1.4.7.1 Les lustres de frottement

Le jeu même minime de la lame polie dans la mortaise du manche ou de la gaine lors de l’utilisation produit à la longue la formation d’un lustre plus ou moins brillant sur les points de contacts, lustre identifiable à la loupe binoculaire voire à l’oeil nu quand il est intense. Lorsque l’objet est patiné, le lustre est parfois difficile à distinguer. Il peut être d’importance variable, présent de manière marginale sur les angles de liaisons entre les faces et les côtés, sur la partie proximale, ou au contraire se développer largement sur le corps de la lame polie (ex : pl. 1 n° 6). Nous ne pouvons donc que constater sa présence qui atteste que la lame polie a été emmanchée. Des lustres ont été identifiés sur 195 lames polies, soit 9,9 % des 1969 pièces achevées que nous avons observé. Cette proportion est relativement modeste, comparée aux effectifs relevés sur les sites lacustres d’Auvernier, où 26 % des pièces des niveaux Cortaillod et 18 % de celles du Lüscherz présentent un lustre (Buret 1983, p. 150). Dans notre corpus, 34 lames polies lustrées proviennent de sites datés. Le pourcentage total de 9,6 % (34 sur 355 pièces attribuées) est très proche du pourcentage de toutes les lames polies. Au Néolithique moyen I, II et au Néolithique final, les taux de présence des lustres respectivement de 8, 9,1 et 7,8 % (2, 12 et 14 objets) peuvent être considérés comme équivalents, alors qu’au Néolithique ancien le taux de présence est de 31,6 % (6 objets sur 19). Cette sur-représentation est peut être due à un biais statistique, les effectifs du Néolithique ancien étant très faibles. Son interprétation en termes archéologiques est donc délicate.