1.4.7.2 Les reprises de bouchardage

Il n’est pas toujours aisé de distinguer les reprises de bouchardage destinées à faciliter un emmanchement de celles destinées à refaçonner le corps de la lame de hache. Il est probable que la surface rugueuse générée par le bouchardage facilite l’adhésion de la lame dans la mortaise ou dans la pince de l’emmanchement. De ce fait, les reprises de bouchardage qui ne sont pas liées à une action de façonnage d’une lame endommagée peuvent avoir trois fonctions : dans le cas d’un changement de manche ou de gaine suite à un accident, un bouchardage circonscrit permet de modifier légèrement la forme du corps de la lame pour une adaptation optimale à son nouveau réceptacle ; dans le cas d’un polissage total du corps, il permet de créer des zones rugueuses pour l’adhérence, par exemple sur les angles formés par les arêtes des facettes ; lorsqu’un lustre de frottement trop important s’est développé, une reprise de bouchardage permet de redonner de la rugosité aux surfaces.

Dans notre corpus, 61 cas de reprises de bouchardage non consécutives à des cassures de la lame ont été identifiés, soit 3,1 %. Quatre types peuvent être distingués sur la base de l’importance et de la répartition des reprises :

Pour être complet, il convient de rappeler l’existence des anneaux bouchardés postérieurs au polissage (cf. p. 195). Leur configuration permet de leur attribuer une fonction -au moins théorique- de matérialisation et de fixation d’un système d’emmanchement (par exemple, pl. 125), mais le soin apporté à leur réalisation indique en plus leur valeur de symbole (cf. chapitre 7).

L’examen de la répartition chronologique de ces reprises de bouchardage ne permet pas de mettre en évidence de variations significatives, mais les effectifs sont des plus réduits. Seules 16 des 355 lames polies datées présentent de telles reprises, soit 4,5 %. Elles sont absentes du Néolithique ancien et moyen I, période pour lesquelles les effectifs totaux sont faibles (19 et 25 lames polies). Elles connaissent entre le Néolithique moyen II et le Néolithique final un certain accroissement, passant de 3,8 % (5 sur 132) à 6,1 % (11 sur 179) de présence, sans qu’il soit possible de fournir une explication satisfaisante à cette évolution relativement modeste.