pour ces cupules est le dépôt avant celui du corps d’objets (hémi-?)sphériques enfoncés dans le sol : peut-être des billes en matière périssable, ou des pommes ?