1.1.5 L’Age du Bronze ancien

Par contraste, la fin de l’emploi des lames de hache en pierre polie apparaît brutale puisque nous n’en connaissons aucune dans notre corpus qui puisse être attribuée de manière sûre à l’Age du Bronze ancien. Les trois sites qui ont livré des lames de pierre polie dans des contextes décrits comme Bronze ancien sont tous sujets à critique.

Aux Balmes à Sollières (n° 547-1), trois lames de hache proviennent des niveaux Bronze ancien qui remanient de manière évidente les niveaux sous-jacents du Néolithique final (étude inédite, J. Vital et personnelle). Nous les avons donc intégrées au mobilier du Néolithique final. Sur le site Bronze ancien de Chabrillan/Saint-Martin 3 dans la basse vallée de la Drôme (n° 29-2), une lame polie provient de la structure 13C1 datée du Bronze ancien ; le site ayant livré également des occupations chasséennes, dont une structure avec une lame polie (cf. supra), il est probable que la pièce en contexte Bronze ancien soit en fait chasséenne. Dans la grotte de Peyroche II à Saint-Alban-Auriolles en basse Ardèche (n° 224-1), onze lames polies ont été découvertes dans la couche 4 attribuée au Bronze ancien ; elles sont néanmoins placées à la base de la couche en contact direct avec le Néolithique final et nous les avons considérées comme appartenant au Néolithique final (Roudil et Saumade 1968). Un cas de figure différent est présenté par le site d’habitat Campaniforme et Bronze ancien de Roynac/le Serre 3 récemment fouillé en Valdaine (Vital, Brochier et alii 1999), où un fragment de roche tenace repoli pour une fonction indéterminable, mais qui ne peut être une lame de hache, provient d’une surface rattachable au Bronze ancien (pl. 173 ; Vital, comm. orale). L’intérêt de l’objet vient du fait que la roche est une éclogite : il s’agit donc d’un fragment de lame de hache retravaillé pour un usage indéterminable.

Au vu de ces données, nous n’avons aucun fait tangible pour soupçonner l’existence de productions de lames de hache, en éclogite ou en autres roches, après le Campaniforme. Mais il est vrai que les sites du début du Bronze ancien sont particulièrement rares dans les Alpes occidentales et le bassin du Rhône : il serait douteux que les lames de hache en pierre polie disparaissent aussi subitement, mais les données sont trop lacunaires pour apprécier le phénomène. Néanmoins, selon P. Corboud (comm. personnelle), des productions de lames de hache pourraient être datées du Bronze ancien dans le Léman : trois lames de hache en roches tenaces ont été récoltées en surface de la station Bronze ancien de Préverenges-Est (Corboud 1992) ; quatre autres proviennent de niveaux en place du Bronze ancien de Morges/les Roseaux (Corboud et Pugin 1992). Si la datation archéologique, au moins dans le deuxième cas, ne peut être remise en doute, la présence à faible distance de stations littorales du Néolithique final permet de poser la question de remplois au Bronze ancien d’objets fabriqués au Néolithique final. De plus, un hiatus de 650 ans environ existe entre les occupations littorales les plus récentes du Néolithique final et les plus anciennes du Bronze ancien, tant sur le Léman que sur le lac de Neuchâtel (ibid. ; Wolf, Burri et alii 1999). Néanmoins, les lames de hache du Léman présentent de nombreuses originalités (cf. infra) ; la perduration de productions en roches tenaces dans un Bronze ancien avancé ne saurait surprendre outre mesure.