2.2.2 Relation entre l’implantation du site et le nombre de lames polies

Une revue bibliographique rapide permet de voir très vite que le nombre de lames polies découvertes sur les habitats de bords de lac suisses est toujours important, dépassant souvent plusieurs centaines de pièces pour des occupations relativement brèves dans le temps. Les sites terrestres du Plateau Suisse étant mal connus, il est malaisé de savoir si cette surabondance correspond à un fait de valeur régionale où s’il s’agit d’une spécificité lacustre. Le site de hauteur de Schiffenen, non loin du lac de Neuchâtel, a livré 42 lames de hache dont 25 ébauches, ainsi que 92 percuteurs en «roches vertes» et sept polissoirs (Ramseyer 1992). L’abondance du mobilier poli semble ici directement liée à la fabrication sur place et ne permet pas de comparer avec les habitats riverains de bord de lac.

Disposant dans notre région d’étude de sites terrestres et lacustres en nombre conséquent, nous avons testé la pertinence du paramètre site lacustre/site terrestre dans l’abondance des lames polies. La répartition comparée des effectifs montre effectivement une nette différence (fig. 64), bien que le nombre de sites de milieux humides soit en-dessous du seuil statistique (18) : 44 % d’entre eux ont au moins sept lames de hache, contre 17 % pour les sites terrestres. Les maxima, non décomptés dans ces graphiques, sont atteints par les sites du lac Léman, en particulier ceux de la baie de Genève intensivement «exploités» au XIXème siècle dont les séries conservées se comptent par centaines d’individus (environ 140 pour Bellevue, n° 801-1, pl.57 à 59 et environ 250 pour Genève/Eaux Vives, n° 803-1, pl. 70 à 76). Néanmoins, la grande variabilité du nombre de lames polies présentes sur les sites de milieux humides ne permet pas de faire de ce critère l’explication unique du nombre élevé de lames polies sur un site.