Chapitre 5
Chronologie des productions et des diffusions de lames polies

Dans les chapitres 2 et 3 ont été établies les bases analytiques de la production des lames de hache, sous les aspects pétrographique, technique, morphologique et dimensionnel. Les points de synthèse effectués à l’issue de chaque étude ne tenaient pas compte des éventuelles variations chronologiques au sein du corpus, l’ensemble du Néolithique étant considéré comme un tout. Le chapitre 5 est consacré à l’étude chronologique des productions en roches tenaces alpines sous les différents aspects étudiés au préalable. La nature des sources documentaires détermine la méthode d’étude : vu la faiblesse des corpus bien datés, nous préférons dans un premier temps étudier point par point les variations diachroniques de critères précis, afin de mettre en évidence des tendances évolutives. Les variables retenues sont les matières premières, trois points techniques susceptibles d’évolution et aisément identifiables : le type de support, l’emploi du sciage et le type de polissage, en particulier le facettage ; pour la morphologie sont pris en compte les types morpho-techniques et les ciseaux. Sont ensuite abordées les questions de dimensions puis le système de production avec les sites de travail et les outils associés. Dans la seconde partie sont synthétisés les faits et hypothèses acquis précédemment, en tentant une présentation chronologique des productions de lames de hache polies replacées au sein des autres productions en roches alpines s. géogr. étudiées au chapitre 4.

Le découpage chronologique correspond à celui de la présentation chrono-culturelle (cf. p. 70-95). Chaque critère est étudié en regroupant les lames polies selon quatre périodes : Néolithique ancien, Néolithique moyen I et II et Néolithique final, ce qui permet de constituer des corpus de validité statistique discutée au cas par cas mais généralement recevable. Il faut néanmoins souligner que la grande hétérogénéité géographique et chronologique dans la répartition des sites conduit à étudier des assemblages d’objets provenant de sites parfois distants dans le temps et l’espace et regroupés dans des tiroirs chronologiques encore trop schématiques. Néanmoins, au fil de l’étude nous revenons quand cela est nécessaire ou possible à des assemblages plus serrés (petite région, site) qui permettent de préciser des points particuliers. Mais si la distance géographique et culturelle entre deux sites ou régions est connue ou appréciable, le problème de la résolution chronologique demeure entier. Pour cette raison, le découpage périodique adopté tient compte à la fois de l’état des connaissances et des polarisations chrono-culturelles effectuées par les archéologues que nous cherchons à reconnaître dans les productions de lames de hache alpines. De ce fait, les incertitudes chronologiques ne constituent pas un obstacle insurmontable dans la mesure où nous ne cherchons pas à mettre en évidence des événements ponctuels ni des micro-évolutions mais des tendances historiques de longue portée et à grande échelle géographique.