La classification morpho-typologique proposée au chapitre 3 permet d’appréhender de manière synthétique l’évolution des formes des lames de hache (fig. 49). Là encore, une rupture est nette à partir du Néolithique moyen II. Pour l’ensemble des roches, le Néolithique ancien est caractérisé par la dominance (deux tiers) du type A à section ovalaire longuement bouchardée (cf. fig. 28), où le polissage tient une place importante (types A3 et A4 dominants au sein du type A). Au Néolithique moyen I, toutes les lames de hache identifiables sont de type A, dont près de 80 % pas ou peu polies après le bouchardage (types A1 et A2). Au Néolithique moyen II au contraire, le type A occupe moins de 40 % des lames de hache, au profit surtout du type C surtout employé pour les roches «valaisannes», et des types B et D. L’importance croissante du façonnage par polissage se retrouve au sein du type A où les sous-types A3 et A4 -polissage dominant le bouchardage antérieur- atteignent un tiers de l’effectif contre un petit quart à la période précédante. La tendance se renforce légèrement au Néolithique final pour le type A où A3 et A4 constituent plus de la moitié des objets, tandis que les types B (pièces bouchardées sur les côtés et polies sur les faces) et D (éclats pas ou peu polis) prennent une place plus importante. La tendance générale est la même pour les seules éclogites (fig. 49, bas), avec une croissance plus régulière des types autres que A à partir de la dominance absolue du Néolithique moyen I. D’une manière générale, il semble que l’évolution chronologique des types morphologiques, tout comme celle des roches, ne soit pas univoque mais subissent des contraintes qui déterminent pour chaque phase un assemblage particulier. De fait, le Néolithique ancien semble être placé en-dehors d’une évolution qui débute au Néolithique moyen I par la prédominance du type A et se poursuit de manière régulière (surtout pour les productions en éclogites) par la décroissance de ce type au cours du temps au profit des types où le polissage est primordial. Traduite en termes purement morphologiques, cette tendance est celle d’un passage progressif de formes triangulaires à section ovalaire à des formes et des sections plus quadrangulaires, tendance déjà relevée en Italie du Nord (Venturino-Gambari 1996). Mais il faut insister sur le fait que ces transformations de forme sont le résultat de mutations dans l’emploi des techniques de façonnage. Si l’intention de produire de nouvelles formes est consciente, elle s’accompagne de nouveaux choix de façonnage, sans qu’il soit possible de dire à ce stade où se situent les causes et les conséquences.
Tous les types pour toutes les roches | ||||||||
type morphologique | Néo. ancien | Néo. moyen I | Néo. moyen II | Néo. final | ||||
A | 11 | 15 | 42 | 53 | ||||
B | 1 | 10 | 19 | |||||
C | 3 | 44 | 33 | |||||
D | 1 | 9 | 20 | |||||
F | 2 | 3 | ||||||
total déterminés | 16 | 15 | 107 | 129 | ||||
indéterminés | 3 | 10 | 24 | 46 | ||||
TOTAL | 19 | 25 | 131 | 175 | ||||
Type A pour toutes les roches | ||||||||
type morphologique | Néo. ancien | Néo. moyen I | Néo. moyen II | Néo. final | ||||
A1 | 4 | 4 | 7 | |||||
A2 | 2 | 3 | 17 | 11 | ||||
A3 | 2 | 1 | 7 | 12 | ||||
A4 | 3 | 1 | 4 | 9 | ||||
TOTAL | 7 | 9 | 32 | 39 | ||||
Tous les types pour les éclogites | ||||||||
type morphologique | Néo. ancien | Néo. moyen I | Néo. moyen II | Néo. final | ||||
A | 8 | 11 | 30 | 25 | ||||
B | 1 | 7 | 12 | |||||
C | 1 | 9 | 22 | |||||
D | 1 | 2 | 6 | |||||
F | 2 | |||||||
total déterminés | 11 | 11 | 48 | 67 | ||||
indéterminés | 1 | 8 | 8 | 18 | ||||
TOTAL | 12 | 19 | 56 | 85 |